Brest-Real Madrid : Eric Roy, aux origines d'un conte de fées

Intronisé, à la surprise générale sur le banc de Brest en janvier 2023, pour assurer l'opération maintien en L1, Éric Roy a l'occasion, mercredi contre le Real Madrid, de mener son équipe en huitièmes de finale de la C1. Pour ceux qui ont croisé sa route depuis 30 ans, ce parcours épique n'a rien d'une surprise. Pour Eurosport, ils racontent les coulisses d'une ascension longue à se dessiner.

Eric Roy lors de Barcelone-Brest en Ligue des champions.

Crédit: Getty Images

Brest treizième de la phase de ligue de la C1 et en ballotage pour se qualifier en huitièmes de finale : qui aurait vraiment pu imaginer, il y a encore deux ans, ce scénario rêvé quand il a repris le Stade Brestois à la surprise générale ? Mercredi, dans sa quête du Top 8 européen, Éric Roy aura pour mission de prendre à revers le Real Madrid, tenant du titre et qui reste sur quatre victoires consécutives toutes compétitions confondues. Une équipe placée derrière (16e avec 12 points) Brest, totalement novice dans cette compétition et qui compte 13 unités.
Cette formidable aventure a été rendue possible grâce à un groupe qui maximise son potentiel. Mais surtout grâce à un entraîneur que personne n'attendait là quand le Stade Brestois a misé sur lui en janvier 2023. Un coach qui a d'abord sauvé les Rouge et Blanc dans une saison à quatre descentes avant de les guider vers une historique troisième place en Ligue 1 en mai 2024.
"J'ai fait le métier de Greg (Lorenzi, le directeur sportif de Brest) pendant des années et je ne suis pas certain que je me serais choisi, confiait Eric Roy à la fin décembre à France Football. Par rapport à mon parcours, la prise de risque était énorme." Pourtant, à écouter ceux qui ont croisé sa route lors des trente dernières années, sa destinée de coach n'a rien d'une surprise.
Retour à la fin des années 80. Le 26 novembre 1988 plus exactement. Ce jour-là, Eric Roy, tout juste 21 ans, effectue son baptême du feu en première division contre Montpellier (3-3). Pour le public niçois, le milieu de 1,88m n'est pas un inconnu : il est le fils de l'ex-attaquant international français (1 sélection) Serge Roy, passé par Monaco, l'OM puis le Gym en 1964.

Bonnevay : "C'était un jeune joueur exemplaire, guidé en arrière-plan par son père"

Dans un vestiaire composé de vieux briscards comme Jacky Bonnevay, Thierry Oleksiak, Jules Bocandé, Robby Langers ou Pascal Gastien, des joueurs avec au minimum 200 matches au compteur, le natif de Nice s'impose sans difficulté. "Éric était respecté parce qu'il était très sérieux et très investi dans son métier. C'était un joueur exemplaire, guidé en arrière-plan par son père, se remémore Jacky Bonnevay. J'aimais déjà ses réflexions et ses sensations sur le jeu. Alors qu'il débutait, on sentait une certaine maturité. Sur le terrain, il avait une bonne lecture du jeu, un sens tactique développé, une technique de balle intéressante et une grosse activité au milieu. On savait qu'on pouvait compter sur lui." "Il avait déjà les codes du footballeur professionel, corrobore Pascal Gastien, qui se rappelle aussi d'un joueur "chambreur". Il était à l'écoute et avait cette envie de progresser constamment. On ressentait aussi déjà son leadership. On pouvait présager ce qu'il est devenu aujourd'hui."
Après 59 matches et 2 buts marqués en D1, Éric Roy descend d'un étage en 1991 à cause de la rétrogradation administrative du Gym (pourtant 14e de première division). A la suite d'une saison en D2, sans parvenir à faire remonter le club azuréen, le milieu de terrain part à Toulon. "Éric me faisait penser à Peter Bosz au niveau de la détermination, nous confie son ex-capitaine Frédéric Meyrieu. Il était jeune, mais seulement sur le papier, car ce n'était pas un gars farfelu. À 24 ans, il était déjà en couple et avait une super hygiène de vie."

Meyrieu : "Les difficultés qu'il a connues à Toulon, avec ces six mois sans être payé, l'ont endurci pour la suite"

Là encore, la situation de la formation varoise est complexe. Un an après son arrivée à Toulon, Éric Roy subit sa deuxième descente au sein d'un club acculé financièrement. Pourtant, l'actuel entraîneur de Brest y a laissé d'excellents souvenirs. Frédéric Meyrieu encore : "Il faisait partie des joueurs qui avaient gardé la flamme malgré ce contexte compliqué. Les difficultés qu'il a connues à Toulon, avec ces six mois sans être payé, l'ont endurci pour la suite."
Dans la foulée, l'Olympique Lyonnais lui tend la main et bien lui en a pris. Sous l'impulsion de Jean Tigana, l'ex-Niçois prend une nouvelle dimension. Au milieu de terrain, c'est la première rampe de lancement vers la flèche Florian Maurice. En trois ans, il obtient une deuxième place en D1 en 1995, enchaîne 101 matches dans l'élite avec les Gones (pour 6 buts) et découvre la C3 avec un huitième de finale à la clé après avoir sorti la Lazio Rome d'Alessandro Nesta et Alen Boksic.
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Eric Roy sous le maillot lyonnais en Coupe de l'UEFA face à la Lazio Rome.

Crédit: Getty Images

En 1996, l'Olympique de Marseille est de retour en D1. Pour retrouver rapidement les premiers rangs, il mise sur des hommes d'expérience et révolus aux joutes de l'élite. Éric Roy fait partie de ce projet de reconstruction express. "A mon arrivée à l'OM en 1997, il y avait deux leaders dans l'équipe : Éric Roy et Xavier Gravelaine, nous confie Titi Camara, à propos d'un élément qui n'a "jamais été sifflé par le Vélodrome". Éric a souvent porté le brassard à Marseille. Pourtant, il y avait des grosses têtes d'affiche dans l'effectif comme Laurent Blanc, Christophe Dugarry ou Fabrizio Ravanelli. Quand il parlait, tu sentais la sagesse. Ce n'était pas un gueulard mais dans son regard, tu savais ce qu'il voulait dire. Même s'il n'a pas été en équipe de France, Eric a été un grand joueur. Je pense qu'il aurait mérité au moins une sélection."

Courbis : "AVEC Marseille, Eric était aussi important que Denis Zakaria à Monaco ou Rodri à Manchester City aujourd'hui"

Rolland Courbis l'a également découvert en 1997 lors de son intronisation sur le banc du club phocéen. Comme l'ancien international guinéen, le coach a été totalement convaincu par Éric Roy. Tant sportivement qu'humainement parlant. "Il était au 'carrefour' de mon système en 4-4-2 ou 4-3-3. Son sens tactique me permettait de me servir de Laurent Blanc à 200%, car il pouvait dépanner de temps en temps en défense centrale. Un peu comme Aurélien Tchouaméni aujourd'hui même si Éric était nettement au-dessus", note le technicien français avant de se lancer au jeu des comparaisons pour les jeunes générations qui n'ont pas vu sur un terrain le grand et longiligne numéro 6.
"Pour moi, il était aussi important que Denis Zakaria à Monaco ou Rodri à Manchester City aujourd'hui. Même si personne n'est irremplaçable, Éric était très difficile à remplacer, assure Rolland Courbis. Avec William Gallas, Peter Luccin, Fabrizio Ravanelli et Christophe Dugarry, Eric faisait partie des cinq absents contre Parme (finale de la C3 en 1999). Si on m'avait permis ce jour-là d'en récupérer un seul, j'aurais choisi Éric."
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Eric Roy (ici à gauche avec l'OM) contre le Celta Vigo en quarts de finale de la C3 1999.

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Une expérience mitigée à Sunderland

Après la perte du titre de champion de France 1999 sur le fil, et ce but du Bordelais Pascal Feindouno à Paris (2-3), Éric Roy part découvrir la Premier League avec Sunderland. Après 27 matches, étalés sur une saison et demie avec le club du Nord de l'Angleterre, le Français, pas toujours dans les plans de Peter Reid, tente de se relancer à Troyes lors du mercato hivernal 2001. Six mois plus tard, nouvelle à l'expérience à l'étranger : direction le Rayo Vallecano, où évolue alors Jean-François Hernandez, le père des deux actuels internationaux français (Lucas et Théo). S'il n'est pas un élément essentiel du club madrilène, Éric Roy parfait l'apprentissage de l'espagnol. Une nouvelle corde à son arc qui lui servira pour son après-carrière.
À l'été 2002, la montée de l'OGC Nice dans l'élite est validée par la DNCG à quelques heures seulement de la première journée. La direction du Gym, au budget hyper limité, doit s'activer dans un temps éclair pour réaliser des coups à faible coût. Les prêts et les joueurs libres sont la priorité du club azuréen. Eric Roy, bientôt 35 ans, fait partie de la deuxième catégorie. Nice se jette sur l'occasion. Il ne le regrettera pas : à la mi-septembre, le promu niçois est leader surprise de L1. En fin de championnat, il décroche la Coupe Intertoto (10e).

Cobos : "Je n'ai jamais entendu quelqu'un s'embrouiller avec lui"

"Sur le terrain, on voyait qu'il avait de la bouteille, se souvient Damien Grégorini, prêté en 2002 à Nice par l'OM. Au milieu, il jouait avec Olivier Echouafni. On savait qu'avec eux, on n'allait pas être dépassé. Avec son sens tactique de haute volée, il comblait les trous. Il savait quand il fallait accélérer ou calmer le jeu. Dans le vestiaire, je me souviens d'un super mec, très apprécié. On le surnommait le PDG (rires)."
"C'est vrai qu'il avait ce surnom, sourit José Cobos, co-organisateur à l'époque, avec Éric Roy, des sorties des joueurs niçois au restaurant. Au premier abord, on peut penser que c'est quelqu'un de froid voire hautain, mais Éric est une belle personne et honnête. Il a du charisme, c'est un leader naturel. Il parle très, très peu, mais quand il prend la parole, c'est clair, net et précis. Je n'ai jamais entendu quelqu'un s'embrouiller avec lui. C'est un homme élégant. D'ailleurs à l'époque, il arrivait toujours nickel sur le plan vestimentaire, c'était méthodique, carré."
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Eric Roy a fini sa carrière de joueur en beauté à Nice.

Crédit: Getty Images

En 2004, Éric Roy tire sa révérence avec 466 matches, 32 buts et 11 passes décisives au compteur. Par la suite, l'ancienne idole du Stade du Ray s'expérimente dans plusieurs domaines au sein de son club formateur : le marketing, la communication, le merchandising puis la direction sportive. Six ans après la fin de sa carrière de joueur, l'OGC Nice fait appel à lui pour remplacer Didier Ollé-Nicolle. Sans expérience, il doit apprendre sur le tas.
"Je suis devenu coach par hasard, a-t-il rappelé à France Football. Jamais je ne m'étais dit pendant ma carrière, qu'il fallait que je passe mes diplômes d'entraîneur... Je me retrouve là par obligation. Je ne me sentais pas de me défiler. Mon club de coeur était dans la panade, sans argent, sans entraîneur, je devais me démerder pour sauver l'équipe. Finalement, on l'a fait. Mais ce qui est fou, c'est que dès ma première causerie, dès mon tout premier entraînement, je me suis senti à ma place. Ç'a tout de suite été une évidence." "Chez lui, j'avais décelé la passion et la réflexion pour le football, appuie Rolland Courbis. Autant je n'aurais jamais pensé que Zinédine Zidane se reconvertisse en tant qu'entraîneur - et il m'a agréablement surpris- autant ça m'aurait étonné qu'Éric ne le devienne pas."
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Eric Roy lors de ses débuts en tant que coach à Nice.

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Stéphane Bahoken faisait partie de l'effectif du Gym à l'époque. L'actuel attaquant de Kayserispor assure aujourd'hui qu'il sera "à jamais reconnaissant envers Éric Roy et René Marsiglia" pour l'avoir lancé en Ligue 1 à 18 ans. "C'était le jour de mon anniversaire d'ailleurs (contre Valenciennes le 28 mai 2010), sourit le natif de Grasse. Éric est un coach toujours positif et intelligent dans ses analyses. Il m'a beaucoup fait progresser avec ses conseils et sa confiance. Il a cette aura qui lui permet de fédérer tout un groupe. Certains coachs ne sont pas très accessibles alors que lui est ouvert et abordable. Les joueurs l'apprécient et le suivent."
En novembre 2011, l'OGC Nice décide de le réinstaller au poste de directeur du football. Éric Roy ne le sait pas à ce moment-là mais il attendra onze ans avant de retrouver un banc. En 2015-16 puis 2016-17, son nom a circulé à Lille et Lorient pour remplacer Hervé Renard et Sylvain Ripoll. Finalement ce sont Frédéric Antonetti et Bernard Casoni qui lui ont été préférés.

Bonnevay : "Une fois, j'avais suggéré Éric Roy à un président de Ligue 1 qui cherchait un entraîneur. Il m'avait répondu : 'Jacky, t'es sérieux là ?'"

"J'étais souvent en contact avec lui pendant la période où il n'a pas entraîné. Un moment, je lui ai même dit : 'Le problème, c'est qu'on se demande si tu es entraîneur ou directeur sportif. Maintenant Éric, il faut que tu te positionnes', nous confie Jacky Bonnevay, vice-président de l'Unecatef et formateur BEPF. Cela l'a pénalisé pour retrouver un poste de coach. Une fois, j'avais suggéré Éric Roy à un président de Ligue 1 qui cherchait un entraîneur. Il m'avait répondu : 'Jacky, t'es sérieux là ?'. Dans son esprit, Éric était directeur sportif. Cela lui a collé à la peau et il aurait pu ne jamais entraîner de nouveau." Ce qui ne l'empêche pas pendant cette période de passer ses diplômes. En 2014, il effectue un stage aux côtés de Philippe Montanier, alors coach du Stade Rennais. "Il faisait partie de la même promotion que Zinédine Zidane et Claude Makélélé, précise le technicien normand. On voyait que sa vraie passion, c'était le terrain. Je l'avais trouvé extrêmement curieux dans tous les détails."
Pendant cette période, l'ancien milieu de terrain reste tout de même dans les radars footballistiques avec un rôle de consultant. Chez Eurosport et France TV. "Dans la cabine de commentateurs, c'était un régal et un plaisir d'être avec Éric car il connaît tous les rouages du milieu du football et comprend tout très vite. Il était à l'aise et cash dans ses analyses. Franchement avec lui, c'était facile", se souvient Fabien Levêque.
Malgré le manque d'offres, le rectangle vert est toujours bien présent dans l'esprit du consultant. "Il n'a jamais été déconnecté du milieu du foot, assure Fabien Levêque. A chaque fois qu'on allait dans les stades, je le voyais échanger longuement avec des dirigeants, des coachs et des joueurs. Il attendait de retrouver le terrain. Il m'en parlait et était lucide sur la situation. Il me disait : 'en ce moment c'est calme, ça ne bouge pas trop'."
A défaut d'un poste d'entraîneur, Éric Roy rebondit en qualité de directeur sportif en 2017 à Lens. "Je garde d'excellents souvenirs de lui dans ce rôle, explique Philippe Montanier, intronisé entraîneur des Sang et Or un an plus tard. Il avait la fibre entraîneur et c'était un avantage. Il connaissait les impératifs pour le coach sans faire d'ingérence dans mon travail. C'est quelqu'un de super réglo et qui parle plusieurs langues (anglais, espagnol). Il avait une très bonne relation avec les joueurs et les membres du centre de formation. A son arrivée, le RC Lens était dans une situation très difficile, proche d'une relégation en National et lui a participé à la reconstruction du club. A l'été 2018, il a réussi à faire partir 18 joueurs, ce qui était une grosse performance. Avec des moyens limités, il avait monté une équipe performante." Mais en avril 2019, la direction lensoise acte son départ, dans le cadre d'un plan de sauvegarde de l'emploi, "une décision qui avait marqué les joueurs avant les barrages", note Philippe Montanier, à propos d'Éric Roy qui occupera dans la foulée, et pendant six mois, le même rôle à Watford (Championship).
C'est finalement au moment où il s'y attendait le moins que Brest a misé sur lui. Selon Pascal Gastien, toutes ces années dans l'ombre lui ont permis "d'emmagasiner beaucoup, beaucoup d'expérience et de développer sa réflexion sur le jeu". Comment expliquer cependant ce succès maximal au sein d'un club, initialement bati pour jouer le maintien chaque saison ? Jacky Bonnevay a sa petite idée sur la question.
"Je suis allé à Brest plusieurs jours. Éric est entré dans le costume d'entraîneur exactement comme il le fallait en s'adaptant au duo Bruno Grougi-Julien Lachuer qui avait géré l'intérim à la fin 2022, note le tuteur du deuxième cité à l'examen du BEPF. Il a amené progressivement sa touche personnelle en se fondant dans le contexte brestois de manière extraordinaire. Là-bas, il a un peu un côté manager à l'anglaise." "J'aurais bien aimé être entraîné par lui, confie Damien Grégorini. Je ne pense pas qu'il hausse souvent la voix mais son vécu lui permet d'avoir un temps d'avance : sur le banc, il doit vite voir s'il y a un manque quelque part ou une faiblesse chez l'adversaire."
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Avant Barça-Brest, Eric Roy échange avec son hmologue Hansi Flick.

Crédit: Getty Images

Sous contrat jusqu'en juin 2025, Éric Roy va-t-il poursuivre sur le long terme sa formidable histoire avec le Stade Brestois ? Selon L'Equipe, ses dirigeants devraient lui faire parvenir une offre de prolongation de deux saisons supplémentaires courant février, après les barrages de la Ligue des champions. Alors que son nom a circulé du côté de Rennes l'été dernier, "King Roy", comme le surnomment les supporters des Rouge et Blanc, a une très belle cote sur le marché et les propositions ne devraient pas manquer cette fois-ci.
"L'été dernier, Éric avait des propositions mais il est resté à Brest car c'est quelqu'un de droit et loyal. Pour lui, c'était inenvisageable de partir après un an et demi alors que le club lui avait tendu la main. Mais à l'avenir, il peut voir plus grand car il a une vraie vision globale d'un club de football", remarque Fabien Levêque. "Peut-être qu'un jour, il aura la chance d'entraîner à Marseille, imagine Titi Camara. Il connaît la ville, la pression des supporters. Il a la carrure pour assumer ce rôle." Cette nouvelle carrure lui permettra de rivaliser, les yeux dans les yeux, avec Carlo Ancelotti mercredi soir. Un duel tant rêvé qui devient aujourd'hui réalité.
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