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Présentation de Guimarães : nord dans l’âme

Eurosport
ParEurosport

Publié 02/10/2013 à 17:29 GMT+2

Lyon va découvrir le Vitória de Guimarães ce jeudi, en Ligue Europa. Une bonne partie du public français aussi. Présentation d’un des clubs les plus passionnés et passionnant du (nord du) Portugal.

2012 Guimaraes' supporters

Crédit: AFP

"Vitória Até morrer" (Vitória jusqu’à la mort). La devise des supporters du Vitória Sport Clube se veut aussi fière que leur cité. Comme Lyon fut la capitale des Gaules, c’est à Guimarães que D. Afonso Henriques, fils d’Henri de Bourgogne, a fait naitre, au XIIe siècle, le royaume du Portugal. Le VSC - fondé au début des années 1920 par des admirateurs du jeu produit par le Vitória Futebol Clube (celui de Setúbal) - lui rend hommage : le premier roi du Portugal apparait crânement sur l’écusson du club qui n’a pas manqué de nommer son stade - construit pour l’Euro 2004 - estádio D. Afonso Henriques.
La ville du Minho est l’un des joyaux du pays. Capitale européenne de la culture en 2012, Guimarães exhibe avec dignité son histoire. Le Vitória n’en manque pas. Et les supporters aiment commencer par celle-ci : "Celui qui aime le Vitória n’en aime aucun autre". Une anomalie dans un pays où exister dans l’ombre du Benfica, de Porto ou du Sporting est déjà une perf.
"A peine un enfant est-il né qu’il est fait sócio"
Le Vitória de Guimarães entame sa 69ème saison dans l’élite portugaise. Mis à part l’intouchable trio, seul le Belenenses fait mieux. Mais il a fallu attendre mai dernier pour voir les Vimaranenses faire honneur à leur réputation. Après cinq finales perdues (1942, 1963, 1976, 1988 et 2011), les hommes du bien-nommé Rui Vitória ont remporté la Coupe du Portugal face au Benfica. Ils s’ouvrent ainsi la voie de la Ligue Europa. Jusqu’alors, le VSC ne comptait qu’une Supercoupe nationale (1998) et quatre honorifiques places sur le podium (1969, 1987, 1998 et 2008).
Les sócios n’ont pourtant jamais lâché. Pas même lorsque leur équipe a plongé en D2 en 2006. "Chez nous, on jouait devant plus de 20 000 personnes, se souvient Yves Desmarets (qui y a joué entre 2006 et 2010). C’était dingue !" Jérôme Palatsi fut le premier français de l’histoire du club (au début des années 2000). Et l’ancien gardien a été touché par ses quatre années passées dans le nord du Portugal : "Les supporters sont à fond derrière le club et aucun autre. Ils sont très fiers de leur ville et de leur équipe. A peine un enfant est-il né qu’il est fait sócio. Si c’est une fille, ils l’appellent Vitória (Victoire). C’est le club qui m’a le plus marqué."
Ils seront près de 2000, jeudi, à Gerland. Guimarães est la seule grande ville du pays dans laquelle le Benfica ne possède pas de casa. Les quelques tentatives ont été rasées à coups de pierre. Celle du frère nordiste du FC Porto a été accueillie en 2006 par… un cocktail molotov. Aujourd’hui, ils sont près de 30 000 encartés. Ces dernières années, un club est venu lui piquer le statut de quatrième puissance : le Sporting de Braga. Les Guerriers du Minho comptent aujourd’hui plus de sócios que leur voisin. De quoi exciter un peu plus encore leur rivalité.
Braga, le rival… entre autres
La superbe que s’attribue Guimarães agace parfois certains de ses concurrents (non moins fiers). Ses rapports avec les historiques Benfica, Boavista, Porto ou Académica oscillent entre tensions  et réconciliations. Il y a une semaine, la venue des Aigles a fait beaucoup parler. Sur ce coup-là, le Vitória n’y peut pas grand-chose mais à l’issue de la rencontre, Jesus s’accroche avec des policiers sur la pelouse. Il y a dix ans, l’attaquant benfiquiste Miki Féher y trouvait la mort, en plein match. Avec Braga c’est carrément la guerre. Chef-lieu de son district, la cité des archevêques chapote notamment la cité-berceau. "Les habitants  de Guimarães ne l’acceptent pas, glisse Palatsi. Ils estiment être la première ville du pays. Je connaissais certains de ses habitants qui refusaient d’aller à Braga pour en pas y laisser d’argent ! Il y a une vraie rivalité entre ces villes."
Le foot n’y échappe pas. "Les semaines de derby, les supporters venaient par milliers à l’entraînement dès le lundi. Il y a une grosse pression. Lorsque j’y étais, je n‘ai perdu qu’une fois contre Braga. A l’époque, Guimarães titillait les gros", poursuit le portier formé à Montpellier. La tendance s’est inversée, depuis. En 2010, le Vitória vend Custódio à Braga. Un transfert à 100 000 euros qui met fin à dix ans de néant entre les deux clubs. Quelques mois et une embrouille sur de tickets suffiront à tout remettre dans le désordre. En février 2012, le SCB en colle quatre au VSC. Custódio a planté son ex dont les suiveurs se vengent. Sa maison est taguée. Entre autres insultes on peut y lire : "traitre".
"Menaces de mort" et "amour"
Les supporters du Vitória ne sont pas plus cléments avec les leurs. Selim Benachour garde "un super souvenir" de son passage à Guimarães en 2005-06. La fin fut pourtant contrariante. "Le club jouait pour ne pas descendre et l’un de mes coéquipiers avait été pris à partie par le public, se souvenait l’ancien Parisien sur MCS. J’ai marqué et je me suis dirigé vers des supporters avec le doigt sur la bouche." Le geste ne passe pas et le Tunisien le paie : "Des supporters m’ont insulté. J’ai reçu des menaces de mort. Ils sont même venus chez moi !" Le joueur sera invité à s’excuser et les choses se tasseront.
Fin 2011, certains sócios du Vitória mécontents des résultats de leur équipe prennent Abdelghani Fouazi pour cible. Lors d’un entraînement, plusieurs individus pénètrent sur la pelouse et le poursuivent. Le Marocain est obligé de se barricader dans un vestiaire. Il quittera le club quelques jours plus tard. Beaucoup d’autres francophones ont connu leur envol au VSC. Yves Desmarets a lâché son CDI de chauffeur de bus dans le 93 pour devenir l’un des éléments les aimés du club (2006-10). Kamel Ghilas n’a pas oublié l’amour des sócios : "J’aimerais rejouer un jour à Guimarães. Pour les supporters". On pourrait encore citer Grégory Arnolin, Issam El Adoua, Rabarivony ou Ziad Tlemçani…
En pleine rétention économique mais pas comme l’OL
A Guimarães et à Lyon, la tendance est la même : économie et austérité. Mais les chiffres sont incomparables. L’OL qui tente de compenser sa non-qualification en C1 lâchant quelques gros salaires. Avec plus ou moins de réussite. Gomis et Briand sont restés. Fin juin, le président Jean-Michel Aulas annonçait toutefois : "Nous présenterons un budget de 133 millions d’euros, soit l’un des trois plus grands de la Ligue 1". Le déficit de l’Olympique Lyonnais pour l’exercice 2013-14 a été estimé à 19 millions d’euros. Le Vitória, lui, tente de colmater un passif qui avoisine les 20 millions d’euros.
En pleine restructuration financière, le président Júlio Mendes a annoncé vouloir "réduire le budget". Les éléments les plus coûteux ont été largués ces deux dernières années et son budget pour le foot professionnel va flirter avec 3,4 millions d’euros cette saison. C’est la moitié du salaire annuel de Gourcuff… En quête de liquidités, les décideurs portugais ont tenté d’appâter de nouveaux investisseurs dans le Golfe. Comme Lyon… Ils trouveront finalement un soutien en Afrique du Sud. Mário Ferreira est un émigré portugais qui y a fait fortune et il vient d’injecter plus de 500 000 euros dans la SAD (Société Anonyme Sportive) du club dont il est l’actionnaire majoritaire. Il s’est régalé pour l’entrée en lice de son équipe en C3. Un 4-0 collé au Rijeka. Alors il se met à rêver : "Nous visons la Ligue des champions en 2015". Avec l’OL ?...
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