Ligue Europa - Face à Tottenham en demi-finale retour, Bodo/Glimt peut compter sur son froid polaire : "Ton corps n'est pas fait pour l'accepter"
Mis à jour 08/05/2025 à 16:04 GMT+2
Le club norvégien de Bodo/Glimt, qui reçoit Tottenham ce jeudi soir en demi-finale retour de Ligue Europa, s'appuie sur un avantage déterminant à domicile : un froid littéralement polaire, que ses joueurs adorent et qui fait déjouer les grands clubs européens. Cela tombe bien, il y a deux buts à rattraper après le match aller (3-1) pour se qualifier en finale. Et toutes les raisons d'y croire.
L'Apmyra Stadion de Bodo.
Crédit: Getty Images
A Bodo, on aime croire que les bons joueurs le sont peu importe la météo et que les braves se révèlent dans le froid. Les joueurs de Tottenham vont se mesurer ce jeudi soir à l'adage local en demi-finale retour de Ligue Europa ce jeudi soir (21h), face au club local Bodo/Glimt. Et pour tenter de sauver leur saison bien morne, ils devront réussir là où la Lazio Rome ou encore le FC Porto se sont cassé les dents cette saison, et où l'AS Roma avait pris une rouste quasi-historique en 2021 (6-1) qui avait mis cette petite ville de 50 000 habitants sur la carte du football européen.
A chaque fois, le lieu du crime fut le même : l'Aspmyra Stadion, l'arène locale aux airs, d'un côté, de bâtiment sorti d'une zone industrielle et, de l'autre, de stade pas fini d'un club coupé dans son élan. Deux tribunes sont couvertes, les deux autres ne le sont pas. Dans le seul angle, une auto-école se bat en duel avec un kiné. Allez expliquer qu'il s'y dégage pourtant une aura spéciale lors des soirées de Coupes d'Europe. Le genre qui permet de vaincre Goliath, et qui autorise à rester confiant malgré un match aller perdu 3-1. "C'est totalement différent pour nous de jouer à la maison, l'Aspmyra Stadion, a affirmé le coach de Bodo/Glimt Kjetill Knutsen en conférence de presse. Je pense que nous avons encore notre chance ici."
"même les norvégiens ne veulent pas monter là-haut"
"Ils ont un avantage sur les autres équipes européennes : ils jouent sur synthétique, explique Christophe Psyché, qui connaît bien le championnat norvégien. Les sensations ne sont pas les mêmes. On le voit quand ils jouent sur pelouse, à l'extérieur." L'ancien défenseur français a joué plus de 180 matches d'Eliteserien, la première division nationale. Là-bas, le championnat a lieu d'avril à novembre pour éviter l'hiver trop rude. Et la plupart des clubs ne peuvent se permettre de jouer sur une vraie pelouse, trop difficile à entretenir face au grand froid. Le climat, c'est justement l'autre grand facteur déterminant sur lequel peut compter Bodo/Glimt.
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La Lazio a découvert le froid polaire de Bodo en avril.
Crédit: Getty Images
Christophe Psyché n'a jamais porté le maillot de Bodo, mais il a joué sous celui de Tromso, le rival territorial et club le plus au nord du pays. Ensemble, les deux clubs disputent le seul derby parmi toutes les premières divisions européennes qui se joue au-dessus du cercle polaire. Et leurs terrains font peur à tous les autres clubs : "Il y a beaucoup de joueurs qui ne voulaient pas monter à Tromso ou à Bodo/Glimt parce que c'est loin, il fait froid, se souvient-il. Même les Norvégiens ne veulent pas monter là-haut à cause du froid."
"C'est un truc de fou"
Même au printemps, les températures en journée y dépassent rarement les 5 degrés, et baissent encore la nuit tombée au moment où se jouent les chocs européens. Des températures qui rendent les terrains synthétiques encore plus dur qu'ils ne le sont, torturent les cuisses et les mollets et rendent piégeux chaque appui. Mi-avril, la Lazio Rome avait même eu le droit à la totale lorsqu'ils s'étaient déplacés à l'Aspmyra Stadion pour les quarts de finale : à quelques heures du coup d'envoi, une tempête de neige avait déferlé sur le stade. Les Romains avaient demandé le report de la rencontre, en vain, et s'étaient inclinés 2-0.
Ce soir-là, Axel Guessand n'était pas vraiment étonné. Fraîchement arrivé en Norvège début mars, prêté à Kristiansund par son club d'Udinese, il peinait alors toujours à s'adapter aux conditions climatiques : "C'est un truc de fou, ton corps n'est pas fait pour accepter ce climat. J'ai mis un mois et demi à vraiment accepter le temps physiquement, retrace-t-il. Même pour m'échauffer, c'était un problème. Ça peut crisper, faire des crampes." Ce mercredi soir, il jouait avec son club un match de coupe de Norvège dans la ville d'Alta, où les températures atteignaient encore -10°C à quelques jours du match.
Et surtout, il sait que, comme les joueurs de Tottenham ce jeudi soir et de tous les clubs européens passés par Bodo en Coupe d'Europe, il a un temps de retard sur les joueurs locaux : "Eux sont rodés, depuis petit, ils jouent avec ces températures. Ils savent comment ça marche. Ça ne leur pose pas de problèmes. Mais pour nous les joueurs français, anglais, italiens, c'est beaucoup plus difficile." Les synthés glissants, les vibrations des crampons buttant dans un sol dur comme la roche, la neige dans les yeux : tout cela, ils connaissent. Aux Spurs, Christophe Pysché et Axel Guessand préconisent la même chose : arriver "deux-trois jours avant" minimum. A Bodo, ils pourront profiter de l'ambiance unique de la ville portuaire, s'habituer au froid polaire, et prendre le pouls de la ferveur pour le match. Le stade est à huis-clos depuis plusieurs jours, et la revente s'arrache à prix d'or. Ce mercredi, un retardataire aurait même récupéré un ticket contre 5kg de poissons.
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Bodo Glimt a perdu le match aller à Tottenham.
Crédit: Getty Images
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