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L'antisèche de Juventus - Lyon : Un braquage, oui, mais un braquage planifié

Julien Pereira

Mis à jour 08/08/2020 à 08:50 GMT+2

LIGUE DES CHAMPIONS – L'Olympique Lyonnais a réussi ce qu'aucun autre club français n'avait fait avant lui en éliminant la Juventus. Les Gones ont accompli cet exploit sans briller. Mais sans jamais douter.

Rudi Garcia félicite Memphis Depay après la qualification de Lyon aux dépens de la Juventus, en huitième de finale de Ligue des champions, le 7 août 2020

Crédit: Getty Images

Le jeu : Au moins, l'OL avait un plan… au contraire de la Juve

Si Rudi Garcia avait pu écrire le scénario de ce match, peut-être aurait-il rêvé des premières minutes qui se sont déroulées, ce vendredi soir, à l'Allianz Stadium. Le technicien avait aligné trois joueurs raffinés au milieu ? C'était un leurre : l'ancien coach de la Roma n'avait aucunement l'intention que son équipe fasse le jeu. L'OL a débuté la rencontre avec une seule et unique volonté : éloigner le danger le plus vite et le plus loin possible. Et espérer que le jeu de corps de Karl Toko Ekambi, couplé à la mobilité de Memphis Depay, puisse ouvrir des brèches.
Lyon s'est donné du mou très tôt, la Juve est restée molle longtemps. Statique, peu inspirée et surtout privée de son créateur Paulo Dybala au coup d'envoi, la Vieille Dame a joué à l'ancienne. Comme en Serie A. Incapable de bidouiller quoi que ce soit au milieu, elle a cherché à l'excès ses latéraux et ses ailiers, contraints à l'exploit individuel ou à des centres vains. Une aubaine pour les Lyonnais, armés en taille et en nombre dans la surface. Mieux, les Gones n'ont même pas eu à s'inquiéter de l'enthousiasme adverse après l'égalisation turinoise. Sans supporter, la Juve n'a pas été capable de s'emballer. Et s'en est remise à son leader. L'OL n'avait donc plus qu'à limiter les possibilités d'un exploit individuel.

Les joueurs : Ronaldo trop seul, Caqueret et Aouar partout

Il était la surprise de la feuille de match. La physionomie du match n'a pas permis à Maxence Caqueret d'étaler les qualités qui sont les siennes mais le jeune Lyonnais a démontré qu'il avait aussi du volume. Le constat est le même pour Aouar, assidu à la récupération et surtout précieux pour tenir le ballon, notamment en deuxième période. Derrière, Marcelo a muselé Higuain et devant, Depay a assumé ses responsabilités.
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Memphis Depay, buteur lors du huitième de finale entre la Juventus et Lyon, le 7 août 2020 en Ligue des champions

Crédit: Getty Images

Cristiano Ronaldo avait encore décidé de jouer les sauveurs mais il était trop seul. A côté de lui, Higuain n'a cessé de jouer en retrait. Bentancur a plombé son équipe et ne s'est pas rattrapé ensuite et, finalement, seul Bernardeschi a créé du danger.

Le facteur X : Le sauvetage de Marcelo

L'OL vient d'ouvrir le score. Quelques minutes plus tard, la Juve tente de réagir. Trouvé à droite, Bernardeschi se faufile entre trois Gones, en élimine un quatrième dans la surface et sa feinte de corps met Lopes dans le vent. Il est là, à quelques centimètres du but et n'a plus qu'à pousser le ballon au fond. Mais Marcelo, revenu de nulle part, sauve les siens du bout du pied. Et leur donne du répit, surtout. Finalement, les Lyonnais subiront l'égalisation un peu plus de 20 minutes plus tard. Une éternité dans un match comme celui-ci.

La stat' : 1

Statistiquement, il n'y a pas d'autre mot. Lyon a réussi un exploit. Jamais une équipe française n'avait éliminé la Juventus en phase à élimination directe de C1/C2/C3. Le club italien s’était toujours qualifié face à un club de l'Hexagone lors de ses 9 confrontations précédente, en match aller-retour.

Le tweet qui montre que l'OL a remonté le temps

La décla : Anthony Lopes

C’est la fête mais ça reste mesuré, on sait ce qu’on veut, où on veut aller.

La question : Lyon a-t-il vraiment braqué la Juve ?

Dans les faits, il n'y a pas de doute. Il suffit de relire la statistique ci-dessus, se souvenir que Cristiano Ronaldo n'avait plus quitté la compétition reine avant les quarts depuis 2010, et jeter un petit coup d'œil à d'autres données (l'OL a cadré deux tirs) pour en avoir le cœur net. Oui, Lyon s'est qualifié dans la douleur et, probablement, en ayant douté durant une demi-heure.
L'OL n'a pas été brillant, il n'a même pas été beaucoup plus convaincant que lors de sa dernière sortie, en finale de la Coupe de la Ligue, face au PSG. Mais il n'a jamais flanché physiquement, même en n'ayant disputé qu'un seul match officiel depuis le 8 mars dernier, et n'a jamais cédé à la panique, même après le missile de CR7 à l'heure de jeu. Et Anthony Lopes a finalement vécu une soirée bien moins animée qu'il ne pouvait l'imaginer.
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Cristiano Ronaldo lors de Juventus - Lyon, le 7 août 2020

Crédit: Getty Images

Au fond, Lyon a fait ce que d'autres clubs français réussissent trop peu : se convaincre avant la rencontre que l'exploit était à sa portée. Rudi Garcia avait parlé de son "obsession d'aller à Lisbonne", ce qui pouvait sonner un poil insouciant. Après le match, Anthony Lopes a évoqué une "joie mesurée", preuve que les Gones ne sont pas surpris d'être là. Ils n'avaient pas fait le déplacement à l'Allianz Stadium pour braquer la Juve. Mais pour se qualifier pour les quarts. La nuance a eu son importance.
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