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Hugo Sanchez, une source d'inspiration (acrobatique) pour Cristiano Ronaldo

Thomas Goubin

Mis à jour 11/04/2018 à 18:44 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS - Au Mexique, comme ailleurs, on s'est pâmé devant le retourné de Cristiano Ronaldo face à la Juventus. Mais on l'a aussi beaucoup rapproché des buts acrobatiques d'Hugo Sanchez, ex-goleador du Real Madrid et inspiration du Portugais.

Hugo Sanchez / Cristiano Ronaldo (montage Marko Popovic)

Crédit: Getty Images

Mardi, le Mexique a célébré les trente ans du retourné d'Hugo Sanchez, inscrit le 10 avril 1988, face à Logroñes. Mais le souvenir de ce but de référence avait déjà été ranimé une semaine auparavant, quand Cristiano Ronaldo était retombé sur la pelouse du Juventus Stadium après s'être élevé au-dessus de ses semblables. Pour le public mexicain comme pour les supporters merengue qui ont un peu de mémoire, la fulgurance du quintuple Ballon d'or a forcément rappelé le but de Sanchez, qui s'est gagné le surnom de "señor gol", anagramme ingénieux de Logroñes. Traduction aisée : le Monsieur but. Traduction moins littérale : le but suprême.
Un chef-d'oeuvre au cœur d'une collection de bicyclettes, têtes plongeantes, et autres ciseaux, toujours fêtés d'un salto. "Arrêtez de vous emballer, des retournés comme celui-là, Hugo en mettait toutes les semaines", a même osé sur Twitter l'ex-international mexicain Kikin Fonseca, au soir de Juventus - Real. Manière de rappeler le phénomène qu'avait été Hugo Sanchez, cinq fois Pichichi, dont quatre avec le Real Madrid, entre 1985 et 1990.

Des gestes répétés sans cesse à l'entraînement

"J'aimerais beaucoup avoir sa chilena (retourné en espagnol) car je ne sais pas inscrire ce type de buts." La déclaration date de mai 2011. Cristiano Ronaldo et "Hugol" sont alors côte à côte, réunis au moment où le premier vient d'égaler le record de buts du second en Liga : trente-huit inscrits lors de la saison 1989-1990. Ronaldo effacera finalement la marque historique du Mexicain quelques jours plus tard - 41 unités au compteur au terme de la saison - mais devra attendre encore de longues années avant de pouvoir imiter l'acrobatie de son aîné. "Après notre rencontre, je lui ai suggéré qu'il devait pratiquer et répéter ce geste pour acquérir de la confiance", confiera après coup "Ego Sanchez", surnom moqueur destiné à railler ses penchants narcissiques. Une personnalité qui peut, au même titre que l'exécution parfaite d'un retourné, conduire à rapprocher celui qui est généralement considéré comme le meilleur joueur de l'histoire mexicaine de CR7.
A l'inverse de Cristiano, Hugo Sanchez s'est pris de passion pour le retourné dès sa tendre enfance, quand il observait son père exécuter ce geste lors de matches amateurs. Issu d'une famille de sportifs, l'avant-centre développera pendant sa jeunesse ses qualités d'acrobate en partageant les entraînements de sa sœur, gymnaste, qui participera aux Jeux Olympiques de Montréal (1976). Un travail de répétition se trouve derrière ses golazos. Au terme des entraînements des Pumas de Mexico (1976-1981), son club formateur, l'avant-centre enchaînait ainsi bicyclettes et autres reprises aériennes. Sanchez était notamment accompagné par Manuel Negrete, qui inscrira d'un ciseau l'un des plus beaux buts de l'histoire du Mondial, en 1986, face à la Bulgarie.
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Hugo Sánchez, en el Atleti.

Crédit: Imago

Quand Hugo Sanchez raconte ses débuts européens, à l'Atlético Madrid (1981-1985), les récits de l'enfant de Madère, moqué pour son accent quand il intégra le centre de formation du Sporting Lisbonne, peuvent revenir à l'esprit. Peu habitué à voir des joueurs mexicains, le public lui hurle des "Indio", comme s'il s'agissait d'une insulte. Les buts d'Hugol étoufferont rapidement les élans xénophobes des gradins : cinquante-quatre réalisations en cent onze matches, et un premier titre de Pichichi en 1984-1985.

Première intention

Contacté par le Barça, le Mexicain signe dans la foulée au Real Madrid, où il dynamitera les défenses espagnoles. Epaulé notamment par Emilio Butragueño et Michel, "El Macho" remporte la Liga à cinq reprises. Une réussite nationale pas prolongée sur le terrain européen : trois échecs de rang en demi-finale de Coupe des champions entre 1987 et 1989. Le Pentapichichi ne connaîtra pas la réussite en C1 de Cristiano, mais l'homme dont l'impeccable touffe frisée semblait défier l'apesanteur quand il choisissait la voie des airs n'en sera pas moins l'une des grandes icônes de son temps.
Idoles merengues, Hugo et Cristiano ont longtemps été deux attaquants aussi semblables que l'eau et le feu. Comparer le Cristiano Ronaldo de Manchester United, voire même de ses premières années à Madrid, à Hugo Sanchez, n'aurait ainsi été justifié qu'au plan comptable, par la capacité des deux hommes à ne laisser aucun répit aux filets. Alors que le Mexicain régnait dans la surface et participait très peu au jeu, le Portugais s'est longtemps distingué par sa force de percussion sur les côtés, même s'il affectionnait un peu plus chaque saison de repiquer dans l'axe.
Ses deux buts face à la Juventus - le premier opportuniste, le deuxième acrobatique - disent d'ailleurs tout de son évolution, et justifient pleinement le parallèle avec son aîné. La reprise en première intention était la grande spécialité du Pentapichichi. Quand Hugo Sanchez avait égalé la marque de Telmo Zarra comme buteur le plus prolifique de Liga sur une saison, ses 38 buts avaient été inscrits à une touche de balle, sans aucun contrôle préalable. Sous le maillot du Real Madrid, Cristiano Ronaldo a notoirement simplifié son jeu, pour devenir létal, à l'instar d'Hugo Sanchez. Jusqu'à imiter ses retournés acrobatiques...
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