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Ligue Europa - OM-AEK : histoire d'une fraternité trentenaire dans les gradins

ParAFP

Mis à jour 26/10/2023 à 10:45 GMT+2

La rencontre de Ligue Europa prévue ce jeudi (18h45) entre l’Olympique de Marseille et l’AEK Athènes fera se retrouver de vieux amis. Pas sur la pelouse de l’Orange Vélodrome mais bien dans ses tribunes. Depuis 1989, le Commando Ultra marseillais et un groupe de supporters grec ont tissé des liens, en grande partie à distance. Voici pourquoi.

"Gattuso va apporter du feu et de l'énergie à l'OM, mais ça ne va pas durer longtemps"

Imaginez un ami, que vous n’auriez pas vu depuis près de 25 ans et que vous retrouvez du jour au lendemain. Bien sûr, l’OM et l’AEK Athènes ne se sont pas perdus de vue, à coups de messages à distance et de visites surprises. Mais pour la première fois depuis 1989 - et le début de la relation - les deux clubs s’affrontent. Le Vélodrome sera plein à craquer avec 64 000 personnes et 3500 Grecs pour célébrer les retrouvailles.
Plusieurs matchs européens de l'OM ont donné lieu à des incidents entre supporters ces dernières saisons mais jeudi, l'ambiance devrait être sereine et joyeuse pour cet affrontement entre deux clubs liés par un rapprochement ancien entre le Commando Ultra 84, l'un des principaux groupes de supporters marseillais, et leurs amis grecs de l'Original 21. "Il devrait y avoir de très belles choses, à l'aller comme au retour. Ça va être festif", promet ainsi Lionel, ancien membre du noyau dur du CU84, aujourd'hui toujours présent dans le Virage Sud avec la Vieille Garde, des anciens des Ultras. Un cortège commun est prévu et une cagnotte a même été lancée chez les ultras marseillais pour couvrir des frais d’accueils de leurs homologues grecs.
"L'amitié avec l'AEK, c'est la plus forte à laquelle j'ai pu participer", a-t-il assuré à l'AFP. L'histoire remonte à 1989 et à la venue des Athéniens à Marseille pour un 8e de finale de Coupe d'Europe des clubs champions. "C'est resté dans l'histoire pour deux raisons, la fameuse danse dos au stade, que tout le monde a renommé la ‘grecque’, et car on a passé tout le match torses nus", raconte à l'AFP Makis Solomos, présent ce jour-là au Vélodrome.

Photos, stickers, fanzines

Le rapprochement se renforce quatre ans plus tard à Monaco. En Ligue des champions, le club de la Principauté remplace l'OM, disqualifié de toute compétition européenne, et reçoit l'AEK en 16e de finale aller. Malgré l'absence de leur club, les supporters marseillais font le déplacement et retrouvent leurs homologues grecs. "On a échangé nos premières écharpes et nos adresses. Ça a été le vrai point de départ", résume Makis Solomos, qui sera "évidemment" parmi les Grecs attendus jeudi à Marseille.
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Une banderole AEK lors d'un OM-Olympiakos en 2011.

Crédit: Imago

"C'était l'époque pré-internet, on m'a donné une adresse et j'ai commencé à correspondre avec un membre des Original. On s'échangeait des photos, des stickers, des fanzines. Puis il y a eu les mails, plus de rencontres, les avions moins chers... J'y allais parfois trois fois par saison", raconte de son côté Lionel.
Depuis, tifos et banderoles célèbrent régulièrement la fraternité entre les deux clubs. En 2011, avant un match de C1 contre l'Olympiakos, le CU84 avait ainsi exhibé un immense tifo assurant, en grec: "il n'y a qu'une seule équipe à Athènes: AEK". En 2020, avant un nouvel Olympiakos-OM, des fans de l'AEK étaient eux venus soutenir les joueurs marseillais devant leur hôtel athénien, le Covid ayant empêché la venue des supporters provençaux. Pourtant au-delà de l'histoire commune entre Athènes et Marseille, fondée par des Grecs vers 600 av. J.-C., "difficile de dire pourquoi ça a été l'AEK", reconnaît Lionel.

Relations amoureuses

"Ils étaient ouvertement anti-racistes, avec un côté presque anarchistes. Leur tribune, c'était un gros bordel. Nous, au CU84, on a toujours été ouverts à tout le monde, c'était deux tribunes ouvertes", explique-t-il. "On a des valeurs communes. On déteste le football moderne et on est un peu anti-système. Il y a un caractère social, solidaire. Des relations amoureuses aussi", sourit de son côté Makis Solomos.
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"La politique n'est pas le premier critère, mais évidemment ça joue", embraye Dimitris Dimitriou, autre figure emblématique des Original 21, en montrant une photo de Keny Arkana, rappeuse engagée ayant grandi à Marseille, prise lors d'une visite dans un local athénien des Original. Mais "au bout d'un moment, ce sont des relations qui dépassent le foot", estime Lionel. "Un gars de l'AEK était à mon mariage, il connaît ma femme et mes enfants. Moi j'irai une semaine à Athènes pour le retour."
"C'est comme dans la vie, les amis sont peu nombreux mais précieux", assure de son côté Dimitris Dimitriou, qui en a eu la preuve en août, quand les Marseillais ont soutenu l'AEK après la mort de Michalis Katsouris, un jeune supporter du club tué lors d'affrontements avec des hooligans proches du Dinamo Zagreb. "Tes vrais amis, tu les comptes quand ça va mal. J'ai envoyé quelques messages et le CU84 a été présent", renchérit Lionel. Quelques jours après le drame, plusieurs banderoles en l'honneur de Michalis avaient été déployées au Vélodrome. Jeudi soir, il y en aura d'autres, pour lui et pour 30 ans d'amitié.
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