Ligue des champions - Avant Real Madrid - Bayern Munich : Toni Kroos, la bonne passe

"Tout le mérite revient à Vinicius. Il a ouvert l'espace, et ce n'était peut-être pas si spécial". Voilà comment Toni Kroos a décrit la géniale passe décisive qu'il a offerte à son coéquipier brésilien mardi dernier à Munich, en demi-finale aller de Ligue des champions (2-2). Demander à Federico Valverde de lui laisser le ballon, orienter son corps pour une passe du gauche, pour finalement réussir une ouverture millimétrée du droit de près de 30 mètres, en indiquant presque le sens de l'appel au receveur. Et banaliser le tout à l'arrivée. C'est donc cela, être Toni Kroos ?

Après tout, ce n'était "que" l'une des 23 passes de l'Allemand ayant cassé au moins une ligne au match aller. La différence avec le deuxième total de la rencontre (Konrad Laimer, 10), dit tout du gouffre qui a séparé l'ancien Munichois des autres joueurs sur la pelouse mercredi dernier. Mais ne raconte qu'une toute petite partie de la domination qui est la sienne dans ce domaine.

C'est bien simple, 25% des passes de Kroos en Ligue des champions cette saison ont cassé au moins une ligne, comme l'indique Opta. Tout simplement phénoménal, évidemment inégalé. Le natif de Greifswald a toujours été un maître de la passe, mais prend un malin plaisir à la rappeler du haut de ses 34 ans. Et à pousser l'excellence presque à l'extrême.

Kroos, c'est encore 92% de passes réussies en C1 cette saison, couplé au deuxième total de passes longues (plus de 30 mètres) réussies pour un joueur de champ derrière... Joshua Kimmich. Et au deuxième total de passes réussies dans les 30 derniers mètres derrière Rodri.

Un cocktail réservé à la crème de la crème, servi de la même manière en Liga, où il réussit 91,2% de ses passes, où aucun joueur de champ n'a réussi plus de passes longues que lui, pas plus qu'il n'a de concurrent depuis trois saisons concernant les passes réussies dans le dernier tiers du terrain. On frôle l'indigestion statistique. Mais Kroos le vaut bien.

Concrètement, cela donnera bientôt 100 passes décisives sous la tunique madrilène - il a offert la 97e à Vinicius au match aller. Visuellement, et pour sortir des chiffres, c'est toujours la même impression : celle d'un joueur en contrôle, que rien n'affole, capable de temporiser comme de déclencher, qu'il soit entouré d'Aurélien Tchouaméni, Eduardo Camavinga ou Federico Valverde.

"Oh, Toni Kroos… Il contrôle le Real d’une telle manière… Il a vraiment fait un match grandiose", s'extasiait Pep Guardiola après le quart de finale entre les Merengue et Manchester City (3-3). "C'est comme dans un orchestre, il dirige. Il donne le tempo. On peut toujours se reposer sur lui. Il dégage un tel calme..." l'encensait lui Antonio Rüdiger sur Sky Germany.

On pourrait croire que tout ce beau monde, Carlo Ancelotti compris, a bien en tête qu'on ne profitera pas de Kroos éternellement, alors que son contrat arrive à expiration en juin prochain. Mais le joueur passé par Leverkusen est tout simplement encore au sommet de son art : il est titulaire indiscutable en Ligue des champions, cumule déjà 43 matches cette saison, et a même accepté de revenir en sélection allemande pour l'Euro, près de trois ans après sa première retraite internationale. C'est ce qu'on appelle une belle passe.