Paulo Fonseca, tempête à Milan : "Ici, certains ne donnent pas tout pour ce maillot"

Paulo Fonseca est arrivé le visage fermé et la mine des mauvais soirs. Malgré la victoire in extremis de son équipe face à l'Étoile Rouge de Belgrade (2-1) dans le froid de San Siro, le technicien portugais, toujours honnête et droit dans ses bottes, n'a voulu leurrer personne. Déçu et "triste" par la prestation délivrée par ses joueurs, comme il le confiera un peu avant minuit en conférence de presse, l'ancien entraîneur du LOSC a tout d'abord attaqué frontalement ses joueurs au micro de Sky Italia.

"Ce n'est pas une question tactique ou technique, mais de comportement, a-t-il entamé en préambule, après s'être dit satisfait du résultat mais pas du contenu. Le problème, c'est que cette équipe est comme les montagnes russes. Aujourd'hui ça va, demain je ne sais pas. C'est comme faire pile ou face. C'est impressionnant. Il y a des choses difficiles à changer, et parfois, je suis fatigué de me battre contre ces choses. C'était un match décisif pour nous, et il y a la sensation qu'on n'a pas voulu tout faire pour gagner... C'est la pire. Moi, je sais que je travaille tous les jours pour préparer mon équipe au mieux. Je ne sais pas si tout le monde peut dire de même dans l'équipe. On a l'obligation de venir ici et tout donner pour gagner. Ce qui n'a pas été fait. Je dois parler à mes joueurs de ce qui s'est passé sur le terrain. Cela ne peut pas arriver."

En colère contre le monde arbitral vendredi dernier après la défaite sur la pelouse de l'Atalanta Bergame (2-1), Paulo Fonseca s'en est pris, cette fois, directement à son équipe. Il l'avait déjà fait en interne, cette saison, notamment après une défaite face à Liverpool en Ligue des champions en début d'exercice. Mais cette fois, lassé et usé par le rendement alternatif de ses joueurs, capables du meilleur comme du pire (victoires face à l'Inter Milan et le Real Madrid, défaites contre Parme ou Fiorentina...), il a décidé de le faire publiquement. Au point d'en remettre une couche en conférence de presse.

"Quand on rentre dans un match décisif comme celui-là avec cette attitude et sans tout donner pour ce maillot, c'est difficile, a-t-il pesté. Je n'ai pas aimé ce que nous avons fait en tant qu'équipe. Nous avons l'obligation de tout donner sur le terrain. On peut rater une passe et parfois mal jouer, ça peut arriver. Mais on ne peut pas se contenter de faire ce qui est suffisant. Je vais parler à mes joueurs. Je ne suis pas énervé, mais je suis triste. C'est mieux que je n'en dise pas plus." Même si c'était déjà beaucoup. Au cœur d'une saison tumultueuse, entre divers épisodes sur le terrain (cooling break de la discorde face à Lazio, "penaltygate" à Florence...) et un classement (7e) bien loin des attentes en Serie A, Fonseca semble arriver à bout de nerfs. Et de course. "Le sentiment est que nous n'avons pas tout donné pour gagner", a-t-il réitéré en conférence de presse. Comme si certains joueurs jouaient contre lui.

"Je ne m'arrêterai jamais, a-t-il conclu. J'ai ma conscience en place. S'il y aura besoin d'appeler les jeunes de la Primavera (équipe réserve) ou du Milan Futuro (équipe qui évolue en troisième division depuis cette saison), je le ferai sans aucun souci." Stupeur dans la salle de presse. Si tout le monde a vu le même triste spectacle à San Siro, personne ne s'attendait à une telle sortie. Pas même au club. La nuit a été longue. Et la matinée s'annonce agitée à Milanello, avec des joueurs attendus aux alentours de 9h pour l'entraînement du jour. Une confrontation est attendue entre Fonseca et son vestiaire. Le premier réclame des explications et ne compte pas se défiler.

Pourrait-il prendre des décisions drastiques en vue de la réception du Genoa (20h45) dimanche soir ? Pas impossible. Sans trembler, le Portugais n'avait déjà pas hésité à envoyer Rafael Leão, l'une de ses stars, sur le banc pendant trois matches consécutifs cette saison. Titulaire inamovible avant son arrivée, le défenseur Fikayo Tomori, lui, ne voit plus le terrain. Quant au capitaine Davide Calabria, il a perdu son poste. Titulaire mercredi soir, il n'a pas daigné saluer son entraîneur à sa sortie. Pas un regard. Et pas un geste. "Théo Hernandez, auteur d'une nouvelle mauvaise prestation, est également dans le viseur", précise La Gazzetta dello Sport ce jeudi matin.

Et la direction dans tout ça ? Très critiquée par les tifosi, elle va devoir également se positionner. Soit du côté de son coach, qu'elle a toujours soutenu dans la tempête. Soit du côté des joueurs, mais il faudrait alors penser à changer d'entraîneur. Zlatan Ibrahimovic, conseiller du groupe RedBird Capital, propriétaire du club, pourrait être attendu au centre d'entraînement dans les prochaines heures. Tout comme le directeur technique français Geoffrey Moncada. Avec l'objectif d'éteindre l'incendie. Bonne chance.