Avant PSG - Dortmund et PSG - OM : Le Parc des Princes est-il en train de redevenir le Parc ?

La soirée était brûlante, le match enivrant et la manière déjà emballante. Ce 26 août, le Parc des Princes réserve un accueil de roi à Kylian Mbappé qui soigne son retour dans l'enceinte parisienne face à Lens avec un doublé (3-1). Si la soirée fut belle, à l'image de cette communion entre le Collectif Ultras Paris et Warren Zaïre-Emery, elle a aussi ranimé des souvenirs oubliés. Au cœur de la deuxième période, ce fut un échange d'une intensité rarement entrevue ces dernières années entre Auteuil, où figure notamment le CUP, et Boulogne, pourtant pas réputé ces derniers mois pour son ambiance incandescente.

"L’ambiance a été incroyable. Vraiment incroyable", insistait d'ailleurs Manuel Ugarte après le match. Alors, que s'est-il passé ? Certains ont fait de la résistance. Alors que les consignes concernant Boulogne avaient été rappelées de manière un peu sèche la saison passée, des téméraires ont tenté de faire revivre cette partie du Parc en se réunissant et en chantant. Quelle folie… Deux stadiers pointilleux avaient alors décidé d'exfiltrer deux meneurs, confirmant qu'à Boulogne, la révolution n'a pas encore eu lieu…

Les consignes restent les mêmes : S'asseoir à son siège, rester assis, et ne surtout pas se présenter avec des drapeaux ou des T-shirts noirs avec la mention "Ultras Paris". "On a l'impression d'être au cinéma, on vient, on prend notre pop-corn, on s'assoit et on regarde le match", regrettaient ainsi Romain et Antoine, membres du Block Parisii, association de supporters à Boulogne, au micro de France Bleu après l'événement.

Côté Auteuil, notamment chez le CUP, on assure regretter cet état de fait. "C'est inadmissible qu'un supporter de foot soit sorti d'un stade pour supporter son club, débriefait ainsi Romain Mabille, président du Collectif Ultras Paris, auprès de RMC. Plus il y a de monde pour chanter au Parc des Princes, mieux c'est pour le club. Un stade vivant, c'est mieux pour tout le monde".

Sur le papier, donc, rien de nouveau. Dans les faits, pourtant, les premiers matches de la saison ont dessiné une autre sociologie dans l'arène parisienne. Lionel Messi et Neymar partis, la horde de touristes envahissant les travées comme on visite la Tour Eiffel s'est logiquement affaiblie. Difficile d'imaginer encore des touristes mexicains s'offrir des places à 350 euros au Parc comme ce fut le cas l'an passé lors de PSG-Bayern alors que le potentiel marketing du PSG à l'international en a pris un coup dans l'été.

La révolution parisienne de l'intersaison a eu le mérite de séduire les suiveurs historiques. Les supporters sont-ils contents d'avoir perdu de tels phénomènes ? "Totalement, il n'y a pas de haine envers ces joueurs-là, répondait encore le président du CUP. Ils font partie d'une période qui n'a pas marché dans le développement du club où c'était plus merchandising que sportif. Ça a détruit le sportif. Il fallait qu'ils partent pour le bien du club, pour repartir sur une page blanche. On se félicite que le PSG soit entré dans une nouvelle ère".

Une nouvelle ère où les Franciliens ont vraiment la possibilité de venir au Parc. Pour le match face à Nice vendredi (2-3), des places à 50 euros étaient encore disponibles 48h avant le coup d'envoi. Inconcevable quelques mois auparavant, surtout un vendredi soir avec une affiche alléchante. Mais l'autre changement majeur concerne finalement le CUP.

Réclamé depuis de longs mois, une réforme du système de Ticketplace, site officiel de revente de billets, a été décidée. Là où des touristes pouvaient prétendre à des places en tribune Auteuil ces derniers mois, la possibilité est désormais réduite à des supporters "fidèles, engagés et assidus" selon les termes du CUP. Le prix de revente a aussi été limité, pour éviter les dérives du passé avec des abonnements "fictifs", uniquement dédiés à la revente, à la hausse, de billets. Forcément, l'ambiance s'en ressent.

Alors, le Parc est-il en voie de normalisation ? Pour les nostalgiques des années 90, on en est loin. Sur Boulogne, le club continue de véhiculer le même message. Reste que le retour des historiques ou des moins bien lotis financièrement est un petit pas en avant. Pour le reste, c'est à la direction parisienne de savoir ce qu'elle veut pour son stade. Car, comme l'a rappelé Romain Mabille, les membres du CUP font ce qu'ils peuvent : "On n’est pas des magiciens…"