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Et si on se remettait à aimer la Lazio Rome ?

Valentin Pauluzzi

Mis à jour 08/11/2018 à 17:01 GMT+1

LIGUE EUROPA - Fut un temps, pas si lointain, où la Lazio Rome imposait le respect dans l’Europe entière, grâce à une formidable génération de joueurs. Leurs successeurs n'ont pas leur aura, mais n'ont pas moins de mérite. Au contraire.

Milinkovic, Immobile - Lazio-Genoa - Serie A 2018/2019 - Getty Images

Crédit: Getty Images

“Et dire que j’aurais pu en mettre cinq”. C'est ce que me racontait Simone Inzaghi au détour d’un entretien. Par le plus grand des hasards, c’était quelques jours avant qu’il soit promu sur le banc de l’équipe une de la Lazio, lui qui entraînait encore les U19. C’était donc avant que sa com’ soit cadenassée par le service de presse du club romain, le plus récalcitrant d’Italie alors qu’il aurait tout intérêt de s’ouvrir afin d’assainir une réputation déplorable.
Je l’avais interviewé pour ses 40 ans, mais lui était convaincu que c’était pour parler de ce fameux quadruplé contre l’OM. Souvenez-vous, c'était le 14 mars 2000, durant la deuxième phase de poules de l’ancienne Ligue des champions au format à rallonge. “Inzaghino” était un des buteurs d’une équipe à l’effectif cinq étoiles, l’époque où presque tout le monde admirait cette formation, parfois en cachette, pour ne pas être associé aux écarts d’une partie de ses supporters.
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Simone Inzaghi sur le banc de la Lazio Rome - 2016

Crédit: Panoramic

Une période dorée...

Marchegiani, Negro, Nesta, Mihajlovic, Pancaro, Conceicao, Stankovic, Simeone, Nedved, Boksic, Inzaghi, Ballotta, Salas, Couto, Sensini, Mancini, Lombardo, Gottardi... Voici les noms qui figuraient sur la feuille de match ce soir-là, qu’y avait-t-il à jeter comme on dit vulgairement ? Allez, Gottardi et peut-être Ballotta et Negro, moins clinquants que les autres. Et encore, il manque Favalli, Vieri, Almeyda, Andersson, Dino Baggio, Poborsky, Claudio Lopez, Crespo, Peruzzi, Ravanelli, Veron, Mendieta, Kovacevic, Stam ou encore Fiore, pour en rester à la période 1998-2002.
Il y avait aussi Roberto Baronio, milieu respectable qui serait titulaire avec la Nazionale aujourd'hui, et qui a admis un jour : “J’ai peu joué mais je n’ai aucun regret, cela aurait été prétentieux de demander plus de temps de jeu. Je me souviens que lors des trêves internationales, le centre d'entraînement de Formello était vide.” Cette Lazio remporta coup sur coup une Coupe des Coupes, deux Supercoupes d’Italie, un doublé Scudetto-Coupe d’Italie et surtout une Supercoupe d’Europe face à Manchester United à l’été 1999.
Un succès signé Salas à Montecarlo qui avait fait comprendre qu'elle avait même une Ligue des champions dans les jambes. Une seule défaite, à domicile contre Feyenoord, lors des douze matches de la double phase de poules et un tirage a priori favorable en quarts face à Valence. Le revers 5-2 à Mestalla avec plusieurs titulaires sur le flanc sera fatal (victoire 1-0 au retour, évidemment insuffisant). Mais pour ma génération, cette Lazio demeure une madeleine de Proust, elle a même créé des vocations.
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Pavel Nedved avec Guiseppe Favalli et Hernan Crespo lors d'un Lazio - Real Madrid en Ligue des champions en février 2001

Crédit: Getty Images

... mais une période d’exception !

C’est aussi un crève-coeur puisque son président, Sergio Cragnotti, a payé cher cette génération, au sens propre, comme au figuré. Le bilan du 30 juin 2004 affichait une dette totale de 326 millions d'euros. Grâce à un échelonnement record, Claudio Lotito et la bienveillance de l’Etat italien l’ont sauvé d’une faillite assurée. Le redimensionnement fut immédiat tant sur le plan des résultats que sur la qualité de l’effectif. Je me rappelle de cette dernière journée du mercato estival 2004 et les neuf arrivées in extremis : les jumeaux Filippini, Rocchi, Siviglia, Seric, Talamonti, Gonzalez, Mea Vitali et Robert. Une Lazio faiblarde qui se classa 13e, deux points au-dessus de la zone rouge.
Or, à bien y regarder, cela n’avait rien d’avilissant pour un club déjà relégué cinq fois par le passé avec un total de onze saisons à l'étage inférieur. Avant son premier scudetto de 1974 et la folle génération Chinaglia, elle n’avait même atteint que trois fois le podium en 35 saisons de Serie A. La Lazio de Cragnotti était, en quelque sorte, un nouveau riche, à l'économie presque virtuelle. Un constat qui devrait nous forcer - au moins les journalistes - à limiter les éloges à son égard. C'est comme cracher dans la soupe, ce n'est pas agréable, surtout quand il s'agit de celle sortie des conserves Cirio.

Moins riche, la Lazio d’aujourd’hui a du mérite

La Lazio d'aujourd'hui, c’est peut-être celle qui est la plus en phase avec son histoire, bien ancrée dans la partie haute du classement depuis 2010, avec des positions finales qui oscillent entre la 3e et la 9e place. Simone Inzaghi l’a installée dans le Top 5 et lui a cousu un costume de prétendant à la qualification en C1. Celle-ci lui a d’ailleurs échappée pour quelques minutes en mai dernier. A la moindre occasion, je m'évertue à rappeler que la Lazio possède la sixième masse salariale de la Botte (66 millions d’euros). Surtout, il y a un gouffre qui la sépare du Napoli, cinquième (avec ses 94 millions). Les plus aisés sont à 100 et plus.
Rivaliser avec les autres top clubs de Serie A est un petit exploit en soi et il est réalisé avec la manière puisque la Lazio a été la meilleure attaque de Serie A l’an passé (89 buts) grâce à son trio Sergej Milinkovic-Savic, Luis Alberto et Ciro Immobile. C’est un peu moins flamboyant cette année avec toujours cette incapacité à battre ses concurrents directs, mais elle respecte, bon an mal an, sa feuille de route. Et si elle n’a pas le pouvoir de séduction de son illustre prédécesseur, elle mérite elle aussi d'être suivie avec intérêt et pas seulement pour les agissements de sa Curva, qui n'a plus le monopole de la bêtise depuis bien longtemps.
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Correa, Immobile - Parma-Lazio - Serie A 2018/2019 - Getty Images

Crédit: Getty Images

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