Ligue des champions, PSG - Borussia Dortmund - Six après son départ au Barça, Ousmane Dembélé retrouve le BvB

Il était jeune, frivole et, surtout, décisif. Avec toute l’insouciance inhérente à ses 20 ans, Ousmane Dembélé venait de terroriser les défenses allemandes dès sa première saison avec le Borussia Dortmund. 10 buts, 21 passes décisives, des crochets à la pelle et des accélérations en pagaille, il n’en fallait pas davantage pour convaincre le Barça d’en faire la tête de gondole de l’après-Neymar.

Professionnel depuis deux ans, Dembélé allait incarner, c’était sûr, le futur du club catalan et des Bleus. La suite est connue et nettement moins ravissante. En six ans à Barcelone, l’ex-Rennais a parfois donné l’impression de subir son destin. On en croirait presque qu’il ne reste rien de cette saison dorée, tant le dribbleur fantasque a été raillé pour ses excès de légèreté.

Ses retards à l’entraînement, sa nutrition aléatoire et son zèle incontrôlé avec un arbitre ont alimenté les journaux catalans. Côté physique, ce n’est pas beaucoup mieux : en six saisons, Dembélé n’a pris part qu’à 56% des matchs du Barça, la faute à des blessures récurrentes aux ischio-jambiers ou au genou d'autant plus surprenantes que sa saison en Allemagne n'a pas subi le moindre temps mort. Voilà pour l’image que l’on se fait du natif de Vernon. Mais n’est-elle pas exagérée ? Après tout, ses écarts de comportements exaspéraient aussi dans la Ruhr, et il fallait voir l’état dans lequel il a rendu son logement à son départ pour le comprendre.

Dembélé fêtait alors tout juste ses 20 ans et en a désormais 26. Il a incontestablement mûri. "J’ai beaucoup changé, je suis plus responsable, plus mature, je n’ai plus 19-20 ans", indiquait-il lors du dernier Mondial. "Ousmane est un joueur plus construit, plus mature, même si ça reste quand même quelqu’un de très joyeux", souriait en retour Didier Deschamps.

Entre ses premières années au Barça tronquées, symbolisées par sa saison 2019-20 quasi-blanche (9 matchs), et son arrivée à Paris, Dembélé s’est assaini physiquement. "Je ne le savais pas avant, mais maintenant je vois qu'il est essentiel de travailler sur et en dehors du terrain", indiquait-il à Sport il y a tout juste un an. Le déclic coïncide avec l’arrivée de Ronald Koeman, en août 2020, dont le staff le convainc des bienfaits de ce travail invisible.

Il a également dû se mettre aux efforts défensifs, après une année dans une Bundesliga moins exigeante dans le domaine. Là encore, les progrès ont été longs à venir, mais sont réels. "J’ai été très content d’avoir ce soutien défensif, il a été précieux", disait ainsi son compère sur l’aile droite, Jules Koundé, à son propos au Mondial, où son envie de bien faire a sauté aux yeux, malgré de grandes difficultés en finale.

Mais le Dembélé actuel n’a pas non plus gommé toutes les scories qui l’ont empêché d’exploiter son immense potentiel. Ses deux occasions manquées vendredi contre Nice en sont la preuve, l’ailier n’est pas du genre létal face à la cage. Sa facilité technique et sa vitesse lui permettent de se procurer de nombreuses situations, mais sa finition laisse toujours à désirer. Sa prise de décision dans le dernier tiers est aussi perfectible, et en quatre matchs à Paris, il n’a pas marqué ni donné de passe décisive.

Son entraîneur Luis Enrique a évacué le sujet ("Je ne suis absolument pas inquiet"), cela n’en reste pas moins une constante dans sa carrière. Sa saison à Dortmund, dans une Bundesliga propice aux grands espaces, reste sa plus prolifique. Depuis, il n’a contribué à plus de 20 buts toutes compétitions confondues que sur une de ses six saisons à Barcelone (14 buts et 8 passes décisives en 2018-19). En sélection, c’est encore moins fameux, avec 4 petits buts en 39 capes.

On ne demande évidemment pas à un ailier d’être une machine à marquer, mais le décalage entre l’activité de Dembélé et le rendu chiffré est criant. A défaut, il "fait des stats’" depuis deux saisons en donnant des passes décisives (13 il y a deux ans, 8 l’an passé). Ce pic de 2021-22 a été curieusement atteint lors de la demi-saison passée par Pierre-Emerick Aubameyang en Catalogne, ravivant la connexion établie à Dortmund. En un an et demi de vie commune, Dembélé lui a distillé 15 caviars convertis en but et n’a jamais paru aussi à l’aise qu’avec un attaquant de profondeur à ses devants. Quelque chose nous dit que Kylian Mbappé et Randal Kolo Muani s’en délectent déjà.