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FOOTBALL - Ligue des champions : Zinédine Zidane n'est pas le problème du Real Madrid

Elias Baillif

Mis à jour 09/12/2020 à 13:52 GMT+1

LIGUE DES CHAMPIONS - Pour beaucoup, Zinédine Zidane est le coupable numéro un des résultats décevants du Real Madrid. Zidane, un problème pour le Real ? Loin s'en faut. A vrai dire, c'est ailleurs que le bât blesse, entre appauvrissement de l'effectif et succession de mercatos ratés.

Zinédine Zidane (Real Madrid)

Crédit: Getty Images

Ces dernières années, Jürgen Klopp excepté, tous les entraîneurs des grands clubs en ont régulièrement pris pour leur grade. On a accusé Pep Guardiola de se perdre dans ses expérimentations, José Mourinho de ne pas comprendre les jeunes générations, Ernesto Valverde d'être inutile, Antonio Conte d'être un pyromane tandis que Massimiliano Allegri serait trop pragmatique et Diego Simeone trop dogmatique. Zinédine Zidane n'a pas non plus échappé aux critiques. Certaines d'entre elles sont d'ailleurs justifiées, comme tous les entraîneurs, le Marseillais a ses défauts.
La plus évidente peut-être, sa lecture des matches. Quand les rencontres prennent une tournure défavorable pour son Real, il n'est pas rare que le technicien français tarde à intervenir, fomentant l'incompréhension des suiveurs. Et lorsque le double Z se décide enfin à agir, il n'est pas rare non plus que ses interventions pénalisent son équipe au lieu de l'aider. Autre défaut, l'imprévisibilité de ses onze de départ a tendance à se retourner contre lui. Enfin, ses difficultés à créer une animation cohérente en camp adverse sont connues de longue date (une critique à relativiser toutefois, l'immense majorité des entraîneurs de grands clubs étant à la peine dans ce domaine). Pourtant, malgré ses défauts, Zidane n'est pas le coupable de la situation actuelle du Real Madrid.
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Appauvrissement graduel

Cette saison, le Real n'a été compétitif qu'en la présence de ses titulaires habituels. Dès qu'Hazard, Ramos, Valverde, Mendy, Kroos, Benzema ou Carvajal sont absents, le rendement de l'équipe plonge. La vie sans ces joueurs-là n'existe pas sur la planète blanche. Et ça tombe mal, leurs absences se multiplient en cette saison si frénétique. En conséquence, Zidane doit s'appuyer sur des remplaçants… qui ne sont pas au niveau. L'un des grands succès du premier mandat de Zinédine Zidane avait été sa gestion de l'effectif. Quels que fussent les joueurs alignés, ceux-ci répondaient présents. Désormais, loin d'apporter une quelconque plus-value, les remplaçants madrilènes plombent les performances de l'équipe. Malgré les innombrables opportunités dont ils ont bénéficié, Marcelo, Isco, Jovic, Militao, Asensio et consorts ne peuvent rien apporter au Real Madrid en 2020. Ils n'en ont tout simplement pas les capacités.
La situation dans laquelle se retrouve le club merengue en 2020 s'explique par les mercatos de ces dernières années. Depuis l'été 2017, l'effectif madrilène s'est appauvri. Déjà à l'époque, les joueurs s'en rendaient compte. Cristiano Ronaldo avait d'ailleurs publiquement pointé le problème du doigt quelques mois plus tard. Largué en championnat, défait en coupe par le très modeste Leganés, le Real avait sauvé les apparences en Ligue des champions, où il pouvait se présenter à tous les matches avec son onze de gala. À Kiev, les hommes de Zidane venaient de livrer leur dernière bataille. Confirmation quelques jours plus tard avec le départ du "divin chauve", fatigué et trop conscient d'avoir sous ses ordres un groupe en bout de course. Le départ de Ronaldo à Turin avait suivi. Changement d'entraîneur, départ du meilleur joueur, caisses pleines, paix sociale acquise grâce à l'obtention du triplé européen, tout semblait réuni pour entamer un nouveau projet. D'ordinaire si exigeants, les supporters accepteraient une saison de transition.
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Real Madrid - 30 milioane de euro / câștigătoare UEFA Champions League 2017

Crédit: Getty Images

Finalement, la transition dure depuis trois ans. Au Real, l'un des seuls clubs européens à ne pas avoir de directeur sportif (c'est le cas depuis sept ans), les transferts et la politique sportive sont l'apanage exclusif d'un homme : Florentino Pérez. Là où Liverpool identifie ses cibles des mois à l'avance, mobilise ses scouts, son département statistique et considère les avis divergents comme une ressource pour aller de l'avant, chez les Vikings tout dépend des inspirations de Florentino Pérez et de son fidèle bras droit José Ángel Sánchez, épaulés par quelques conseillers de l'ombre. Le club de Chamartín a toujours été un club présidentialiste. Rien ne bouge sans l'aval du plus haut mandataire. Et à l'été 2018, ledit mandataire estime que rien ne doit bouger. Pérez en est convaincu, le club peut en l'état aller chercher une quatorzième Coupe d'Europe. Du côté du Bernabéu, on fera preuve d'immobilisme cet été-là. Le départ de Ronaldo ouvre la porte à un retour au premier plan de Gareth Bale, pense Florentino Pérez.

Trois mercatos de retard

Une saison blanche plus tard, Pérez est forcé de reconnaître son erreur de diagnostic. Les cadres comptent un printemps de plus dans les jambes, l'équipe ne va nulle part et les supporters ont épuisé leur stock de patience. Le Real disposait d'un an pour entamer sa reconstruction, les dirigeants l'ont finalement galvaudé pour cause de déni de réalité.
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Real Madrid CF president Florentino Perez (L) and Zinedine Zidane (R)

Crédit: Getty Images

Promesses de révolution, retour de "Zizou", arrivées de Jovic et Hazard, le président madrilène tente de rattraper le temps perdu tout ressortant du placard son costume de marchand de rêves. Si le mercato à 350 millions d'euros piloté par le président (et non par Zidane, qui n'a eu gain de cause que pour l'arrivée de Mendy, croire en un ZZ omnipotent c'était mal connaître Pérez) est satisfaisant sur le papier, les faits seront plus capricieux. Hazard accumule les blessures, tandis que Militao et Jovic ressemblent de plus en plus à des erreurs de casting, pas si évidentes à l'époque il est vrai. En plus de traîner les stigmates d'un mercato 2018 raté, le Real traîne à présent ceux d'un mercato 2019 malheureux. Dès lors, Zidane devra faire du neuf avec du vieux et repartir pour un tour de manège avec les joueurs de toujours, dans l'attente d'un mercato 2020 censé enfin régler les problèmes du géant espagnol.
Pandémie oblige, ce mercato-là est tombé à l'eau. Los Blancos ont dû privilégier les considérations économiques aux considérations sportives. La survie du club en dépendait. C'est ainsi qu'il faut interpréter les ventes d'Hakimi et de Reguilón, des joueurs faisant saliver l'ensemble des grosses écuries européennes mais dont le Real a consenti à se passer. 2018, 2019, 2020, voici que les travaux de rénovation de la Maison Blanche accumulent maintenant trois ans de retard. En sous-effectif, l'architecte français se retrouve à aligner Lucas Vázquez et Nacho au poste d'arrière-droit, Kroos en pivot ou encore Mariano titulaire en pointe. Sans surprise, l'alliage entre vétérans, vieilles gloires, intrus et jeunes promesses onéreuses ne prend pas.
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Un mauvais entraîneur pour les jeunes ?

À ce sujet, on a accusé Zidane ces derniers temps de ne pas être l'homme idéal à l'heure de développer de jeunes joueurs. Ce qui n'est pas idéal pour ces talents-là, c'est moins leur entraîneur que le Real Madrid actuel : un club où, faute de pouvoir compter sur des titulaires au niveau, les novices sont instantanément propulsés sur le devant de la scène avec l'exigence d'être bons tout de suite. On se retrouve alors à critiquer les prestations de joueurs de 18 ans comme on critiquerait celles de trentenaires. Marcelo, Higuain, Varane, Ramos, eux aussi sont arrivés très tendres à Madrid. Néanmoins, ce qui a fait leur succès est le temps dont ils ont disposé pour s'aguerrir dans l'ombre de joueurs confirmés. Ce temps-là, Rodrygo et Vinicius n'en disposent pas. En outre, il existe la possibilité que les jeunes achetés par le Real ces dernières années ne soient pas aussi bons qu'escompté. Kubo, Brahim Diaz et Ceballos ont beau être très enthousiasmants, ils ne sont ni titulaires à Villarreal, ni à l'AC Milan, ni à Arsenal. Comment pourraient-ils l'être à l'échelon supérieur ?
Reste la question du style de jeu. Le Real est souvent ennuyant à voir et offre peu de garanties. Chaque perte de balle en camp adverse est un drame. Là aussi, les regards accusateurs se tournent du côté de l'entraîneur. Si le Sudiste est bon dans la micro-tactique, il peine à imaginer un plan global pour ses équipes. Pourrait-il mieux faire ? Rien n'est moins sûr. Le nombre d'options pour faire jouer ce collectif aux profils disparates est limité. Changements de dispositifs, de postes, de hauteurs, d'animation, Zidane a à peu près tout tenté depuis son retour. En dehors de son onze-type, jamais il n'a réussi à trouver d'approche cohérente. À chaque fois, les limites de l'effectif reprennent le dessus. Le Real a un problème de politique sportive, de recrutement, d'effectif. Mais pas d'entraîneur.
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