Ligue des champions - Tottenham : pourquoi Lloris réalise une saison exceptionnelle

Hugo Lloris passe rarement inaperçu. Capitaine de l'équipe de France et de Tottenham, le gardien tricolore réalise régulièrement d'incroyables parades tout en étant connu pour certaines boulettes. On se souvient par exemple de ce dégagement raté qui avait entraîné le lob magnifique d'Ola Toivonen, lors du Suède-France (2-1) de juin 2017, ou encore de cette bourde qui avait permis au Croate Mario Mandzukic de réduire l'écart lors de la dernière finale de la Coupe du monde (4-2). Sans conséquence.

Les erreurs, bourdes et autres bévues sont toutefois le lot des gardiens de but, même des plus expérimentés. Le dernier filet de sécurité du collectif craque parfois sous la pression, ou à force d'usure, et Gianluigi Buffon, Marc-André ter Stegen ou encore Alisson Becker (liste non exhaustive) ont tous connu ces moments d'oubli. Actuellement, c'est David De Gea qui traverse une période très compliquée malgré d'exceptionnelles qualités. Pour Hugo Lloris, le temps paraît bien long depuis sa dernière erreur marquante et le champion du monde tricolore s'est montré particulièrement inspiré cette saison en Ligue des champions.

Mercredi soir aux Pays-Bas, le gardien des Spurs n'a pas illuminé la rencontre de multiples parades géniales. Mais il s'est montré décisif et a dégagé confiance et sérénité, même quand les siens ont dû rattraper trois buts. Son tout premier arrêt spectaculaire devant Dusan Tadic (4e) n'avait pas empêché l'ouverture du score sur corner de Matthijs De Ligt (1-0, 5e), mais sa double intervention dans les airs (71e) ou encore son arrêt absolument déterminant devant Hakim Ziyech, à 2-2 (90e+3), ont bien permis à Tottenham d'y croire jusqu'au bout.

"C'est le meilleur gardien du monde, s'est enthousiasmé son entraîneur Pochettino sur RMC Sport après la rencontre. C'est un grand joueur, une personne extraordinaire... J'ai beaucoup de chance de l'avoir dans mon équipe. Merci Hugo, tu es incroyable. Tu mérites le meilleur. Je suis vraiment heureux de partager ce genre de moments avec des gens comme lui."

Pas franchement exubérant sur le terrain, plutôt discret médiatiquement et totalement lisse (ennuyeux ?) en conférence de presse, Hugo Lloris a longtemps suscité des interrogations quant à sa légitimité en tant que capitaine. C'est connu, un bon capitaine gesticule, prend toute la lumière et se montre brillant devant les journalistes. Tordant le coup à ce cliché, Pochettino a eu cette révélation mercredi soir au sujet de son discours la de mi-temps. "Je me souviens que c'est le capitaine, Hugo, qui a dit le dernier mot : 'n'abandonnez jamais, ne lâchez pas'", a-t-il déclaré. Un rôle simplement assumé, en fait.

Le côté exceptionnel de la campagne européenne d'Hugo Lloris réside plutôt dans sa régularité. Déterminant mercredi soir, le portier de 32 ans l'avait également été à l'aller, huit jours auparavant, empêchant notamment Donny van de Beek d'inscrire un doublé qui aurait pu tout changer. Et que dire de ses sorties face au Borussia Dortmund, en huitième de finale, et Manchester City, en quarts, qui ont maintenu les Spurs en vie dans cette C1.

Vainqueur 3-0 à l'aller contre le Borussia, Tottenham aurait très bien pu prendre l'eau dans la Ruhr, là où l'Atlético de Madrid en avait par exemple pris quatre en phase de poules (4-0). Mais c'était sans compter les cinq arrêts majeurs - dont certains exceptionnels - du gardien français au Signal Iduna Park, plutôt bienvenus à l'époque où les remontada sont devenus légion. Prendre l'eau, les Spurs l'ont fait au tour suivant, subissant notamment à Manchester la folle pression des Citizens (défaite 4-3). Mais, qualifiés via la règle du but à l'extérieur, ils ont toujours gardé une tête en dehors grâce notamment aux nouveaux arrêts incroyables de leur capitaine. Un dernier rempart qui s'était par ailleurs montré si précieux à l'aller (1-0) en stoppant le penalty de Sergio Agüero.

Il reste désormais une étape, une dernière, pour que l'aventure des Spurs et d'Hugo Lloris en Ligue des champions ne soit totalement parfaite : battre Liverpool le 1er juin prochain à Madrid, en finale. Avant d'être perfectionniste, le champion du monde peut déjà savourer le chemin accompli.