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Real Madrid : Pas si vite pour tirer sur Carlo Ancelotti

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 02/10/2013 à 13:45 GMT+2

Carlo Ancelotti suscite le scepticisme de tout le Madridisme. Les journaux le lâchent déjà. Erreur et impatiences, selon notre blogueur François David.

Ça a commencé par ce que l´on appelle en Espagne un  “runrun” (prononcez “rouneroune”). Une espèce de murmure, un bruit qui n'en est pas un mais qui signifie beaucoup de choses. Et en particulier une : le public n'est pas content. Le Barça (et Cesc Fabregas notamment) a connu cela l'an passé. Aujourd´hui, c'est au tour de Carlo Ancelotti de le vivre. Après trois ans de José Mourinho, où le Real est redevenu une équipe solide, prête pour les combats européens et les duels face au Barça (“le plus grand Barça de l´histoire” selon José), la grande maison blanche a confié son destin dans les mains expertes de Carlo Ancelotti. Expertes? Beaucoup semblent en douter. Dans la capitale espagnole, le “runrun” est incessant. “Pourquoi on n'y arrive pas avec l'équipe que l'on a et les millions dépensés ?”. “A quoi joue Ancelotti ?”. Ou le pire (AS) : “Ancelotti esta debil” (“Ancelotti est faible”). Messieurs-dames, bienvenue en Espagne.
Ancelotti Marca
La grande majorité des fans du Real s'attendait à autre chose. Du jeu, des buts, des talonnades, des retournés acrobatiques, des combinaisons à trois-quatre débouchant sur des actions spectaculaires. Tout ce que son subconscient lui dictait après des années de Mourinhisme. Mais sans voir que faire une telle révolution et passer d'un jeu à l'autre demande forcément du temps. Pour schématiser - car le football est bien plus complexe – il s'agit de passer d'un jeu fait de contre-attaque et verticalité à un football d'association et de conservation de balle. Mais, la maxime est connue, au football il n'y a pas de temps. Et au Real Madrid, neuf fois vainqueur de la C1 et considéré comme le club du “XXe siècle”, moins qu'ailleurs.

L'ombre gênante du Barça et de l´Atletico

Puisque l'on parle de la presse, cette dernière (forcément au courant de ce qui se passe) avance que l´ex-entraîneur de la Juventus, du Milan AC, de Chelsea et du Paris Saint Germain (excusez du peu) a dû justifier ses choix devant ses joueurs, puis devant Florentino Perez lundi dans la journée. Comme un jeune cadre à qui l'on a confié un poste trop large pour ses frêles épaules.
Madrid, la ville, les gens, la “aficion” doutent actuellement de leur équipe et de son staff technique. Car dans le même temps, ses deux ennemis tutoient les sommets. Le FC Barcelone et l'Atletico Madrid (7 victoires en 7 matches de championnat, carton plein en Ligue des champions) paraissent inarrêtables, tellement plus sûrs de leur force. Tellement plus rôdés aussi. Le Barça, avec le seul Neymar comme renfort estival, est revenu aux principes qui ont fait sa force lors de la première saison de Guardiola (alternance jeu court-jeu long ; possession de balle et verticalité). Xavi, Iniesta et compagnie n'avaient finalement qu'à se replonger dans les livres et  à repasser leurs cours. Quant à l'Atletico Madrid, son projet de jeu est connu depuis l´arrivée de Diego Simeone : un retour aux valeurs qui ont toujours fait la force des Colchoneros. Un montage parfait entre intensité-détermination-dépassement de soi-jeu direct amené intelligemment et surtout, foi incontestable envers son entraîneur.

L'Atletico, comme le Barça, n'a finalement que peu recruté. Un attaquant star – David Villa – pour remplacer numériquement Falcao et montrer que l'on a de l´ambition. Plus quelques retouches et investissement sur le futur (Guilavogui par exemple). Chacun dans leur style, Barça et Atletico ont tracé leur route tandis que le Real changeait de chemin et prenait une autre voie. Ce qui allait inévitablement entraîner des heurts. Le duel Diego Lopez-Iker Casillas (bien géré selon moi par Ancelotti avec pour chaque gardien une compétition “qui compte”), les tensions entre Benzema et le public du Bernabeu, l'altercation entre Karim et Pepe en plein derby samedi dernier, le désormais fameux “runrun” qui tombe des travées… et les premiers doutes qui surgissent, doutes confirmés par la très nette victoire de l'Atletico ce week end à un moment déjà important (0-1 à Bernabeu).

Diego Lopez est le gardien qui reçoit le plus de tirs de toute la Liga

L'un des points qui chagrine le plus le fan du Real est cette impression de fébrilité. Un sentiment de déjà vu, quand le Real des Galactiques, si brillant sur le papier, se faisait enfoncer par des équipes de niveau inférieur. L'équipe n'était pas impliquée dans sa globalité à l'époque. Il y avait un gouffre entre les artistes et les “bleus de chauffe” qui devaient faire tout le travail défensif. Il n'y avait aucune solidarité (sauf Raul et Zidane, quand ce dernier pouvait physiquement se le permettre). Ce Real était friable et encaissait beaucoup de buts. Il y avait trop d'espaces entre toutes les lignes.
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Diego Lopez Real Madrid

Crédit: AFP

Sur le début de saison, on serait enclin à penser la même chose. Madrid a encaissé au moins un but au cours des onze derniers matches. Diego Lopez est le gardien qui reçoit le plus de tirs de toute la Liga. Et l'intention louable - j'en suis le premier séduit - de voir Ancelotti mettre un artiste au poste de milieu défensif (Modric, Illaramendi en attendant Xabi Alonso), un peu dans le style du Milan AC du début des années 2000 avec Andrea Pirlo, est en train de se perdre dans les méandres du résultat. A l´époque de José Mourinho, il y avait moins d'ambition, mais le projet de jeu était clair. Pour tout le monde. Physiquement au dessus, tactiquement discipliné (au moins les deux premières saisons), le Real écrasait ses adversaires. C'était le projet pour remporter la “Decima”. Mais cela n'avait pas fonctionné non plus.

A Zidane de parler

Je pense que Carlo Ancelotti réussira. Je ne cesse de le répéter dans la presse écrite, les stations de radio où j'interviens, sur twitter… Le bonhomme a de l'expérience, du tact, la maîtrise des circuits dits politiques (“Florentino Perez est l'homme le plus important du Real” a-t-il encore glissé hier en conférence de presse). Il aurait voulu garder Ozil, qui aurait été si important dans le 4-3-3 qu'il tente d´installer. Il n'y peut rien si le transfert de Gareth Bale a pris du temps et que le Gallois, qui s'est finalement peu préparé cet été pour le défi de sa vie, ne cesse de rechuter physiquement. La perte de moral d'Illaramendi au bout de quelques jours n'était pas prévisible non plus. Quant à Benzema, Ancelotti s'est rendu compte un peu trop tard que les millions accumulés sur son compte en banque lui suffisaient désormais amplement. Et que le jeune Lyonnais n'avait plus rien à voir avec ce garçon ambitieux qui avait dit un jour aux Coupet, Juninho, Tiago ou Fred qu'il allait “prendre leur place”.

Cela fait beaucoup pour un seul homme. Alors imaginez dans le contexte ultra-médiatisé du Real… La chance d'Ancelotti et du Real a un nom : Zinédine Zidane. L'un des plus grands joueurs de l'histoire et la caution morale d'Ancelotti chez les Merengue. L'homme qui observe pour le moment mais qui va parler. Bientôt sans doute, histoire de calmer les colères. Quand Zidane s'exprime (c'est rare), tout le monde écoute. Quand il enfile le short aux entraînements, à plus de 40 ans, tout le monde regarde et savoure, y compris les meilleurs comme Cristiano Ronaldo. Si les choses se passent mal dans les dix jours, Zidane doit parler, dire que ce qui est fait actuellement va dans la bonne direction. Zizou a accepté de s'asseoir sur le banc parce qu'Ancelotti venait. Le sauveur de la nation en 1998 a une certaine idée du jeu et il connaît parfaitement le Real. Il doit montrer qu'Ancelotti ne se trompe pas. S'il garde le silence, forcément, tout le monde se posera plus de questions.
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