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Ligue des champions - Un acte d'autorité de Luis Enrique : Anoeta 2015, le jour où la MSN est vraiment née

Antoine Donnarieix

Mis à jour 05/03/2024 à 17:29 GMT+1

En pleine quête européenne, le Paris Saint-Germain compte deux buts d’avance avant son huitième de finale retour de Ligue des champions à Saint-Sébastien. Il faut croire que le hasard fait bien les choses avec Luis Enrique, puisque c’est au cœur de l’enceinte de la Real Sociedad que l’Asturien est passé de l’ombre à la lumière dans sa carrière d’entraîneur. Non sans secousse…

Mbappé peut-il être remplaçant ? "S'il était à son niveau, la question ne se poserait pas"

Quand tout va bien dans le fond, ce Paris Saint-Germain a le chic pour bousculer les codes sur la forme. Il y a maintenant trois semaines, les hommes de Luis Enrique faisaient le boulot à domicile contre la Real Sociedad dans un Parc des Princes satisfait du résultat final (2-0). L’homme du match ? Kylian Mbappé, à la fois auteur de l’ouverture du score et clé de voûte du PSG pour se décomplexer contre un adversaire abordable dans la compétition phare en Europe.
La Saint-Valentin pouvait donc bien se dérouler jusqu’à sa fin entre Mbappé et son employeur. Et puis, le lendemain, un caillou est arrivé dans la chaussure du club de la capitale : Mbappé ne souhaite pas prolonger son contrat à Paris. Dans n’importe quel autre club de ce standing, cette annonce n’aurait pas entraîné un tel chamboulement à court terme sur le plan sportif. Mais à Paris, la donne est différente et le divertissement prend, trop souvent, une place centrale.
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Luis Enrique et Leo Messi

Crédit: Panoramic

La défaite comme moteur

Cela fait maintenant trois matchs que le changement de politique entre Luis Enrique et Kylian Mbappé saute aux yeux. Deux jours après son annonce, l’actuel meilleur buteur de Ligue 1 est placé sur le banc de touche à Nantes. Dans les faits, cela ne l’empêche pas d’entrer en jeu pour sceller la victoire des siens avec un but (2-0). Contre Rennes à domicile la journée suivante, Mbappé sort peu après l'heure de jeu le visage grimaçant et se fait remplacer par Gonçalo Ramos. . Si certains n’y voient qu’une coïncidence, c’est bien grâce à Ramos que le club de la capitale va égaliser dans les toutes dernières secondes du match via un penalty provoqué et transformé par l’attaquant portugais (1-1).
Et ce vendredi, dans un match finalement nul et vierge à Monaco (0-0), Kylian Mbappé s’est fait mettre au repos dès la mi-temps. Après la pause, la probable future recrue du Real Madrid change de vêtements, ne s’assoit pas sur le banc des remplaçants et part rejoindre sa mère Fayza Lamari en tribune présidentielle. "Je n'ai pas vu ce qu'il se passait en dehors du terrain, révélait Luis Enrique au micro de Free Ligue 1. Cela fait partie du show du football, et mon show concerne ce qui se passe sur la pelouse.”
Concernant le nouveau remplacement de Mbappé, l’Asturien affirme en conférence de presse "une décision à 100% de l’entraîneur. Tôt ou tard, il faut s’habituer à jouer sans Kylian. Je prends cette décision dans l’objectif d’apporter le meilleur à l’équipe. (...) Je ne vais pas rentrer dans votre jeu. Il n’y a aucun problème, c’est simplement gérer une situation de la meilleure manière possible.” Cette manière de procéder, l’Espagnol l’a acquise au Barça il y a dix ans. Et ce n’était pas une, mais trois flèches offensives à gérer en même temps avec Leo Messi, Luis Suarez et Neymar. À ce propos, l’aventure catalane n’a pas ressemblé à un long fleuve tranquille pour l’entraîneur recruté au Celta de Vigo.

Messi et Neymar sur le banc

Le 4 janvier 2015 est une date à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du FC Barcelone et de Luis Enrique. Paradoxalement, ce n’est pas un trophée majeur ou une victoire qui va engendrer la réussite de la MSN, mais une défaite. Ce jour-là, les Catalans se déplacent sur la pelouse d’Anoeta, propriété de la Real Sociedad, où le Barça n’a plus gagné depuis quatre rencontres toutes compétitions confondues. Partis se relaxer en Amérique du Sud, Messi, Neymar et Dani Alves sont revenus de la période des fêtes de fin d’année avec du retard par rapport à leurs coéquipiers.
Désireux de montrer son autorité vis-à-vis du vestiaire, Luis Enrique titularise le rigoureux Suárez à la pointe de l’attaque mais place les deux autres stars du trident sur le banc des remplaçants au démarrage de la rencontre. Avec cette surprenante composition de départ, le Barça encaisse un but contre son camp de Jordi Alba dès la deuxième minute du match. Le temps passe, les entrées successives de Messi, Neymar et Dani Alves en seconde période n’y changent rien : le Barça s’incline 1-0. Pour synthétiser le choix de Luis Enrique, El Mundo conclut son compte-rendu de match par “une manière assez absurde de se punir soi-même, mais surtout de punir son équipe.” Ambiance…
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Lionel Messi et Neymar, Barça 2013-2014

Crédit: AFP

Perdre contre la Real est un coup dur qui a affecté l’effectif
Déjà auteur d’une saison blanche lors du précédent exercice sous la houlette de Gerardo “Tata” Martino, le Barça voit le spectre d’une nouvelle crise interne pointer le bout de son nez. Dans la foulée de la défaite à Saint-Sébastien, Andoni Zubizarreta est démis de ses fonctions en tant que directeur sportif. En Liga, le Real Madrid reste toujours leader du classement général et l’absence de Messi lors du premier entraînement précédant la défaite au Pays basque entraîne son lot de rumeurs.
De manière officielle, Luis Enrique donne sa version des faits soutenue par le club : Messi était absent à cause d’une gastro-entérite. Sollicité par de nouvelles questions sur son rapport avec son vestiaire et son président Josep Maria Bartomeu, l’entraîneur est catégorique. “Je n’ai rien à regretter sur le plan personnel avec mes joueurs jusqu’à aujourd’hui. Je me sens soutenu par le club et mes joueurs, je n’ai aucun doute là-dessus. (…) Je maintiens la communication avec mon président mais je ne commenterai pas vos histoires. Je n’ai reçu aucun ultimatum.
Cela dit, le coach concède tout de même que “perdre contre la Real est un coup dur qui a affecté l’effectif et le staff technique.” Un sentiment loin d’être anecdotique, puisque c’est au cours de cette analyse post-défaite que le Barça de Luis Enrique s’est définitivement installé sur la rampe de lancement vers son dernier triplé Liga-Copa-Ligue des champions à ce jour.
Le lendemain de la tuile dans le Guipuscoa, les cadres barcelonais se réunissent au sein des bureaux du Barça pour éteindre une tension naissante : celle entre Leo Messi, contrarié par la tournure des évènements, et Luis Enrique, toujours aussi intransigeant sur son autorité. Médiateur dans ce conflit et ancien coéquipier du Lucho joueur au Barça, Xavi Hernandez a joué un rôle central pour inciter l’entraîneur à mettre de l’eau dans son vin et redonner à l’Argentin une place de titulaire indiscutable au sein du onze de départ.
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Luis Enrique and Leo Messi

Crédit: Imago

C1 : un Barça champion des champions

Que s’est-il passé après cette fameuse réunion ? Mis à part un huitième de finale retour de coupe d’Espagne contre Elche où Messi a été logiquement mis au repos (le Barça s’était imposé 5-0 à l’aller), le numéro 10 du Barça a joué tous les matchs de la deuxième partie de saison du coup d’envoi jusqu’au coup de sifflet final. Grâce à ce pacte de confiance passé avec La Pulga, Luis Enrique va consolider sa cote de popularité au sein d’une équipe qui va lui rendre au centuple ce choix d’avoir, pour une fois, placé son ego de côté.
Lors de la phase à élimination directe de Ligue des champions, le Barça va réaliser un parcours exceptionnel et vaincre tour à tour le champion d’Angleterre en titre en huitième de finale (Manchester City), le champion de France en titre en quart de finale (Paris Saint-Germain), le champion d’Allemagne en titre en demi-finale (Bayern Munich) et le champion d’Italie en titre (Juventus Turin) lors de la finale à l’Olympiastadion de Berlin.
Quatre mois après cette défaite à Anoeta, le Barça était déjà lancé à pleine vitesse vers le succès. Grâce à sa redoutable MSN bien sûr, mais aussi à l’alternative au tiki-taka trouvée par Luis Enrique avec Ivan Rakitic en métronome de la variation entre jeu court et jeu long. Face aux médias, le coach avait dû répondre à de nouvelles questions sur cette fameuse défaite riche en apprentissage contre la Real.
"Je ne m’en souviens pas comme d’une situation impossible à surmonter ou extrêmement difficile, rembobine l’Asturien avec sa moue caractéristique. C’était notre premier match après les vacances de Noël et à partir de ce moment-là, l’équipe a su conserver une très bonne ligne de conduite. Je vois plutôt cette défaite comme une probabilité dans un processus assez classique au cours de la saison. S’il faut que je répète mon opinion 800 millions de fois, je continuerai de donner toujours la même.Je n’ai pas à changer de version.” Luis Enrique n’est pas du genre à se confesser face aux médias, alors mettons directement les pieds dans le plat. Une défaite du Paris Saint-Germain à Anoeta par un seul but d’écart ne sera pas forcément un mauvais présage...
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