France - Suède, l'antisèche : Ne tapons pas sur le système !

Le système en 3-4-1-2, avec Antoine Griezmann positionné en soutien de Kylian Mbappé et Olivier Giroud, était la principale attraction de la soirée. Mais face aux deux lignes de quatre suédoises, il a beaucoup moins convaincu que lors de sa première utilisation contre l’Albanie. La faute à des individualités moyennes (Rabiot) ou défaillantes (Griezmann) dans l’animation. A des conditions physiques inégales, aussi. Et à des manques d’automatismes, clairement. Mais les Bleus ont une chance : ils comptent dans leurs rangs un garçon de la trempe de Mbappé. Attendu dans l’axe, il a brillé… quand il est parti du côté gauche, mais a clairement été le détonateur de cette rencontre. En individuel, souvent.

Plus globalement, les pistons Digne et surtout Dubois ont trop souvent manqué de justesse, quand l’axe nécessitait plus de qualité technique et de prise de risque. Dans le second acte, les Bleus ont mis plus de pression (huit tirs contre un en première période), sans être considérablement plus dangereux (un tir cadré dans chaque période). La Suède a, sans surprise, fait bloc et tenté d’exploiter au mieux ses situations dans la surface adverse. Avec son engagement habituel, pas toujours favorable à la fluidité des débats (14 fautes).

Cette rentrée marquait un nouveau souffle mais, heureusement pour elle, la France peut se reposer sur quelques valeurs sûres. Parmi elles, N'Golo Kanté a encore brillé en tissant sa toile au milieu de terrain. A ses côtés, Adrien Rabiot a mis 45 minutes pour rentrer dans son match mais a fini par montrer ses qualités. Si Kylian Mbappé, d'un éclair de génie, a extirpé la rencontre d'un profond ennui, Antoine Griezmann, à l'influence limitée et en manque de confiance, et Olivier Giroud, privé de munition, ont souffert. Tout comme Dayot Upamecano, fébrile pour sa grande première.

38e minute de jeu. La première période est encore verrouillée quand Marcus Berg passe devant Raphaël Varane pour se présenter face à Hugo Lloris dans la surface de réparation. Mais le portier de Tottenham réalise une sortie parfaite dans les pieds de l’attaquant suédois pour empêcher les locaux de marquer. Trois minutes après, Kylian Mbappé fait mouche. Si les Bleus avaient été obligés de courir après le score, la tâche serait devenue très, très compliquée face à ce bloc compact.

On aurait pu citer la performance de Mbappé, impliqué sur sept buts lors de ses sept derniers matches avec les Bleus. Mais N’Golo Kanté a également crevé l’écran. Le milieu de Chelsea n’est pas de ceux qui feront basculer ce genre de matches fermés. Mais il a encore été intraitable à la récupération et impressionnant d’activité. L’ancien caennais est ainsi devenu le premier joueur à gratter au moins dix ballons avec l’équipe de France lors de cinq matches consécutifs.

Voilà deux ans et demi qu’on n’avait pas vu Anthony Martial avec le maillot de l’équipe de France. Performant dans l’axe avec Manchester United cette saison, l’ancien Lyonnais a montré tout ce qu’il pouvait apporter - notamment dans la profondeur - durant le petit quart d’heure auquel il a eu droit. Un retour réussi qui donnera des idées à Didier Deschamps.

Victoire curieuse et paradoxale. Parce qu'elle a manqué de souffle, parce qu'elle n'a pas convaincu grand monde. Cette rentrée des classes avait un intérêt principal : le 3-5-2. Est-ce que ce succès sert sa cause ? Pas vraiment. Il devait placer les trois offensifs dans leur position préférentielle mais l'animation fut laborieuse comme rarement. Et Kylian Mbappé a trouvé la faille en s'exilant sur le côté gauche. Il lui a fallu combiner avec les Suédois, à défaut d’y arriver avec les siens, pour aller au bout de ses idées. Ce système devait libérer les latéraux. Digne et, surtout, Dubois ont brillé par leur timidité.

Faut-il le condamner pour autant ? Certainement pas. D'abord parce qu'avec Pavard et Hernandez, ce 3-5-2 aura une autre allure. Ensuite parce que son échec relatif du jour est d'abord à relier à la performance ratée d'Antoine Griezmann. Ce système est taillé pour lui. Face à l'Albanie en novembre, il avait d’ailleurs convaincu parce que Griezmann, buteur et passeur, avait offert une prestation dense. Comme il était prématuré de s'enthousiasmer en novembre, il serait injuste de condamner ce 3-5-2 aujourd'hui.

Tout dépend du Barcelonais et force est de constater qu'il s'est montré plutôt fiable ces dernières années. Ce 3-5-2 reste donc une option utile si Griezmann retrouve la lumière. La vraie question est de savoir si son aventure laborieuse à Barcelone ne finira pas par le plomber aussi en sélection. Tant que ce n'est pas le cas, et le match de samedi, aussi pénible fut-il, reste une exception, Deschamps a raison d'insister. Après tout, le 4-3-3 sans ailier gauche crédible a aussi ses fragilités.