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Avant Juventus - Real Madrid : Zidane a laissé la Juve sur sa faim

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 03/04/2018 à 19:13 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - C’est à la Juventus, durant cinq saisons, que Zizou est devenu un joueur de classe internationale. Mais quelle a vraiment été la teneur de son expérience quinquennale chez la Vieille Dame ?

Zinedine Zidane sous le maillot de la Juventus Turin

Crédit: Getty Images

Zinedine Zidane n’a pas fréquenté beaucoup de clubs dans sa carrière de joueur et d’entraineur, seulement quatre : Cannes, Bordeaux, la Juventus et le Real. Cela limite forcément les "retours au bercail". Avec les Girondins, il a donc affronté les Cannois en Division 1 il y a plus de vingt ans, mais le hasard, ou le destin, l’a opposé plusieurs fois à la Juventus depuis qu’il l’a quittée. Quatre fois en tant que footballeur au début des années 2000 et trois fois en tant que coach en moins d’un an si on compte les quarts aller et retour de cette édition de Ligue des champions. De fait, j’ai eu l’opportunité de converser sur ses années turinoises avec plusieurs protagonistes concernés, ce qui a conforté mes impressions contrastées de ce quinquennat en noir et blanc.

Une vi(ll)e qui lui collait bien

Zidane débarque en 1996 au sortir d’un Euro où il n’avait pas franchement brillé avec l’Equipe de France alors que le transfert était déjà acté. Cela avait d’emblée soulevé des débats sur la bonté d’une recrue qui intégrait l’effectif d’un club vainqueur de la Ligue des champions quelques semaines plus tôt. Plusieurs mois d’adaptation furent d’ailleurs nécessaires afin de tourner à plein régime. Pour le Français qui découvrait un nouveau championnat et pour la Vieille Dame qui passait du trio offensif Ravanelli-Vialli-Del Piero à une organisation tactique avec un meneur de jeu.
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Zinedine Zidane sous le maillot de la Juventus Turin en 1999

Crédit: Getty Images

Mais ne faisons pas fausse route, il y a eu des buts, des passes décisives, des gestes techniques marquants et une place de titulaire jamais remise en question au cours de ces cinq années. Surtout, Zidane a tissé des liens très particuliers avec ses coéquipiers, il avait même une garde rapprochée menée par Paolo Montero et Mark Iuliano. Si un adversaire avait le malheur de lui adresser un traitement de faveur, il en “payait’” les conséquences. La discrétion et l’humilité du personnage avaient conquis tout le vestiaire. De toute façon, cette Juve était une inséparable bande de potes même si Zizou était plutôt casanier. En ce sens, la vie de Turin lui convenait parfaitement, et sur le terrain, il formait une attaque complémentaire avec Alessandro Del Piero et Filippo Inzaghi. Le Marseillais glane six trophées dont une coupe Intertoto, et c’est là que ça commence à coincer.

Moins décisif à Turin qu’ailleurs

Tout compte fait, Zidane a plus perdu que gagné à la Juve. Deux scudetti lors de ses deux premières saisons, deux places de dauphin pour les deux dernières avec des titres s’échappant à la dernière journée, et au milieu, le fiasco de l'exercice 1998-99 avec une triste septième place. Del Piero se blessa gravement au genou en novembre, l’équipe s’écroula et on reprocha au Français de ne pas avoir su prendre les choses en main. Un manque de tempérament également illustré par ses prestations décevantes durant les finales de Ligue des champions atteintes en 1997 et 1998.
Zizou avait évidemment contribué à atteindre ces objectifs sans être à la hauteur de son talent au moment de conclure. Avec le recul, cet aspect passe très moyennement auprès des tifosi puisque dans le même temps, il plantait un inoubliable doublé en finale de la Coupe du Monde 1998 et offrait la coupe aux grandes oreilles au Real d’un but légendaire un an seulement après avoir plié bagages. Le peuple juventino est fier que Zidane fasse partie de l'histoire de leur club plutôt que d'un rival transalpin, mais il estime que son rendement chez les Merengues et chez les Bleus a été bien supérieur. Même l’Avvocato Agnelli avait parlé en son temps d’un Zidane “plus amusant qu’utile” et ne se désespéra pas de s'en séparer pour un montant record en 2001 (76,2 millions d'euros). Une somme d'argent réinvestie pour recruter les Buffon, Nedved et Thuram, piliers des cycles suivants.
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Seedorf y Zidane en el Madrid-Juventus de la final de Champions

Crédit: Eurosport

L’entraineur y a trouvé plus son bonheur que le joueur

Ancien directeur sportif de la Juve et chef du service de presse durant l’ère concernée, Alessio Secco m’avait dit que du bien de Zidane mais une certaine incompréhension persistait : “En fait, il m’avait donné l’impression de vouloir couper le cordon ombilical une fois parti au Real Madrid, j’ai toujours voulu lui demander pourquoi." Zidane a évolué autant d’années dans les deux formations et a même remporté un trophée de moins à Madrid, mais bien avant d’en devenir ambassadeur puis entraineur, on sentait que la philosophie, la culture et l’image aristocrate du plus prestigieux club du monde lui collaient mieux. Non pas que la Juventus appartienne à des prolos, mais on y préfère plus la mentalité ouvrière, même chez les meilleurs joueurs, un mix superbement incarné par Pavel Nedved, successeur de Zizou sur le papier et qui ne l’a d’ailleurs jamais fait regretter.
Toutefois, ce dernier ne renie pas son passé bianconero, déjà parce qu’il a conservé de nombreux d’amis dans le Piémont et parce que cet état d’esprit a beaucoup compté dans sa formation d’entraineur. Son Real se distingue par un certain pragmatisme et un bosseur comme Casemiro y occupe un rôle fondamental. Zidane a puisé dans son expérience turinoise afin de trouver le bon équilibre, et ce n’est pas pour rien si les rumeurs l'envoient poursuivre sa nouvelle et brillante carrière à la Juve, ce qui serait l’occasion d'ôter cet arrière-gout d’inachevé.
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