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Ligue des Nations - Italie - Espagne : Gianluigi Donnarumma (PSG), retour brûlant à Milan

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 07/10/2021 à 00:04 GMT+2

LIGUE DES NATIONS - Près de quatre mois après son départ de l'AC Milan, Gianluigi Donnarumma fait son retour à San Siro, ce mercredi soir (20h45), pour y affronter l'Espagne avec la Nazionale. Si le gardien du PSG a tenté d'apaiser les tensions en conférence de presse, l'accueil de l'ex-enfant prodige s'annonce houleux après un nouveau message publié à son encontre.

Italy's goalkeeper Gianluigi Donnarumma before extra time in the UEFA EURO 2020 semi-final football match between Italy and Spain at Wembley Stadium in London on July 6, 2021.

Crédit: Getty Images

Le 26 août dernier, aux alentours de 19h, Gianluigi Donnarumma a dû avoir quelques sueurs froides. Devant sa télévision, le nouveau gardien du PSG, sacré champion d'Europe avec l'Italie un mois auparavant, assiste alors au tirage au sort de la Ligue des champions. Placé dans le chapeau 4, l'AC Milan, son ancien club, est alors tiré par Michael Essien. Deux options possibles : le Groupe A, avec Paris, justement, ou le B. Dans l'esprit du natif de Castellammare di Stabia, l'envie de retrouver ses anciens coéquipiers est probablement grande, lui qui a gardé contact avec la plupart.
Mais ses retrouvailles milanaises signifieraient aussi son grand retour à San Siro, un stade dont il a protégé les cages pendant presque sept ans. Problème, les tifosi n'ont pas vraiment apprécié sa manière de partir. Autant dire qu'un éventuel Milan-PSG aurait été une aubaine pour lui signifier plus ou moins calmement. Finalement, les Rossoneri sont envoyés dans le Groupe B, évitant ainsi à "Gigio" une probable soirée en enfer. Danger évité... ou simplement reporté ?
Il a eu une énorme chance la saison dernière...
Si Donnarumma ne fera donc pas (pour l'instant) son come-back en Lombardie sous le maillot parisien, il s'apprête toutefois à le faire avec celui italien. De quoi tout changer ? Pas certain. Ce mercredi soir, avec l'Italie, le gardien de 22 ans sera titularisé par Roberto Mancini, qui affronte l'Espagne en demi-finale de la Ligue des Nations. À Milan, donc. Puisqu'il y portera le maillot sacré de la Nazionale, celui qui a été élu meilleur joueur de l'Euro 2020 devrait être, en théorie, soutenu par tout le public. Mais dans la pratique, la soirée ne s'annonce pas aussi azzurra que prévu.
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Des sifflets sont même facilement imaginables pour le portier parisien, à qui ses anciens tifosi reprochent d'être parti sans la moindre reconnaissance. "Il a eu une énorme chance la saison dernière. En raison des restrictions sanitaires, les stades étaient encore à huis clos, affirme un connaisseur du club lombard. Avec le feuilleton autour de sa prolongation et l'attitude de son agent (Mino Raiola), je vous laisse imaginer l'accueil qu'il aurait reçu en fin de saison..."

"Des sifflets ? Si cela arrivait, je serais forcément déçu"

Parti libre de l'AC Milan, Donnarumma, dont la valeur est estimée à 65 millions d'euros selon le site spécialisé Transfermarkt, a tenté d'apaiser les tensions lundi. "Des sifflets ? Si cela arrivait, je serais forcément déçu, a admis le gardien en conférence de presse. J'ai toujours tout donné pour Milan. J'espère que tout ça sera mis de côté mercredi et que cela n'arrivera pas." Mais tout le monde craint le contraire. "La folie, c'est qu'il y a un risque de contestation pour Donnarumma, écrivait La Gazzetta dello Sport en début de semaine. Comme si les "Notti Magiche" de l'Euro 2020 n'avaient pas existé, comme si toute l'Italie n'était pas descendue fêter le titre le 11 juillet dernier pour crier "Champions d'Europe !". Oui, ce serait une folie".
Touchés dans leur orgueil, gênés par la forme plutôt que par le fond, les supporters de l'AC Milan présents mercredi soir parviendront-ils à faire comme si de rien n'était ? "Tu as grandi dans l'équipe que tu disais aimer, tu avais tous les tifosi derrière toi, tu as porté le brassard de capitaine de cette équipe glorieuse et, au moment où tu peux jouer la Ligue des champions avec elle, tu décides de partir pour deux millions d'euros en plus, probablement par peur de tomber dans la pauvreté", ironisait sur Instagram Luca Lucci, l'un des leaders de la Curva Sud Milano, peu après le départ de Donnarumma. "Nous, nous n’oublions pas les infâmes. Fais attention quand tu te promèneras à Milan", prévenait même une banderole accrochée à Milanello le 28 août dernier, toujours signée du groupe ultra milanais.
"Ce qu'on lui reproche, c'est simple, nous confie l'un de ses membres, qui préfère garder l'anonymat. Depuis son arrivée en 2013, le club a tout fait pout lui. En 2017, les dirigeants de l'époque ont cédé à toutes ses requêtes pour le conserver, de son salaire de 6,5 millions d'euros à la venue de son frère, troisième gardien qui touchait un million d'euros ! Son agent voulait qu'il parte, mais sa famille a résisté. Raiola ne l'a jamais digéré. Nous sommes fiers de la nouvelle direction, qui a dit non à tous les caprices pour le prolonger. Qu'il parte au PSG, on peut le comprendre, ce n'est pas le premier à quitter Milan. Même si d'un point de vue sportif, il n'y a aucune raison, puisque nous jouons également la C1 cette saison. Mais qu'il le fasse gratuitement, sans rapporter la moindre indemnité à un club qu'il dit tant aimer, ça non. Il y a des manières de faire. Donnarumma s'est tout simplement mal comporté et n'a respecté personne en partant de cette façon. Et il voudrait qu'on l'applaudisse en plus, c'est une blague ?"

Un choix que l'Italie peine encore à comprendre

En concurrence avec Keylor Navas à Paris, Gianluigi Donnarumma, qui a disputé son premier match de Ligue des champions la semaine passée face à Manchester City (2-0), fait régulièrement parler dans la presse transalpine, outre que sur les réseaux sociaux, où les tifosi milanais s'amusent généralement de ses photos sur le banc. Pour le Corriere dello Sport, qui s'en inquiétait la semaine passée dans l'optique de la Nazionale, "Gigio" se sent "triste" et "solitaire" à Paris. "Il ne s'en cache pas", écrivait même le quotidien.
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Donnarumma vit mal sa situation ? "Qu'il s'en prenne à son agent plutôt qu'au PSG"

La Gazzetta dello Sport parlait de son côté d'un "pacte sud-américain" en faveur de Keylor Navas, toutefois remplaçant lors des deux derniers matches avec le PSG. "Comment je vis les critiques sur mon choix de venir ici ? J’ai juste envie de rire. Je suis heureux au PSG, et je rigole quand je lis toutes ces conneries sur moi (…) C’est incroyable de jouer avec tous ces champions", répondait Donnarumma le lendemain, les yeux encore éblouis par sa première en C1.
"Il n'y a pas de problème. Je suis à Paris pour jouer, insistait-il lundi en conférence de presse. Je suis là pour jouer et je suis sûr que tout ira bien, je n'ai aucun problème pour la sélection. Je continue mon chemin. Je suis heureux de m'entraîner avec les stars du PSG et de grandir dans ce nouveau défi. (…) J'ai trouvé un vestiaire très uni. Il y a beaucoup de champions, mais on va bien ensemble. On s'entraîne avec le sourire, avec l'envie de s'entraider." Le 20 juin dernier, en plein Euro, l'international italien avait été (légèrement) sifflé par le Stadio Olimpico à sa sortie lors du match face au pays de Galles.
"Si j'étais au stade ce mercredi soir, je sifflerais aussi Donnarumma, a même expliqué Stefano Cecchi, journaliste et écrivain italien, à Radio Sportiva. Je vais aller plus loin : s'il ne l'est pas, le football est mort. Le football a un peuple, pas un public. Le supporter réagit avec passion. C'est l'essence même de ce sport. Comment le supporter du Milan peut aller au stade et rester indifférent avec Donnarumma ? Il avait le droit de partir, mais pas comme ça." J’espère qu’il sera entendu dans sa requête de ne pas être sifflé, a estimé de son côté Fabio Capello. Mais Donnarumma n’a pas été reconnaissant avec Milan. Pour tout ce que ce club lui a fait à lui et sa famille depuis sa jeunesse, il aurait dû se comporter différemment."
Gianluigi Donnarumma - AC Milan
Dans la Botte, et malgré les rivalités entre clubs, l'opinion publique a toujours basculé du côté de l'AC Milan dans ce feuilleton devenu national. L'attitude et la fermeté de ses dirigeants ont d'ailleurs été saluées par l'ensemble des médias transalpins cet été. En Italie, on aurait certainement préféré le voir rejoindre la Juventus. Mais la Vieille Dame, qui y a longtemps songé, n'a jamais rien concrétisé. Le non-transfert de Wojciech Szczęsny y est pour beaucoup. Le départ du directeur sportif Fabio Paratici à Tottenham et le retour de Massimiliano Allegri sur le banc aussi.
Dans l'entourage du joueur, on assure que Donnarumma ne craint aucunement une contestation mercredi à San Siro. "Il n'a que 22 ans, mais il possède le mental de quelqu'un de beaucoup plus âgé, nous confie-t-on. Sa personnalité et son caractère lui ont toujours permis de surmonter les obstacles. C'est comme si rien ne pouvait l'atteindre. Il trace sa route et suit son destin." En effet, du surnom "Dollarumma" de 2017 aux faux billets jetés sur la pelouse en plein championnat d'Europe U21, le gardien parisien a déjà traversé bien des moments difficiles depuis le début de sa carrière. Un autre pourrait se présenter à lui mercredi.
Mardi, à la veille de ce tant attendu Italie-Espagne, la Curva Sud lui a lancé un nouveau message : "Tu ne seras plus jamais le bienvenu à Milan. Homme de merde".
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