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Aston Villa - Lille | "Je me demandais comment faisait sa femme" : Emery, une méthode bien à lui

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 11/04/2024 à 17:48 GMT+2

C'est donc ça, l'effet Unai Emery ? Débarqué sur le banc d'Aston Villa en octobre 2022, l'ancien technicien du PSG a redonné, en un peu plus d'un an, du jeu et des résultats à une équipe alors en perdition. Cinquièmes de Premier League, les Villans vont donner bien du fil à retordre au LOSC, ce jeudi soir, en quart de finale de la Ligue Europa Conférence.

Unai Emery

Crédit: Getty Images

Si vous parlez de "remontada" à Unai Emery, il n'est plus vraiment certain que le premier souvenir qui revienne au technicien espagnol soit cette terrible soirée du 8 mars 2017, lorsque son PSG se faisait renverser (6-1) à Barcelone. Non, aujourd'hui, le technicien ibérique penserait certainement à quelque chose de plus joyeux : sa folle remontée avec Aston Villa depuis sa nomination en octobre 2022. Débarqué en plein marasme, lorsque le club de Birmingham stagnait à une triste 16e place sous les ordres Steven Gerrard, Emery a tout redressé depuis. Les résultats, le jeu, le classement et le moral.
Après avoir ramené les Villans en Europe la saison dernière, une première depuis 2011, celui qui est également passé par les bancs de Valence, Séville, Arsenal et Villarreal, vient de les qualifier pour les quarts de finale de la Ligue Europa Conférence, où ils affrontent le LOSC (21h) ce jeudi soir. Et en championnat, la dynamique est la même : une cinquième place, à égalité de points avec Tottenham. Autant dire qu'une qualification en Ligue des champions est désormais un objectif concret. Merci qui ? Merci Emery.
Tout le mérite lui revient
"Il faut lui donner beaucoup de crédit, a estimé Joe Cole, ancien joueur du club (2014-2016), au micro de TNT Sports. Je pense que Steven Gerrard a connu une période difficile, mais il avait mis en place une structure en dessous pour ce club, alors que de l'argent avait été dépensé. Emery est arrivé et l'a porté à un autre niveau, donc tout le mérite lui revient." Dès son arrivée à Villa, Emery n'a pas hésité à donner un coup de pied dans la fourmilière. Le 4-3-3 imposé par son prédécesseur a été mis au placard pour laisser place à un 4-4-2 ou 4-2-3-1 plus équilibré et adapté aux qualités de son effectif. Devant, Ollie Watkins s'éclate. Avec 18 buts en Premier League, soit un seul de moins qu'Erling Haaland, l'international anglais impressionne.
"L'attaquant est très important pour moi, insistait Emery en avril 2023. J'ai parlé avec lui à mon arrivée ici. Je lui ai dit que je voulais le meilleur de lui, même à l'entraînement, être humble pour s'améliorer. C'est la voie à suivre (...) Il ne se contente pas de marquer, il s'investit chaque jour en essayant de travailler davantage, en regardant des vidéos. Il est le premier défenseur dans notre idée, il essaie d'être constant. Il travaille très bien avec le pressing haut. Il essaie de se battre avec les défenseurs. Et il marque des buts."
Unai Emery, manager d'Aston Villa
Depuis la nomination de l'Espagnol, c'est tout un club qui revit. Du vestiaire aux supporters, du staff aux dirigeants. "Ce qu'il réalise en Europe cette saison, c'est impressionnant, s'est enthousiasmé Peter Crouch, lui aussi passé au club (2002-2004), au micro de TNT Sports. Je suis intrigué de voir la suite. Ce sera intéressant de voir comment ils attaquent, ce qui marche parfois en championnat devient plus difficile en Europe. Ce sera intéressant de voir comment ils jouent."
"Si vous étiez dans un vestiaire et qu'un entraîneur débarque avec quatre coupes européennes (l'Europa League, ndlr) remportées au palmarès, vous écouteriez chacun de ses mots, non ?", interrogeait Joe Cole dans la foulée. 2014, 2015, 2016 : Séville. 2021 : Villarreal. Le CV européen de l'ex-technicien parisien en jette. Et ça aide, surtout pour imposer le respect auprès de ses joueurs. Mais la méthode Emery, c'est aussi une manière de manager bien singulière, basée notamment sur une passion intacte et contagieuse.

"Je me demandais comment faisait sa femme"

C'est notamment ce que raconte un certain Adil Rami, qui estime "avoir eu de la chance" de pouvoir évoluer sous ses ordres à Villarreal puis Séville. "Il a été le meilleur entraîneur de ma carrière, confirme le défenseur dans un entretien à TNT Sports. J'ai eu la chance de l'avoir à Valence et il m'a ramené à Séville. J'ai rarement vu un coach aussi passionné. Je me demandais comment il faisait pour vivre, comment sa femme et sa famille faisaient, c'est incroyable. Il connaissait même les remplaçants de nos adversaires, il nous faisait des vidéos. Il nous disait tout sur l'adversaire. Pourquoi ça marche mieux en Europe qu'en championnat ? Je ne sais pas. Mais dans ma carrière, j’ai parfois pensé que je pouvais devenir entraîneur. Quand je voyais mes coachs, je pensais que je pouvais faire mieux qu'eux. Lui, quand je l'ai vu, j'ai pensé que je ne pouvais pas être lui. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi passionné. Un amoureux du football, et qui aime tellement la victoire. Il est tellement à fond..."
Peut-être trop, parfois ? Ses détracteurs ont souvent pointé du doigt son incapacité à gérer ses émotions et raisonner avec sang-froid, ce qui a pu parfois lui jouer des tours, notamment lors de son passage sur le banc de grands clubs et au contact, donc, de grands joueurs. Comme si sa formule perdait de sa magie en fonction du contexte qui l'entoure.
Unai Emery lors de Caen - PSG, demi-finale de la Coupe de France
"C’est un coach qui aime construire des groupes et fédérer autour de lui, expliquait Francis Coquelin, l'un de ses anciens joueurs à Villarreal, à SoFoot. À Paris, peut-être qu’on ne lui a pas laissé le temps nécessaire. Ici, quand il donne ses consignes, nous essayons de les appliquer à la lettre parce qu’on sait qu’il est dans le vrai. On voit que ses méthodes fonctionnent dans les matchs importants, en coupe notamment, parce qu’il nous galvanise durant une période donnée. Il le fait surtout avec les jeunes, qu’il prend à part afin de leur expliquer ce qu’il faut faire. Ça les motive, les rassure et ça finit par marcher." Voilà pourquoi, peut-être, sa méthode fonctionne plus en Europe qu'en championnat. Un objectif, une période définie et une aventure à vivre, où chaque match ressemble à un couperet. Plutôt qu'un long et lent parcours, fait de points ici et là chaque week-end avec une ambition floue, plus à long terme.
"Il était très proche de nous, conclut Rami. Et puis, il venait nous voir et nous posait des questions sur la famille, nos compagnes... Le plus important pour lui, ce sont les détails. Il est incroyable. Et c'est un entraîneur qui prend ses responsabilités. Par exemple, nous jouions la finale de la Ligue Europa contre Liverpool. Et il y avait Coutinho, pied droit, et Sturridge, pied gauche. Il a dit aux défenseurs et aux milieux de terrain : 'Nous connaissons ces joueurs, envoyez-les sur leur mauvais pied. Coutinho n’ira jamais sur son gauche et Sturridge n’ira jamais sur son droit. Si Coutinho marque avec son gauche, je suis responsable'. Sturridge marque avec son extérieur du pied gauche alors que j'avais fermé ce côté. Je me suis fait gronder à la mi-temps. Mais il était comme ça. Par exemple, avec Arjen Robben, il dirait : 'S'il marque du pied droit, je vous promets que je suis responsable.' Quand tu as un coach qui prend des responsabilités, c'est super, tu es soulagé de la pression et du stress, tu laisses faire."
Unai Emery et Adil Rami
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