Real-Bayern : Lewandowski, pour regagner les cœurs de Bavière

Robert Lewandowski fait souvent parler de lui. Même quand il ne joue pas. Samedi, le buteur du Bayern Munich est resté sur le banc face à l'Eintracht Francfort (4-1) en prévision du déplacement à Madrid mardi. Pourtant, Jupp Heynckes a quand même été interrogé au sujet du Polonais en conférence de presse. "Il jouera contre le Real et cela ne se discute pas", a martelé l'entraîneur du Bayern. Mais la question lui a quand même été posée.

Ce n'est pas la performance de Sandro Wagner, encore buteur samedi et auteur d'une très belle saison dans son rôle de doublure de "Lewa", qui a jeté ce doute surprenant dans la presse allemande. Il peut légitimement sembler paradoxal. Lewandowski signe encore un exercice remarquable avec les statistiques d'un buteur de très haut niveau : 39 buts en 44 matches toutes compétitions confondues. Si cette question a été lancée, c'est bien pour traduire une forme d'agacement qui monte en Bavière au sujet du Polonais.

La défaite face au Real n'en est pas totalement à l'origine. Mais elle a fait empirer les choses. Parce que le Bayern a concédé une défaite à domicile (1-2) qui le condamne à l'exploit sur la pelouse du double champion d'Europe en titre. Parce qu'il a été désespérant d'inefficacité à ce niveau de la compétition. Parce que Lewandowski, discret pour ne pas dire transparent, a incarné cette absence de réalisme au moment où le géant bavarois avait le plus besoin de lui.

Au moment de trouver un responsable à cet échec, les regards se sont portés vers le Polonais. Celui d'Oliver Kahn en particulier. Sur le plateau de ZDF, qui retransmettait la rencontre en Allemagne, l'ancien portier légendaire du Bayern a fustigé l'avant-centre bavarois. "Lewandowski, dans ce genre de matches, on l'a trop peu vu, a-t-il lancé. Il ne s'est pas montré à la hauteur du statut qu'il souhaite obtenir. Pour cela, il doit être plus décisif dans les grands matches."

Celui-là en était un, c'est peu de le dire, et Lewandowski était attendu au tournant. Le nom du Polonais revient régulièrement dans la rubrique mercato. Mais les rumeurs d'un éventuel départ se font de plus en plus persistantes depuis qu'il s'est attaché les services du très influent Pini Zahavi au mois de février. L'agent israélien est réputé proche du PSG mais aussi du Real Madrid, le club le plus souvent cité au moment d'évoquer la prochaine destination de Lewandowski s'il venait à quitter le Bayern.

La prestation très décevante de l'avant-centre du Bayern face à la Maison Blanche dans ce contexte n'est cependant pas le seul motif d'agacement dont il fait l'objet. Son manque d'implication et son attitude détachée à l'entraînement sont de plus en plus souvent pointés du doigt depuis son altercation avec Mats Hummels survenue au début du mois de mars et relayée par Bild. Mais, malgré l'emballement médiatique autour de Lewandowski, le Bayern n'a jamais douté de le voir rester au club l'été prochain. Et s'évertue à le protéger, à l'image de la déclaration de son entraîneur samedi.

Logique. Le FCB a plus que jamais besoin d'un grand Lewandowski pour espérer renverser le Real à Santiago-Bernabeu. Sur l'échiquier des géants européens, le Bayern est souvent placé mais n'a plus été sacré depuis 2013. Depuis, il subit la suprématie espagnole incarnée par le géant merengue, trois fois vainqueur de la Ligue des champions lors des quatre dernières saisons. Une cinquième année sans finale serait mal vécue dans la maison Bayern.

Lewandowski a lui aussi besoin d'une grande prestation. Il n'a plus marqué depuis quatre matches en Ligue des champions. Un cinquième signifierait une période de disette exceptionnelle pour lui dans cette compétition. S'il s'est manqué à l'aller, le Polonais a plutôt l'habitude de briller face au Real. Il a trouvé six fois les filets en sept matches européens contre la Maison Blanche. Marquer à Santiago-Bernabeu, il l'avait fait la saison passée. Il lui appartient de récidiver pour réaffirmer son statut dans cette période où il est contesté. C'est le meilleur moyen de regagner les cœurs bavarois.