Ferguson s'y voyait déjà

Jeudi soir, Manchester repart en campagne. A Amsterdam, pour un duel qui fleure bon la Ligue des champions. La réalité est toute autre : cet Ajax-United ne sera qu'un 16e de finale aller de Ligue Europa. Pour la première fois depuis 1998, MU jouera un jeudi ! La cour des grands, ces deux géants du Vieux Continent l'ont quittée prématurément. Par la petite porte. Pour Sir Alex Ferguson, la pilule a du mal à passer. Le club mancunien, déjà couronné en C1 et en C2, a pourtant une belle occasion de marcher sur les pas de la Juve, le Barça, l'Ajax et le Bayern, seules équipes à avoir réussi le Grand Chelem européen. Mais ça, le manager écossais s'en moque royalement. Car pour lui, son équipe avait "le niveau pour atteindre la finale"... de la Ligue des champions. Et même, comme il l'explique dans un long entretien accordé sur le site de la FIFA, pour "rivaliser avec Barcelone ou le Real Madrid". "Nous ne sommes pas loin du tout de leur niveau et nous allons vite le démontrer, j'en suis convaincu", insiste Fergie.

Pour l'instant, United doit se contenter de la Premier League, où son mano a mano avec City tient toute l'Angleterre en haleine, et de cette Ligue Europa. L'an passé, les Red Devils avaient subi la loi des Blaugrana en finale de C1. Même avec du recul, Ferguson ne nourrit aucun regret. "Quand une équipe vous est supérieure à ce point, il n'y a pas grand-chose à faire."

Neuf mois plus tard, l'heure de reconquérir le Vieux Continent n'est pas venue. Mais elle viendra. Et plus vite que prévu. Car si le Barça continue "d'être la meilleure équipe du continent", "sait produire ce football magique que personne n'est capable d'imiter" et paraît "imbattable quand Messi, Xavi et Iniesta sont à leur meilleur niveau", son avance sur la concurrence n'est plus aussi flagrante. Surtout sur son rival merengue. "Le Real Madrid est en train de réduire l'écart, souligne Ferguson. On le voit dans le championnat d'Espagne, où les Madrilènes creusent l'écart. Ces deux équipes seront peut-être bientôt au même niveau."

MU cherche à se frayer un chemin au milieu des deux géants du foot espagnol. Sans faire de bruit. Et surtout, en suivant sa propre voie, sans jeter des millions d'euros par les fenêtres. "Il y a quelques années, nous avons décidé de construire une équipe en comptant sur une génération de jeunes, comme Wayne Rooney, Cristiano Ronaldo, Nani ou Anderson, à qui sont venus s'ajouter Danny Welbeck et Tom Cleverley, rappelle Ferguson. La stratégie était que ces joueurs deviennent l'ossature de Manchester United. Après, il n'y a pas besoin de dépenser des fortunes pour venir étayer cette colonne vertébrale. Le talent, nous l'avons depuis le début." Il faut juste lui laisser le temps d'éclore.