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Ligue des champions | Braga - Napoli | Rudi Garcia, premières turbulences à Naples
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Publié 20/09/2023 à 00:42 GMT+2
Arrivé cet été au Napoli pour prendre la lourde succession de Luciano Spalletti, Rudi Garcia connaît ses premières turbulences sur le banc parthénopéen. Dans l'œil du cyclone après un début de saison difficile du champion d'Italie, l’entraîneur français va devoir réagir en Ligue des champions, ce mercredi soir (21h), à Braga. Au risque de voir sa position se fragiliser.
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Video credit: Eurosport
Fort heureusement, il reste encore quelques étendards accrochés dans les rues de Naples pour nous rappeler que le Napoli a été sacré champion d’Italie en juin dernier. Car sur le terrain, tout le monde semble à peu près l’avoir oublié, notamment les premiers concernés. Aujourd’hui, un peu plus de trois mois après la quête victorieuse d’un troisième Scudetto historique, les premières sorties du Champion d’Italie version 2023-2024 oscillent entre le morose et l'inquiétant.
D’abord au niveau comptable, avec 7 points après 4 journées de Serie A (2 victoires, 1 nul et 1 défaite). Mais encore et surtout dans le jeu, avec une équipe en déliquescence et cousine éloignée de celle admirée la saison passée. "Il y a encore beaucoup de travail", avait d’ailleurs reconnu le grand patron Aurelio De Laurentiis après la défaite face à la Lazio Rome (1-2) début septembre. Le match nul arraché sur la pelouse du Genoa (2-2), samedi soir, ne l'a pas vraiment rassuré.
Au pied d’un Vésuve pas encore en ébullition mais pas loin d’y entrer, Rudi Garcia sent bien la température grimper. Le technicien français se doutait que cela arriverait, surtout après avoir accepté de récupérer la succession de Luciano Spalletti cet été, parti après une année mémorable et éreintante. Mais peut-être pas aussi vite, quand même. "Rudi, tu fais quoi ?", s’interrogeait par exemple La Gazzetta dello Sport lundi, remettant en cause les choix de l’ancien entraîneur de Lille, l’OM ou encore l’OL. Le quotidien parlait également d’une "magie évaporée" à Naples, et de joueurs "devenus méconnaissables" pratiquant un jeu "illisible".
Avant d’ajouter : "Ils n’ont toujours pas compris ce qui est réclamé par Garcia, probablement convaincu de son travail même si les signaux d’alerte sont là. C’est une équipe en déstructuration qui a perdu toutes les caractéristiques vertueuses du jeu flamboyant pratiqué avec Spalletti sans en acquérir des nouvelles. Pas une question de goût, mais d’efficacité." Un bref condensé de tout ce qui se lit de l’autre côté des Alpes depuis maintenant plusieurs semaines.
De Spalletti à Garcia, il faut dire que le changement est radical. Et assumé par le deuxième. "Le passé, je ne le connais pas", avait-il balayé à la question d'un confrère, comme pour vouloir marquer sa différence. Si le système de base (4-3-3) est bien resté le même (une priorité pour De Laurentiis au moment de choisir son nouvel entraîneur), toute la méthodologie de travail a été bouleversée. La philosophie de jeu aussi. Alors que le seul Kim min-jae est parti lors du mercato, le reste du groupe napolitain, conservé dans ses grandes largeurs, était par exemple habitué aux séances tactiques à répétition pour développer un modèle bien précis, qui a fini par être admiré dans toute l’Europe.
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Rudi Garcia (Napoli)
Crédit: Getty Images
"C’est évident que le football pratiqué par le Napoli la saison dernière n’est plus d’actualité, confirme Vincenzo Credendino, journaliste spécialisé à CalcioNapoli24. Il est tout aussi évident que la possession recherchée avec Spalletti ne l’est plus avec autant d’insistance aujourd’hui. On pensait au début que cela pouvait être simplement une idée, mais on a l’impression que l’équipe est enfermée dans un entre-deux avec très peu de solutions, d’idées et de créativité".
Soutenu par son président, Garcia prône un jeu plus direct, moins patient, ce qui semble aller contre la nature même de son équipe, construite et pensée par son prédécesseur. Résultat, les lignes s’étirent, les repères disparaissent, l’équilibre se fait friable et la défense prend l’eau, encaissant 5 buts en 4 matches. Certains joueurs ont encore les réflexes tactiques inculqués par leur ancien technicien, et qui ne collent donc pas à ceux voulus par le nouveau. "C’est comme si, d’un coup, toutes les certitudes acquises la saison dernière avaient disparu, résume le journaliste napolitain. Il faut encore du temps à Rudi Garcia, sans aucun doute. Mais on peut dire que son expérience ici a commencé entre ombres et lumières."
La colère de Kvara
Du côté du vestiaire napolitain, tout ne semble pas vraiment rose non plus. Grand protagoniste du Scudetto et révélation du championnat italien la saison dernière (12 buts, 13 passes décisives), Kvicha Kvaratskhelia est en crise. L’international géorgien, qui n’a plus marqué depuis le 19 mars dernier face au Torino, ne cache plus son agacement sur le terrain. Remplacé en cours en match lors des deux dernières journées (Lazio et Genoa), celui qui est décrit avec la mine "triste" par les médias transalpins a manifesté de manière claire son désaccord samedi au Stadio Marassi.
"Il a été remplacé par le jeune Alessio Zerbin, et cela ne lui a pas plu. Il l’a signifié avec un geste assez évident en quittant la pelouse. Un sentiment partagé par les tifosi, qui n’ont pas compris ce changement", affirme Vincenzo Credendino. Si Luciano Spalletti l’avait remplacé à trois reprises lors des quatre premières journées, c’était uniquement dans un but de gestion de sa condition. Là, les raisons sont différentes et le ressenti du joueur en est la première conséquence. Certains de ses coéquipiers ne sont pas plus heureux : Anguissa semble hors condition, Lobotka hors position et Osimhen hors précision (19 frappes, 3 buts). Arrivé pour remplacer l'indispensable Kim min-jae lors du dernier mercato, le défenseur brésilien Natan n'a toujours pas disputé la moindre minute de jeu.
En coulisses, la situation n’est pas considérée comme alarmante. Au pire inquiétante. De Laurentiis est en contact permanent avec Garcia, tant pour lui témoigner sa confiance que connaître l’état de ses troupes. Mais le président napolitain réclame également un retour du jeu et des résultats, et le plus vite possible. Il peut comprendre la période de transition, les balbutiements. Certainement pas le contenu fourni lors de la deuxième mi-temps face à la Lazio, puis de la première heure de jeu sur la pelouse du Genoa (de 2-0 à 2-2).
"Le plus dur n’est pas de remplacer Spalletti, mais de remplacer le travail effectué par Spalletti, a reconnu Walter Sabatini, dirigeant historique du football italien et ami de Rudi Garcia, qu’il a bien connu à la Roma, au quotidien Il Mattino. Rudi a besoin de temps, il doit transmettre ses connaissances et faire son propre jeu. J’ai confiance en lui-même si je redoutais des débuts difficiles. Il lui faut du temps." Mais en aura-t-il dans une ville souvent encline à s’embraser à la moindre étincelle ? Pour l’instant, oui. Mais son crédit est loin d'être éternel et les prochains matches seront décisifs.
"Sa position n’est pas en danger, je peux le confirmer, affirme Vincenzo Credendino. Il n’y a eu que quatre journées de championnat, et la C1 va seulement démarrer. C’est encore trop tôt. Un premier bilan sera fait dans plusieurs semaines. Mais c’est tout aussi évident qu’il va falloir inverser la tendance actuelle. Certains tifosi ne sont pas vraiment convaincus du chemin pris par le technicien." Au point que l’un d’entre eux a décidé de lancer, sur les réseaux sociaux, une pétition réclamant le départ de Garcia histoire de "ramener le beau jeu à Naples". Que le Français se rassure, elle ne récolte qu’une quarantaine de signatures ce mercredi matin.
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