Barcelone - Liverpool - Comment la vente de Coutinho a permis à Liverpool de décoller

Les Reds ont une qualité : ils apprennent de leurs erreurs. Janvier 2011, Fernando Torres, buteur des Reds depuis trois saisons et demie, quitte Liverpool pour Chelsea. Un départ qui plonge le club dans le ventre mou de Premier League durant trois longues saisons. Heureusement, Luis Suarez va peu à peu le sortir de sa torpeur jusqu'à une deuxième place en championnat en mai 2014 et un retour en C1. Quelques mois plus tard, et contre 81 millions d'euros, Suarez s'en va à son tour et Liverpool retombe dans l'anonymat de la Ligue Europa.

Dans le sillage d'un Philippe Coutinho flamboyant, Liverpool retrouve la C1 en 2017. Comme Suarez, le Brésilien rejoint aussitôt ou presque le Barça mais les Reds ont brisé la malédiction et pour la première fois depuis longtemps, ils ont su tirer profit du départ de leur meilleur élément. Et on peut même aller beaucoup plus loin : si Liverpool a atteint la finale de la Ligue des champions l'an dernier, si l'équipe se bat cette année pour un doublé Premier League – C1, elle le doit en partie à la vente, de Coutinho à l'hiver 2017.

En un an et demi, les Reds ont parfaitement su capitaliser sur la plus grosse vente de leur histoire (135 millions d'euros). D'abord parce qu'elle est arrivée au bon moment. Ni trop tôt, ni trop tard mais quand les astres se sont alignés. L'arrivée de Mohamed Salah six mois plus tôt a permis d'anticiper le départ du Brésilien en diluant les responsabilités offensives entre plusieurs individualités et le tout frais trio formé avec Firmino et Mané a permis à Liverpool de diffuser une menace offensive bien plus dangereuse que lorsque le Brésilien faisait, tout seul ou presque, la pluie et le beau temps du côté d'Anfield.

Ce départ a surtout permis de replacer le curseur. Avant le départ de Coutinho, les Scousers présentaient une formation plutôt joueuse mais extrêmement poreuse. Plus mauvaise défense du top 4 de Premier League en 2016/2017, 9e arrière-garde du championnat un an plus tôt, Liverpool a profité de l'argent récolté avec le transfert de Coutinho pour investir dans son secteur faible. Toute l'intelligence du board fut, même plus d'un an plus tard, de ne pas le remplacer poste pour poste. Là-encore, les erreurs commises dans les dossiers Torres (remplacé par Andy Carroll, accident industriel majeur à 41 millions d'euros) ou Suarez (remplacé par un Mario Balotelli que personne ne regrette à Anfield) ont été intégrées.

L'argent dégagé par le départ de Coutinho a été investi dans le secteur défensif avec un nouveau patron en charnière, Virgil van Dijk, élu meilleur joueur de Premier League par ses pairs cette saison, un latéral de haut niveau à bas coût avec Andrew Robertson, un milieu box-to-box, Naby Keita, et, enfin (!), un gardien digne des ambitions de Liverpool, Alisson. Avec seulement 20 buts encaissés en 36 matches, Liverpool présente aujourd'hui la meilleure défense du Royaume.

En cinq ans à Liverpool, Coutinho fut emballant, enthousiasmant, décisif et indispensable. Mais jamais il n'a vécu une fin de saison aussi excitante que celle des Reds aujourd’hui. Le départ du meilleur joueur de l'effectif n'est pas nécessairement synonyme de régression sportive. Liverpool a mis du temps avant de le comprendre. Ça valait le coup de patienter.