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PSG-Barça | Luis Enrique, dans l'intimité du vestiaire : "A Barcelone, il disait ses quatre vérités aux stars (Messi)"

Clément Lemaître

Mis à jour 09/04/2024 à 08:45 GMT+2

Arrivé l'été dernier, le nouvel entraîneur du PSG réussit ses débuts sur le plan sportif mais ne laisse absolument rien transparaître sur l'envers du décor. Qui est donc Luis Enrique dans l'intimité du vestiaire ? Avant le quart de finale aller de C1 PSG-Barça, Eurosport a donné la parole à ceux qui l'ont côtoyé de près comme joueur et entraîneur afin de mieux comprendre sa méthode.

Un absent derrière, un doute devant : quelle compo pour le PSG ?

Voilà un peu plus de neuf mois que Luis Enrique a débarqué au Paris Saint-Germain. A une cinquantaine de jours du baisser de rideau de l'exercice 2023-24, le technicien de 53 ans est toujours à la poursuite des objectifs fixés sur le plan comptable : son équipe est en effet en course pour remporter la L1, la Coupe de France et la C1. Si tout va pour le mieux sur le terrain, le coach parisien, qui s'exprime toujours publiquement en espagnol, ne laisse rien transparaître sur l'envers du décor de son vestiaire et de son quotidien avec le champion de France en titre.
Quand le micro lui est tendu, Luis Enrique se penche sur le sportif sans trop s'éparpiller sur le reste. L'Asturien manie la langue de bois à merveille, à l'image de sa conférence de presse du 16 février dernier où il a évacué toutes les interrogations après l'annonce en interne du départ à venir de Kylian Mbappé, ou dégage en touche sans prendre de gants comme lorsque le journaliste Alexandre Ruiz l'a interrogé sur les axes d'amélioration de son équipe après une victoire en championnat à Rennes (1-3).
Dans la foulée, AS n'y était pas allé par quatre chemins : "La France ne sait pas encore comment est Luis Enrique, mais ils vont le découvrir", pouvait-on lire en Une du site du quotidien espagnol. Sur le banc du PSG et lors des conférences de presse à Poissy, Luis Enrique est peu à peu devenu un personnage familier pour les observateurs français. Mais qui est-il vraiment une fois que la porte de son vestiaire se referme ? Quelles sont ses profondes aspirations sportives ? Pour cela, un flash-back dans les années 90 est nécessaire.
Il avait une telle rage de vaincre sur le terrain
Passé par Gijon, le Real Madrid et le Barça, Luis Enrique a disputé 555 matches en clubs (143 buts, 47 passes décisives) et joué 62 rencontres avec la sélection espagnole (dont trois coupes du monde et un championnat d'Europe pour douze buts au total). Au sein du club calatan, il a d'abord laissé une trace impérissable en tant que joueur comme nous le confie Boudewijn Zenden, qui l'a côtoyé pendant trois saisons.
"J'ai le souvenir d'un joueur avec un très grand cœur pour gagner. Il avait une telle rage de vaincre. C'était quelqu'un qui bossait beaucoup. Il donnait à chaque fois le meilleur de lui-même. Je l'ai vu quand il était blessé : il travaillait comme un fou dans la salle de gym pour revenir le plus rapidement possible, souligne le Néerlandais, à propos de l'ex-milieu de terrain pouvant "jouer numéro 10, 6 ou 8 avec la liberté d'aller vers l'avant". Humainement, je trouvais qu'il était super sympa. Dans le vestiaire, il faisait des blagues. Mais, une fois qu'on rentrait en mode compétition, il n'y avait que la gagne qui comptait. Il n'aimait vraiment pas perdre. Dans le vestiaire, c'était un poids lourd de l'équipe."
Un leader XXL qui n'avait aucune crainte à aller se frotter aux adversaires. Lors de la saison 2002-03, il n'a d'ailleurs pas hésité à aller courir plusieurs mètres pour aller dire sa façon de penser, les yeux dans les yeux et front contre front, à Zinédine Zidane coupable d'une faute sur son coéquipier Carles Puyol. Un chef de bande guère impressionné pour prendre ses responsabilités lors des Clasicos comme le prouvent ses statistiques personnelles (six buts dont un avec le Real et cinq avec Barcelone).
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Luis Enrique a porté le brassard de capitaine lorsqu'il était joueur du Barça.

Crédit: Getty Images

En revanche, en interne, Luis Enrique ne faisait pas totalement l'unanimité au Barça. Si un ancien joueur français nous confiait "n'avoir jamais eu beaucoup d'affinités" avec l'ancien numéro 21 barcelonais, Christophe Dugarry est allé droit au but. Dans l'émission "Rothen s'enflamme" sur RMC le 5 mars dernier, le champion du monde 1998, passé brièvement chez les Blaugrana (juillet à décembre 1997), parlait d'un joueur avec "un ego surdimensionné".
"Quand j’étais au fond du bus, c’est lui qui parlait le plus fort. Et je peux dire que ce n’était pas simple avec Louis van Gaal (alors entraîneur du Barça), qui lui aussi avait un boulard démesuré. C’était surréaliste. Il y avait des scènes que l’on vivait dans le vestiaire avec ce Luis Enrique, a lâché l'ex-Bordelais, qui arrivait à l'époque de l'AC Milan. Il n’arrêtait pas d’aboyer. Après attention, c'était un très bon joueur de foot, avec la grinta, il marquait beaucoup de buts et savait faire beaucoup de choses. Mais en revanche, il avait un boulard démesuré ! Il parlait au-dessus de tout le monde. Pourtant, à l’époque il y avait Guardiola, Figo..."
A l'été 2004, Luis Enrique raccroche les crampons. Quatre ans plus tard, il lance sa carrière d'entraîneur sur le banc de l'équipe réserve du FC Barcelone. Alors jeune gardien de but passé par la Masia, Jordi Masip découvre les méthodes du nouveau coach. Une philosophie restée ancrée dans l'esprit de l'actuel capitaine de Valladolid (Liga 2), qui ne boude pas son plaisir en rembobinant la boîte à souvenirs. "Que ce soit avec la B ou l'équipe professionnelle, je l'ai trouvé très proche de ses joueurs", nous confie-t-il dans un premier temps avant de développer les préceptes tactiques du futur vainqueur de la C1 (2015) et sélectionneur de l'Espagne (juillet 2018-mars 2019 puis novembre 2019-décembre 2022).
"Dès ses débuts sur le banc, c'était un entraîneur qui aimait que son équipe ait la possession du ballon. Il appréciait aussi le jeu de combinaisons et que les actions partent du gardien, décrypte-t-il. Sur les phases défensives, il nous demandait d'exercer un pressing haut et d'être très agressif. Son souhait était surtout qu'on réussisse à contrôler le jeu. Avec le Barça B, c'était un entraîneur qui aidait les jeunes et les motivait. Il nous donnait confiance et nous disait qu'on était proches de l'équipe première."
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Luis Enrique sur le banc du Celta Vigo en 2013-14.

Crédit: Getty Images

Il était à l'écoute si un joueur avait un problème personnel"
En 2011, la Roma lui offre sa première opportunité de s'affirmer sur un banc professionnel. En une saison avec le club de la capitale italienne, il se classe à une décevante septième place en Serie A. Après une saison blanche, un nouveau défi s'offre à lui. Direction le Celta Vigo qui vient de sauver sa place en Liga sur le fil (17e à un point du premier relégable, Majorque). Arrivé le même été en provenance d'Alméria, Charles Dias s'épanouit totalement sous la houlette de Luis Enrique (12 buts et 3 passes décisives), "le meilleur entraîneur" qu'il a côtoyé pendant sa carrière de joueur.
"Je n'ai que des choses positives à dire sur lui, tranche l'actuel secrétaire technique de Pontevedra (3e division). J'ai beaucoup appris avec Luis Enrique et son staff en une saison. J'aimais beaucoup sa manière de voir le football. Tactiquement, il était très bon. Quand il est arrivé, il a changé la mentalité des joueurs. Avec lui, le Celta Vigo est devenu une équipe avec un esprit plus gagneur." En douze mois, le club galicien a grimpé de huit places en Liga avec au tableau de chasse une victoire de luxe contre le Real Madrid de Carlo Ancelotti (2-0, doublé de Charles Dias), sacré champion d'Europe cette saison-là.

Un fan de vélo, de surf et de triathlon

Outre le sportif, c'est également l'aspect humain de l'actuel coach du PSG qui a marqué l'ancien attaquant brésilien. "Il était à l'écoute si un joueur avait un problème personnel. Un jour, ma femme était à l'hôpital et il ne m'a pas convoqué pour le match suivant. Il m'a dit : 'sois tranquille, reste avec elle, tu joueras le match d'après'." Luis Enrique faisait aussi sourire ses joueurs quand il "arrivait fréquemment à l'entraînement à vélo". "Cela devait lui prendre environ 1h30 aller-retour, se marre Charles Dias. Il avait arrêté sa carrière dix ans plus tôt, mais physiquement, il était encore au top." Cet aspect de la personnalité du technicien corrobore les souvenirs de Boudewijn Zenden. "Luis Enrique est un vrai sportif. En dehors de l'entraînement, il aimait bien faire du surf et il a fait des triathlons une fois sa carrière de joueur terminée."
Sur le plan du management, comment était l'ancien entraîneur du Celta Vigo dans un effectif qui comptait l'international danois Michael Krohn-Dehli, Rafinha ou Nolito ? "Comme aujourd'hui, souffle Charles Dias. C'était le même avec tous les joueurs, que ce soit les leaders, les plus anciens et les jeunes. Il faisait joueur les meilleurs peu importe les noms qu'il y avait dans l'équipe."
La saison suivante, Luis Enrique revient sur le banc du Barça, mais cette fois-ci en qualité de coach de l'équipe première. Une armada qui compte notamment Lionel Messi, Neymar et Luis Suarez dans ses rangs. Là encore, tout le monde est logé à la même enseigne. "A cette époque, les attaquants Sandro Ramirez et Munir El Haddadi arrivaient de la Masia. Parfois, le coach n'hésitait pas à les titulariser à la place de Lionel Messi, Neymar ou Luis Suarez, raconte Jordi Masip, qui a retrouvé son formateur à l'étage supérieur en 2014-15. Luis Enrique ne regarde pas l'âge. Il est totalement transparent. Même avec les stars de l'équipe, il n'avait pas peur de leur dire ses quatre vérités en face."
Il organisait souvent des diners au restaurant avec le groupe voire des sorties karting. D'ailleurs sur la piste, il était performant
Cette intransigeance n'empêchait pas l'Asturien de s'impliquer dans la vie du groupe pour en tirer la quintessence sur le terrain le week-end. Jordi Masip savoure encore ces moments précieux en les relatant. "En dehors du terrain, c'est quelqu'un d'amusant. Il est totalement différent par rapport à l'image qu'il peut renvoyer lors des interviews face aux journalistes, note le gardien espagnol de 35 ans. Avec nous, il était ouvert. C'était le premier à faire des blagues. Mais quand il fallait être sérieux, il était là pour le rappeler. Après, en dehors des entraînements, il organisait souvent des diners au restaurant avec le groupe voire des sorties karting. D'ailleurs sur la piste, il était performant (rires)."
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Quand Luis Enrique donnait ses consignes à Neymar sur le banc de Barcelone.

Crédit: Getty Images

Comme lorsqu'il était joueur du Barça, Luis Enrique ne fait cependant pas l'unanimité en tant qu'entraîneur. Arrivé lui aussi en 2014-15, la saison du triplé Liga-Ligue des champions-Coupe du Roi, Jérémy Mathieu a reproché la communication du technicien espagnol dans un entretien accordé à beIN Sports le 12 février dernier. "On va dire que notre expérience était mitigée. Pourtant, c’était lui qui me voulait. C’est un coach qui ne te parle pas beaucoup et que ne te met pas trop en confiance. Parfois, je faisais des gros matches et après j’étais sur le banc. Il ne m’a jamais expliqué pourquoi. Peut-être qu’il n’avait pas le temps ou peut-être qu’il fonctionne comme ça."
Sept ans après son départ du Barça, le voilà opposé pour la première fois à son ancien club. Un club qui sait que tout est possible avec Luis Enrique. Même une remontada historique après avoir encaissé un cinglant 4-0 au Parc des Princes...
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