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La réforme de la Ligue des champions va-t-elle sauver la Serie A ?

Valentin Pauluzzi

Publié 12/09/2016 à 15:06 GMT+2

A partir de la saison 2018/2019, le championnat italien sera assuré d’avoir quatre places directement qualificatives pour la phase de poules de la plus importante des compétitions de clubs. Son contingent est ainsi pratiquement doublé, mais est-ce vraiment mérité ?

2016/17 Inter Eder and Icardi

Crédit: AFP

"Je n’ai pas participé au projet, je veux donc le consulter avant de critiquer ou d’approuver quoi que ce soit. L’unique certitude est que l’Italie en est la grande gagnante : vous êtes de très bons diplomates". Aleksander Ceferin, patron de la fédération slovène et candidat à la présidence de l’UEFA, a bien cerné ses voisins dans une récente interview accordée à la Gazzetta dello Sport. S’il est élu, il ne touchera pas à cette formule entérinée. On passe ainsi de la version ultra démocrate voulue par Platini à celle élitiste concoctée principalement par l’ECA, le gouvernement des clubs professionnels, où Andrea Agnelli (président de la Juve) et Umberto Gandini (maintenant ex dirigeant du Milan et néo administrateur délégué de la Roma) sont très écoutés.
Une procédure rapide et peu appréciée par l’EPLF, l’association de ligues européennes, qui s’est dite "fortement contraire" et a parlé "d’effet dévastateur sur les championnats nationaux et un agrandissement de l’écart entre les principaux clubs et les autres", menaçant même de programmer des rencontres le même jour que les compétitions UEFA. L’Italie, elle, assiste à ces polémiques avec un sourire narquois.
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La Ligue des champions à Milan

Crédit: Panoramic

L'Italie à la traine

"Les mathématiques ne sont pas une opinion", dit un vieux proverbe transalpin. Sept sur sept pour l’Angleterre, sept sur huit pour l’Espagne et l’Allemagne et deux sur huit pour l’Italie. Ce sont les statistiques du dernier tour des barrages de la "voie de la Ligue", là où s’affrontent les non champions des pays depuis 2009. Une formule "platinienne" qui vivra sa dernière édition l’an prochain. Cela suffirait pour faire comprendre combien l’Italie peut être extrêmement satisfaite du changement à venir.
En échouant trois fois de suite, elle s’est retrouvée à chaque fois avec seulement deux représentants en phase de poules. La Juve toujours, accompagnée deux fois par la Roma et une fois par le Napoli. Cette saison, même la France et le Portugal y possèdent plus de clubs. Cet obstacle devenu insurmontable fait aussi de baromètre quant aux difficultés des clubs itlaiens à se hisser au niveau des tout meilleurs.
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Rummenigge : ''Pas une révolution''

Paradoxalement, cela n’a pas forcément influé sur l’indice UEFA de la Serie A qui se trouve aujourd’hui à la 4e place et à quelques encablures de l’Angleterre. Or, c’est une position qu’elle occupe depuis maintenant six années consécutives avec un écart souvent très important par rapport au Top 3. En effet, elle a surtout dû protéger sa position des griffes du Portugal plutôt que de tenter d’aller chercher la 3e. Mais puisque ce coefficient prend également en compte l’Europa League, concentrons-nous sur la Champions League depuis la réforme Platini (de la saison 2009/2010 à aujourd’hui) et là, le constat est sans appel.
Représentants en demi-finale
  • Espagne : 13
  • Allemagne : 7
  • Angleterre : 3
  • Italie : 2
  • France : 1
Représentants en quarts de finale
  • Espagne : 17
  • Allemagne : 10
  • Angleterre : 9
  • France : 8
  • Italie : 5
  • Portugal : 3
  • Russie, Ukraine, Turquie et Chypre : 1
De fait, il eût été plus logique d’accorder 4 sésames directs à la Liga et 3 à la Bundesliga, la Premier League, la Serie A et même cette Ligue 1 si décriée qui n’a pas à rougir de son bilan. Toujours 16 places réservées, mais attribuées de façon plus méritocratique.

A la rescousse des équipes milanaises

"Le Milan est un grand club qui historiquement a fait beaucoup pour la Champions League et les compétitions européennes, tout comme ma bonne vieille Inter qui ne peut pas ne pas disputer la Champions League. Les équipes milanaises nous manquent". Le football italien a trouvé un solide allier de circonstances, l’Allemand Karl-Heinz Rummenigge, dirigeant du Bayern et lui aussi très influent au sein des institutions européennes. A un moment donné, l’hypothèse de réserver un strapontin à certains clubs pour mérites historiques avait pris forme.
Une sorte d’aberrant système de "wild-card" qui a finalement été écarté, mais c’est dire jusqu’où certains étaient prêts à aller pour essayer de sauver la peau de deux colosses à la dérive et aux finances rouges écarlates. Selon le dernier rapport du Fair-Play Financier, la Serie A reste le championnat européen (sur 54) le plus endetté avec un négatif de 290 millions, soit la quasi-totalité du -323 de l’entier continent. En terme de revenus, elle est la 4e ligue européenne, très loin derrière l’Angleterre alors que l’Allemagne l’a récemment dépassée.
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AC Milan's Spanish midfielder Suso (L) and AC Milan's defender Gabriel Paletta react at the end of the Italian Serie A football match AC Milan Vs Udinese on September 11, 2016 at the San Siro stadium in Milan

Crédit: AFP

Ainsi, 4 places directes pour environ 6 concurrents sérieux (Juve, Roma, Napoli, Fiorentina, Milan et Inter) et ce sont deux clubs transalpins qui vont pouvoir remettre leurs comptes à flot en s’assurant les riches primes de l’UEFA. D’autant plus que la répartition de ces dernières a également été modifiée par ce nouveau projet avec un 30 % qui découlera des résultats historiques de chaque club. Encore un aspect qui va dans le sens des équipes milanaises (10 C1 à eux deux). De quoi renflouer leurs caisses en même temps que l’arrivée des investisseurs chinois qui ont pris le relais des mécènes Moratti et Berlusconi, aussi généreux que piètres gestionnaires. A prévoir donc un effet d'engrenage assez simple : plus de places pour la Serie A, plus de possibilité pour les équipes milanaises, plus d’argent pour celles-ci et compétitivité du calcio reboostée avec le retour de deux de ses trois grandes images de marque.
Le revers de la médaille ? Une non qualification en Champions League aura des effets encore plus catastrophiques tout comme l'éventuelle sortie de l’Italie du Top 4 de l’indice UEFA (passant ainsi de 4 à 2 places assurées). Si cela se produit, il ne restera plus qu’à mettre en place une SuperLega façon NBA pour sauver son économie footballistique, même si cette Champions League remodelée s'en rapproche déjà beaucoup.
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