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Manchester United - Pogba, Cavani, Shaw, Wan-Bissaka et Fred : Quand les oubliés font la loi

Philippe Auclair

Mis à jour 15/04/2021 à 16:55 GMT+2

LIGUE EUROPA - Dimanche face à Tottenham, Manchester United a livré une nouvelle belle performance à l'extérieur, une belle habitude qui dure depuis un moment maintenant. Une victoire signée du sceau d'une bande de joueurs que l'on pensait oubliés ou laissés-pour-compte. Parmi eux Paul Pogba et Edinson Cavani mais aussi Luke Shaw, Fred et Aaron Wan-Bissaka.

Paul Pogba, Edinson Cavani et Lule Shaw (Manchester United)

Crédit: Getty Images

Gary Neville eut un moment d'hésitation avant de livrer le nom de son "homme du match" de la victoire 3-1 de Manchester United sur Tottenham de ce dimanche. Ce ne serait pas Bruno Fernandes, pour une fois, même si le Portugais avait joué un rôle central dans la superbe réaction des Red Devils en seconde période d'un match mal engagé. Il expliqua que pas moins de cinq candidats lui étaient venus à l'esprit.
Aaron Wan-Bissaka avait montré pourquoi Gareth Southgate, présent dans les tribunes, ne pouvait pas encore l'exclure de sa réflexion avant l'Euro 2020, tandis que sur l'autre flanc de la défense, Luke Shaw avait encore prouvé qu'aucun arrière gauche - anglais ou non - ne méritait davantage sa place dans le onze-type 2020-21 de la Premier League. On avait retrouvé le meilleur Fred, celui du Shakhtar, et le meilleur Pogba aussi, lumineux en seconde période, sans oublier Edinson Cavani, passeur décisif, buteur et poison permanent pour les Spurs.
Pour un peu, on se croirait dans un de ces films d'Hollywood où un groupe de laissés-pour-compte et de jeunes marginaux font cause commune pour un dernier job
Neville aurait d'ailleurs pu augmenter ce quintette de Dean Henderson, auteur de deux superbes parades au premier poteau, toutes deux sur des tirs violents de Harry Kane. Prêté - et brillant - à Sheffield United l'an dernier, le jeune Anglais (24 ans depuis le 12 mars) avait dû patienter dans l'ombre de David De Gea avant de profiter du congé de paternité de l'Espagnol pour lui souffler sa place, une place qu'il conservera jusqu'à la fin de la saison. Son choix se porta finalement sur Cavani.
Wan-Bissaka, Shaw, Fred, Pogba, Cavani. Autrement dit: un arrière droit inexpérimenté pour lequel on avait dit que United avait payé trop cher (57M€), un arrière gauche que José Mourinho avait mis au rebut après avoir critiqué publiquement son hygiène de vie et son attitude à l'entraînement, un milieu de terrain qui avait coûté 60M€ et connu une première saison plus que délicate à Old Trafford, un ex-futur Ballon d'Or, ex-joueur le plus cher du monde, en conflit plus ou moins ouvert et plus ou moins permanent avec son club et ses managers, dont l'agent Mino Raiola avait fait comprendre qu'il ne serait sans doute plus un joueur de United l'été prochain, et un attaquant de 34 ans qui n'avait pas joué depuis huit mois lorsqu'il parut pour la première fois sous le maillot rouge en octobre dernier, et qui assure vouloir retourner dans son Uruguay natal à la conclusion de cette saison. Pour un peu, on se croirait dans un de ces films d'Hollywood où un groupe de laissés-pour-compte et de jeunes marginaux font cause commune pour un dernier job.
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Paul Pogba lors de Leicester City - Manchester United en FA Cup le 21 mars 2021

Crédit: Getty Images

Le parallèle serait pourtant trompeur. Ce ne peut être par hasard que ces joueurs qui étaient autant de points d'interrogation sont revenus à un niveau digne du club qu'ils représentent; et quelque opinion qu'on puisse avoir de la valeur intrinsèque d'Ole Gunnar Solskjaer, le technicien, ils sont aussi la preuve que le Norvégien, s'il n'a rien d'un innovateur, a des qualités d'entraîneur - au sens d'homme qui sait "entraîner" les siens dans son approche et son discours - qu'on ne lui soupçonnait pas.

Luke Shaw, l'homme de l'année à Manchester ?

On ne compte plus les occasions, en Angleterre comme en Europe, où United s'est retrouvé dans une position périlleuse cette saison, faute d'avoir entamé ses matches avec l'agressivité et la concentration requises. Mais marquer le premier but n'est pas le meilleur des signes pour ses adversaires. En décembre, les Red Devils ont établi un curieux record, qui illustre ce que leur fragilité d'un moment a de redoutable pour leurs adversaires : ils sont devenus la première équipe de l'histoire de la Premier League à gagner six matches consécutifs à l'extérieur après avoir encaissé le premier but. Tottenham était prévenu. Mais Tottenham a chuté comme les autres, et MU a pu préserver son invincibilité hors d'Old Trafford pour le 23e (!) match de suite en championnat.
Un autre chiffre impressionne. Vingt-huit points recueillis dans des rencontres de Premier League où United était mené au score placent les joueurs de Solskjaer en tête de ce classement qui en dit long sur leur capacité de réagir dans des matches mal entamés - des joueurs dont la force mentale n'était pourtant pas nécessairement réputée être la qualité première. Or, si Bruno Fernandes fut souvent le catalyseur des meilleures performances de MU cette saison, il n'en fut pas l'unique auteur.
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Luke Shaw (Manchester United) face ) Newcastle

Crédit: Getty Images

Gary Neville, encore lui, maintient que ce n'est pas le Portuguais, mais Luke Shaw qui, jusqu'à présent, a été le joueur mancunien le plus régulier, à défaut d'être celui qui emportait le plus souvent la décision. Luke Shaw, indéboulonnable malgré l'arrivée d'Alex Telles. Luke Shaw, dont la saison précédente avait été compliquée par trois blessures. Luke Shaw, la tête de turc de Mourinho. Et ce qui vaut pour lui vaut aussi pour Wan-Bissaka, Fred, Pogba et Cavani; et aussi pour Lindelöf et McTominay, pendant que nous y sommes.

Les "oubliés", "surcotés" et "laissés-pour-compte"

Peut-être ne devrions-nous pas être surpris. Peut-être la surprise est-elle que l'effectif le plus coûteux de la Premier League après celui de Man City aie mis aussi longtemps à fonctionner comme il fonctionne aujourd'hui. Les "oubliés", "surcotés" et "laissés-pour-compte" sont revenus au niveau qui aurait dû être le leur tout du long. Leur équipe demeure perfectible (notamment dans son étrange incapacité à démarrer ses matches sur le rythme requis), mais commence à ressembler à ce que ses supporters étaient en droit d'attendre, en termes de résultat, sinon de jeu.
Que ces fans me pardonnent, mais ce "jeu", d'ailleurs, ne fut jamais la marque de fabrique de leur club, quoi que Sir Alex ait pu prétendre. L'intensité, oui. La combativité. La confiance faite aux jeunes. Des individualités hors-normes, de George Best à Wayne Rooney, de Denis Law à Cristiano Ronaldo. Des contres fulgurants, hier menés par Ryan Giggs et Andreï Kanchelskis, aujourd'hui par Marcus Rashford et Fernandes. Mais le "jeu" ? Non. United est pragmatique par choix et par nature, et jamais plus dangereux que lorsqu'il respecte cette identité, et qu'il a les joueurs capables de l'incarner, et c'est exactement ce qu'ils font aujourd'hui.
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