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Barcelone-Atlético - analyse : Le Barça a du pain sur la planche pour aller en demi-finales

Florent Toniutti

Mis à jour 02/04/2014 à 14:20 GMT+2

Le choc 100% Liga de ces quarts de finale de Ligue des champions n’a pas déçu. Tenu en échec par un Atletico toujours aussi bien en place, le Barça s’est même retrouvé en grand danger après un chef d’oeuvre de Diego. Mais un coup d’accélérateur à 20 minutes de la fin, symbolisé par l’entrée en jeu de Sanchez, lui a permis de limiter les dégâts.

Barcelona's Neymar (L) is congratulated by teammates Jordi Alba (C) and Andres Iniesta after scoring a goal against Atletico Madrid during their Champions League quarter-final first leg soccer match at Camp Nou stadium in Barcelona April 1, 2014. REUTERS

Crédit: Eurosport

Le Barça devra réaliser une très grosse performance pour aller chercher dans une semaine une qualification pour les demi-finales de Ligue des champions face à cet Atlético-là. C’est la quatrième fois de la saison que les deux formations se retrouvaient cette saison (Supercoupe d’Espagne x2 et Liga) et une question se posait côté Atlético : quel système allait choisir Diego Simeone pour cette nouvelle confrontation : le 4-5-1 vu en tout début de saison ou le 4-4-2 proposé au mois de janvier ? L’ambiguité a été vite levée puisque le club madrilène s’est retrouvé en 4-4-2 sur la première phase de possession adverse.
En face, aucune surprise ni absence n’était à signaler. Tata Martino a reconduit le onze-type qui est allé chercher une victoire spectaculaire sur la pelouse du Real Madrid il y a dix jours. En attaque, Neymar et Iniesta encadraient Messi. Chez les Colchoneros, une absence était tout de même à noter : celle de Mario Suarez, remplacé par l’ancien Lyonnais Tiago dans l’entrejeu.

Le facteur Pinto

Au coup d’envoi, l’Atlético parvient à surprendre le Barça et s’accorde quelques minutes dans le camp adverse. Comme d’habitude avec les Colchoneros, l’animation fait la part belle à l’utilisation des couloirs. Arda et Koke tiennent le ballon et bénéficient des mouvements des latéraux sur les extérieurs, et des attaquants dans l’axe pour lancer les actions. A défaut de gêner réellement la défense du Barça, l’Atletico annonce la couleur en accompagnant chaque balle perdue d’un pressing intense autour de l’adversaire auteur de la récupération.
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José Manuel Pinto (Barça)

Crédit: Panoramic

Organisant ses attaques sur demi-terrain, l’Atletico compte sur les milieux à l’opposée de l’action (ex : Koke et Tiago en cas d’attaque côté Arda-Juanfran) pour bloquer la première passe catalane dans l’axe. Le travail se poursuit aussi jusqu’à Pinto, beaucoup plus faible dans le jeu au pied que Victor Valdes. Lorsque le Barça doit repasser par son gardien, Diego Costa et Villa coupent les solutions Piqué et Mascherano (excentrés) ; dans l’axe, Gabi et/ou Tiago jaillissent sur les décrochages de Busquets, Xavi ou Fabregas. Koke et Arda encadrent ce pressing en se positionnant à l’intérieur du terrain.
Les Colchoneros se créent de cette manière l’une des plus grosses occasions de la partie. Poussé la faute, Pinto relance directement sur Arda. Après quelques relais, le ballon arrive sur Villa, dont la frappe passe à quelques centimètres du montant gauche du portier blaugrana (5e). A chaque fois que le ballon reviendra dans le dernier tiers du terrain, les hommes de Simeone feront tout pour recréer ce genre de situations et mettre Pinto en difficulté. A n’en pas douter une facette que l’on retrouvera au match retour.

L’Atlético boucle l’axe

Evidemment, ce pressing intense de l’Atletico n’est effectué que par à-coups et les Colchoneros passent la majeure partie de leur temps dans leur moitié de terrain. Dès que le Barça parvient à ressortir le ballon de ses 25 derniers mètres, le bloc madrilène fait tout pour ralentir les sorties de balle, forçant des transmissions latérales afin de laisser le temps aux onze joueurs de se retrouver derrière le ballon. Evidemment, dès que le Barça passe sur ces phases de jeu – notamment par des combinaisons entre Iniesta, Fabregas et Alba -, le danger n’est pas loin pour la défense.
Mais généralement, lorsque le Barça approche de la ligne médiane, il se retrouve face à un 4-4-2 bien compact dans l’axe. En première ligne, Diego Costa et Villa se positionnent par rapport à Sergio Busquets et protègent la paire Gabi-Tiago dans l’axe du milieu de terrain. Comme face au Real Madrid, Arda et Koke sont agressifs face aux milieux de terrain qui récupèrent le ballon devant leurs zones (Iniesta, Xavi, Fabregas voire Messi). En début de partie, cela oblige les créateurs du Barça à beaucoup décrocher pour sortir de cette zone-press, qui s’arrête au niveau de Diego Costa et Villa.
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Diego Costa, durante el Barcelona-Atlético de Madrid

Crédit: EFE

La densité proposée par l’Atletico dans l’axe est telle que les Blaugranas sont repoussés sur les extérieurs : à gauche avec Iniesta et Jordi Alba, à droite avec Neymar et Daniel Alves. Les duos sont respectivement bloqués par Juanfran-Arda et Koke-Filipe Luis à droite. Dans l’axe, la paire Gabi-Tiago coulisse afin d’être présente sur les solutions que pourraient proposer Messi ou Fabregas à l’intérieur du terrain. En premier rideau, Diego Costa et Villa suivent la circulation de balle du Barça, et se positionnent afin d’empêcher les joueurs soutenant les triangles construits sur les ailes (Xavi-Busquets) d’aller de l’avant.
Bilan de cette opposition tactique, le Barça joue très latéral mais ne parvient pas à aller de l’avant. Le ballon remonte par un côté du terrain. Un triangle fixe la défense madrilène, qui bloque la profondeur grâce au marquage efficace de ses latéraux. Le ballon ressort du couloir. Villa et Diego Costa compliquent la distribution du jeu et celui-ci est envoyé côté opposé où les joueurs de couloir tentent de faire la différence. A chaque changement de jeu, le Barça gagne une quinzaine de mètres… jusqu’à l’entrée de la surface de réparation où l’Atletico récupère le ballon.

Sergio Busquets s’est régalé dans ses duels face à Villa et Diego Costa

Le schéma le plus classique part d’une fixation côté gauche (mobilité d’Iniesta, Fabregas…) et finit à droite par les dribbles de Neymar ou les centres d’Alves (Koke averti pour une faute sur Neymar, 19e – Xavi pour Neymar, arrêt de Courtois, 23e – Alves pour Messi, arrêt de Courtois, 41e – Neymar de loin, 44e). Dans un tel système, l’impact de Messi est quasiment nul. Les rares combinaisons lancées dans le coeur du bloc madrilène n’aboutissent pas, la faute à la compacité du bloc adverse et à la bonne protection de la charnière Godin-Miranda.
Si Thibaut Courtois n’est pas vraiment inquiété durant la première période, son équipe encaisse tout de même le contre-coup de son choix tactique. En défendant à onze derrière le ballon, et avec deux attaquants-appuis censés rester dans l’axe pour aider aux sorties de balle, l’Atlético facilite la tâche de Sergio Busquets. En couverture, le récupérateur du Barça – parfois aidé par Mascherano – s’est régalé dans ses duels face à Villa et Diego Costa (puis par Diego) et a récupéré un grand nombre de ballons tout au long de la partie.
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Barcelona's Sergio Busquets celebrates after scroing a goal against AC Milan during their Champions League soccer match at Nou Camp stadium in Barcelona Novenber 6, 2013 (Reuters)

Crédit: Reuters

La blessure de Diego Costa, remplacé par Diego à la demi-heure de jeu, modifie toutefois cette opposition. En tant que milieu, le Brésilien redescend plus bas et sort de la zone de Busquets. Il peut ainsi orienter le jeu plus rapidement sur les côtés pour faciliter les remontées de balle… qui doivent toutefois ensuite résister au déplacement de l’ensemble des milieux catalans – et donc de Busquets – pour boucler le couloir. Avant la pause, l’Atlético s’offre une nouvelle phase de jeu dans le camp adverse avant des minutes plus heurtées (Gabi et Arda avertis, 38e et 44e).
Après une dernière occasion de Villa (sur un long ballon face à Bartra), les deux équipes se séparent sur un score nul et vierge qui fait les affaires des visiteurs. Bien en place, ces derniers ont été les plus dangereux malgré la maîtrise technique et territoriale apparente du Barça. Les Catalans ont toutes les peines du monde à manoeuvrer le bloc adverse lorsque celui-ci est replié. Seules quelques remontées de balle rapides, permises notamment par Iniesta et Alba côté gauche, et des ballons de récupération bien négociés (Busquets) semblent en mesure de mettre en difficulté les Madrilènes.

Seconde période : Signe que le temps presse, Messi redescend très bas pour toucher le ballon

Après la pause, le match reprend sur le même rythme. Les gauche-droite (et droite-gauche) continuent côté barcelonais et les Colchoneros reculent mais restent souverains dans leurs trente derniers mètres. Neymar se signale quand même par ses dribbles et sa capacité à éliminer ses adversaires en un-contre-un, ce qui peut immédiatement créer des décalages dans l’organisation madrilène (49e). Finalement, le match change de physionomie sur un exploit individuel, mais côté madrilène signé Diego (56e). Le milieu obtient un coup-franc dans l’entrejeu suite à une faute d’Iniesta. Celui-ci est vite joué par Gabi qui lui rend le ballon : surprenant tout le monde, il expédie une frappe imparable dans la lucarne de Pinto.
L’heure de jeu approche et le Barça se retrouve dos au mur. Signe que le temps presse, Messi redescend très bas pour toucher le ballon et se mettre dans le sens du jeu. Mais à l’inverse du dernier Clasico, il est cette fois très bien contenu par l’opposition madrilène. Pour forcer la décision, Xavi joue lui aussi plus haut : laissant Busquets seul en couverture, il s’intercale entre l’attaque et le milieu madrilène pour offrir des solutions lorsque les ballons ressortent des couloirs.
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Messi y Tiago pelean un balón en el Barcelona-Atlético de Champions League

Crédit: AFP

De son côté, Tata Martino prépare ses changements : Neymar passe à gauche et obtient un coup-franc dangereux pour une faute de Juanfran. Courtois réalise sa première véritable parade sur une frappe lointaine de Busquets (64e). Un tir qui marque le début du temps fort barcelonais. Sanchez remplace Fabregas et rééquilibre le 4-3-3 du Barça en se positionnant sur l’aile droite (68e). Conséquence : Iniesta se retrouve définitivement au milieu de terrain.

Et Iniesta lance Neymar dans le dos de Juanfran...

Ce rééquilibre entraîne un changement tactique côté Atletico Madrid. Avec désormais deux véritables menaces sur les ailes (Sanchez, Neymar), Diego Simeone passe en 4-5-1 afin de mieux contrôler la largeur et les couloirs. L’objectif est de protéger Filipe Luis et Juanfran, qui abandonnent leur marquage serré afin de ne pas prendre le risque d’être pris dans leur dos ou par une incursion à l’intérieur de Messi ou Iniesta. Sosa (remplaçant de Villa, 70e) et Arda Turan se retrouvent ainsi dans les couloirs, à droite et à gauche. Cette évolution tactique était sans doute prévue dans le plan de jeu initial : le 4-4-2 a jusque-là permis de contrôler le rôle de faux-ailier d’Iniesta côté gauche et ses mouvements à l’intérieur du terrain.
Problème : ce système affaiblit la première ligne de l’Atletico Madrid. A tour de rôle, et en fonction de la circulation de balle adverse, les milieux colchoneros doivent désormais sortir de leur ligne de cinq pour compléter le travail de Diego, désormais seul en pointe après la sortie de Villa. Une minute plus tard, le 4-5-1 explose sur un énième ballon "recyclé" par Busquets à 40 mètres des buts de Courtois. Le ballon est récupéré par Iniesta qui voit Tiago partir à sa rencontre. Mais l’ancien Lyonnais est trop loin, et l’intervalle est trop beau pour le Barcelonais qui lance Neymar dans le dos de Juanfran (1-1, 71e).
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Neymar, Iniesta ve Messi gol sevinci yaşıyor

Crédit: Resmi Siteden Alınmıştır

Après ce but, le Barça pousse pour prendre l’avantage mais se heurte à un Courtois impeccable sur sa ligne (Iniesta, 74e). Diego Simeone réalise alors son dernier changement avec l’entrée en jeu de Rodriguez à la place d’Arda Turan (78e). L’Uruguayen prend place en première ligne aux côtés de Diego, laissant Koke retrouver le flanc gauche et Sosa le droit. L’intensité baisse alors que l’Atletico retrouve son schéma de jeu initial en 4-4-2. Logiquement, Barcelone insiste sur les ailes et obtient plusieurs corners dans le money-time (plus d’espaces sur les extérieurs après ce nouveau changement tactique des Madrilènes) mais n’en convertit aucun.
A la "mi-temps" de ce quart de finale, c’est bien l’Atletico qui sort du Nou Camp dans la position du qualifié. Mais le chemin est encore long, et le Barça risque de reprendre le match au Calderon comme il l’a terminé mardi soir.
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