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Real - AS Rome : El Shaarawy, la momie de Monaco est sortie de son sarcophage

Didier Balayer

Mis à jour 08/03/2016 à 21:05 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - Inexistant à Monaco, Stephan El Shaarawy revit depuis son départ à Rome. Résultat : un Pharaon tout neuf (9 ?) qui tentera ce mardi soir de réaliser l’exploit en terre madrilène. Enjeu pour l'AS Rome : une qualification en quarts de finale de la Ligue des Champions.

Stephan El Shaarawy (AS Rome)

Crédit: AFP

C’est l’histoire d’une triste idylle… D’un côté, un Pharaon en besoin d’affection constante. De l’autre, un club globalisé quelque peu indifférent, une institution sourde aux sirènes lancinantes et louvoyantes de son attaquant. Une indifférence notamment incarnée par le coach de l’AS Monaco, Leonardo Jardim, lequel n’a pas saisi le particularisme de El Shaarawy.
Question de feeling, de personnalité aussi… "Tout le monde a besoin d’amour", insiste-t-on à la Turbie comme pour expliquer l’échec de l’ancien prodige du Milan AC qui a eu quelques soucis de compatibilité avec le technicien portugais. "Oui, Stephan a besoin d’amour, d’attention, nous confie l’agent du joueur Federico Pastorello. Il faut savoir le prendre, notamment au niveau de la psychologie. En fait, c’est quelqu’un qui a besoin de se sentir aimé pour tout donner et être performant. Quand il est sur le terrain, il a besoin d’un coach qui croit en lui. C’est ce qui se passe avec Luciano Spalletti. Tout simplement…"
Oui mais sur les hauteurs de la Principauté, on a tout de même un peu de mal à comprendre la soudaine transformation de l’international italien (17 sélections). Une mue qui se matérialise d’ailleurs dans les faits puisque depuis son départ (forcé) de l’ASM, l’attaquant formé à Gênes cartonne. La preuve ? Cette ligne de statistique incroyable avec notamment cinq buts et une passe décisive lors de ses six matches disputés en Serie A.

Il avait encore besoin de temps

De quoi sérieusement s’interroger sur les méthodes du staff de l’ASM alors que le joueur aux origines égyptiennes a trop souvent été décevant sous le maillot siglé de la diagonale. D’où cette sensation d’étonnement pour les suiveurs de la Principauté… "Personnellement, je ne suis pas surpris par ce qu’il démontre actuellement, nuance Pastorello, résident Monégasque, et ancien président délégué de l’OGC Nice au début des années 2000. D’ailleurs, personne ne peut mettre en doute les qualités de Stephan, c’est impossible (catégorique) ! Mais seulement à Monaco, il sortait de deux saisons difficiles avec beaucoup de blessures. Il avait donc besoin de plus de confiance. Pour être aussi performant qu’à l’AS Rome, je pense qu’il lui aurait fallu sept ou huit matches d’affilée avec Monaco. Ça lui aurait permis de trouver son rythme, mais il n’a pas eu cette chance, parce que l’entraîneur procédait à un turn-over continuel. Mais avec Spalletti, cela a été différent, puisqu’il lui a donné cette opportunité de débuter des rencontres. En fait, il lui a donné de la sécurité. Ensuite, le talent a fait la différence".
Un laps de temps supplémentaire que les décideurs monégasques ne lui ont pas finalement accordé. Rigoureusement pragmatique, Vadim Vasilyev, encouragé par le staff technique de Jardim, tranche et décide alors que l’aventure monégasque de l’Italien doit s’arrêter après le match disputé contre Troyes (0-0 le 19 décembre). Sa 24e apparition avec l’ASM…
Ce sera la dernière sous le maillot rouge et blanc puisqu’en vertu d’une clause négociée avec le Milan AC, le fait de jouer 25 rencontres rendait alors obligatoire l’achat du joueur pour un montant estimée à 15 millions d’euros. Garant de l’investissement du président milliardaire Dmitry Rybolovlev, Vadim a donc dit niet. Peu satisfait du rendement et des performances de l’attaquant, l’état-major de l’AS Monaco n’a pas souhaité prendre plus de risque.
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Stephan El Shaarawy, l'attaquant de l'AS Monaco - Ligue 1 2015-2016

Crédit: Eurosport

Dans le football professionnel, la réalité, c’est d’abord celle du terrain
D’autant que le salaire jugé "pharaonique" par certains (3,5 millions net par an) représentait également un écueil supplémentaire pour un joueur qui n’a finalement jamais marqué en L1 (24 matches, trois – petits – buts en Coupe d’Europe). "Mais Monaco lui a donné du temps de jeu, insiste une source proche du club. De l’amour ? Mais Jardim lui en a également offert, puisqu’il l’a fait jouer. Dans le football professionnel, la réalité, c’est d’abord celle du terrain. Le reste c’est de la littérature (sourires)".
Seulement à Monaco, ce n’est pas toujours évident de s’acclimater rapidement. Car malgré les images d’Epinal qui affleurent de façon évidente (casino, french riviera, boites de nuit...), évoluer en Principauté, c’est aussi s’accommoder d’une ville et d’un club sans pression populaire. Cette saison, les joueurs de la Principauté se sont parfois produit devant quelques milliers de supporters seulement. Une ambiance qui ne correspondait à cet attaquant au tempérament profondément méditerranéen qui avait quitté il y a quelques mois San Siro et ses tifosis enamourés. A Rome, El Shaarawy a donc retrouvé une capitale bouillante. Et un club qui déchaîne les passions, bien loin de l’atmosphère lénifiante du Stade Louis-II.
Toutefois, cette explication semble également parcellaire. Car d’un point de vue purement tactique, il faut également considérer que l’ASM ne pratique pas le football le plus emballant d’Europe. Loin de là… D’ailleurs si l’on manie l’euphémisme avec une emphase volontairement excessive, c’est aussi parce que le jeu d’El Shaarawy en a pâti. Plongé dans un système offensif plutôt inopérant, l’ancien du Milan AC n’a jamais trouvé sa place en L1. Cantonné sur un côté, il a, au final, déçu.

Elégant, jusqu'au bout

"‘El Sha’ ? La seule chose que je peux dire, c’est que quand tu arrives en France, que tu sois italien, ou d’une autre nationalité, c’est très difficile de t’adapter, assume le défenseur, Andrea Raggi. La L1, c’est très costaud ! Si tu ne penses pas à ça et que tu rentres sur le terrain, avec de la tranquillité, le défenseur va te faire sauter en l’air (sourires). La Ligue 1 ? C’est une autre mentalité. C’est compliqué". Nabil Dirar avance une autre version : "Disons qu’il n’était pas bien ici, au niveau des ambiances, a indiqué l’international Marocain sur les antennes de BeIn Sports. Il ne s’est peut-être pas bien intégré dans le club et cela représentait un grand changement pour lui parce qu’il voulait plus de supporters, comme Radamel Falcao".
En attendant, s’il a d’abord été dépeint comme un "joueur marketing" par certains, celui qu’on décrit comme "timide et réservé" a su ensuite se faire apprécier de l’ensemble du groupe professionnel. Danijel Subasic et Farès Bahlouli en tête.
Arrivé en Principauté quasiment en même temps que l’ancien Lyonnais, El Shaarawy n’a d’ailleurs pas oublié Bahlouli. Ainsi à l’issue de la rencontre Troyes - Monaco (0-0), l’Italien, se sachant déjà condamné à partir, a alors offert son maillot à son plus jeune coéquipier. Une façon de dire "arrivederci" de façon délicate. Et élégante. A l'italienne, en somme...
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Stephan El Shaarawy lors de son passage à Monaco

Crédit: Imago

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