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Ligue Europa : Casemiro- Sergio Busquets, le choc des titans

Antoine Donnarieix

Mis à jour 23/02/2023 à 14:21 GMT+1

LIGUE EUROPA - Pour cette manche retour à Old Trafford, Manchester United et le FC Barcelone vont offrir un dénouement très attendu au terme de leur double confrontation dans cette C3. Pour sortir vainqueur de ce duel, chaque équipe va compter sur son taulier au milieu de terrain. Casemiro d’un côté, Sergio Busquets de l’autre, et cette question en filigrane : qui est le meilleur ?

"Le discours de Xavi, c'était de gagner la Ligue Europa mais…"

Parfois, une image vaut mieux que mille mots. Jeudi dernier au Camp Nou, le chronomètre affiche 73 minutes et tourne en faveur de Manchester United, habile gestionnaire d’un score de 2-1 en sa faveur. Depuis sa propre moitié de terrain, Casemiro hérite d’un ballon sous la pression du jeune Pablo Martín Páez Gavira, plus connu sous le nom de Gavi. Tel un chien enragé, le numéro 30 blaugrana s’évertue à récupérer le ballon en faisant le tour de son adversaire.
Mais Casemiro, habitué de ce type de situation, joue la carte de la malice et tire volontairement sur son vis-à-vis pour obtenir le renvoi aux six mètres. La mission du Red Devil est accomplie. Gavi mord son maillot de rage et se replace sous le sourire narquois du Brésilien, satisfait de gratter quelques secondes supplémentaires en faveur de son équipe. Voilà du Casemiro tout craché.

Casemiro, ce destructeur "chiant"

Il y a une semaine au Camp Nou, Barcelone a fini par égaliser dans un match épique (2-2). Casemiro n’a pas marqué. Peu importe, l’essentiel de son boulot ne consiste pas à faire trembler les filets. Faire trembler ses adversaires en revanche, Casemiro sait le faire et plutôt très bien. "Mon travail consiste à détruire, être chiant, expliquait le récent trentenaire dans un entretien dans le magazine So Foot en mai 2022. Après, il y a une grande différence entre faire une faute et être un joueur méchant. Les fautes parfois font gagner des matchs. En faire, c’est comprendre le jeu."
Il y a une semaine au Camp Nou, Casemiro a rappelé à tous les socios du Barça pourquoi il avait porté le maillot du Real Madrid pendant neuf ans. Mise sur le devant de la scène merengue par José Mourinho en 2013, cette moissonneuse-batteuse venue de São Paulo s’est familiarisée au fur et à mesure avec le mental à toute épreuve du Real encore illustré par son éclatante victoire à Anfield cette semaine.
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Casemiro

Crédit: Getty Images

Dix ans plus tard, Casemiro a rempli son armoire à trophées et s’affirme comme une référence mondiale à son poste. Contre le Barça à Old Trafford, l’international auriverde aura à cœur de célébrer son trente-et-unième anniversaire par une qualification au prochain tour, quitte à user de la roublardise. "C’est un footballeur qui joue avec les limites, évoque José Luis Mendilibar, entraîneur d’Eibar entre 2015 et 2021 et habitué des oppositions contre le Real Madrid ou le Barça en Liga. Ses qualités sont visibles grâce à son abattage défensif, son soutien permanent envers ses coéquipiers et sa capacité de récupération du ballon. À sa période au Real, Kroos et Modrić assuraient la transition vers l’attaque grâce à Casemiro qui les fournissait en ballon. Maintenant, son travail à Manchester United démontre qu’il est devenu un milieu tout-terrain. Il marque plus souvent (4 buts cette saison, NDLR), son jeu de tête est très bon. Tactiquement, Casemiro a suivi une ascension régulière et c’est devenu un taulier dans ce domaine. Sur le terrain, il observe tout ce qui l’entoure pour que l’adversaire ne le surprenne pas."

Busquets, l’esprit avant la chair

Dans l’absolu, Casemiro est-il la référence ultime au poste de milieu défensif ? Au moment de chercher un concurrent crédible, un nom revient particulièrement en boucle : Sergio Busquets. "C’est un footballeur différent, analyse Mendilibar. À première vue, on pouvait penser qu’il était grand, lent et frêle physiquement. Ce n’était qu’une impression. Ce qui fait la force de Busquets, ce n’est pas son corps, mais sa tête. Ce n’est pas le muscle, mais l’âme de l’équipe. Il ne subtilise pas le ballon grâce à sa vitesse, mais par sa vision du jeu." À 34 ans, le longiligne milieu de terrain du FC Barcelone n’a jamais quitté son club formateur dans toute sa carrière professionnelle et totalise 707 matchs avec la tunique blaugrana. Cela en fait le troisième joueur le plus capé de l’histoire du club catalan derrière Xavi (767) et Messi (778). De quoi presque oublier le passage sinueux de son père Carles entre 1991 et 1998 au poste de… gardien de but !
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Sergio Busquets

Crédit: Getty Images

Au-delà des chiffres, le Busquets 2.0 a fait évoluer son poste dans une autre dimension depuis 2008. En osmose avec la philosophie de Pep Guardiola, le canterano a délogé ni plus ni moins que Yaya Touré (un autre très gros client parmi les meilleurs milieux du monde) pour récupérer la place de sentinelle au Barça. Avec Busquets fils, l’heure n’est donc plus à la destruction clinique mais à la création jouissive. D’ailleurs, l’intéressé le confiait lui-même dans l’émission El Hormiguero en 2015. "Le football, c’est meilleur que le sexe (…) Au football, la joie que te procure une victoire peut durer trois, quatre jours, tandis que le sexe, ça peut te procurer du bonheur durant une seule minute."
Choisir entre les deux, c’est choisir la façon de jouer au foot
Fait extrêmement rare pour un footballeur : durant l’intégralité de sa carrière, Busquets a écrasé la concurrence à son poste. Aujourd’hui encore, la question de savoir si le talentueux Frenkie De Jong peut porter ce lourd héritage sur ses épaules reste évoquée. Parmi les premières victimes collatérales, il y a eu Oriol Romeu, formé à la Masia et actuelle sentinelle du FC Gérone. "Busquets est le meilleur footballeur dans ce secteur de jeu, pas seulement maintenant mais sur les dix dernières années, explique le champion d’Europe avec Chelsea en 2012 sans une once d’amertume. Son niveau est extraordinaire, et il est très rare de le voir commettre une erreur de jugement que ce soit avec ou sans ballon. Aussi, il est toujours très constant dans ses performances. Busquets, c’est 8/10 ou 9/10 à chaque match. Je pense que les amoureux du football ne peuvent qu’admirer ce qu’il a fait durant toute sa carrière. Est-ce que mon histoire au Barça aurait été différente si Busquets n’avait pas existé ? Je ne saurais pas le dire. Mais l’histoire du Barça aurait été différente sans Busquets. Il exerce une influence remarquable, et je ne vois personne capable de réaliser ce qu’il fait à son poste."
Absent lors du match aller à Barcelone, Busquets sera bien dans le groupe barcelonais pour dispatcher sa matière grise dans ce match retour à Old Trafford. Une nouvelle rassurante pour les Culés, puisque Pedri (blessé) et Gavi (suspendu) seront indisponibles. De son côté, Casemiro devrait en toute logique faire partie du onze de départ aligné par Erik Ten Hag. Même s’il ne faut jamais sous-estimer la longévité des champions, ce MU-Barça pourrait bien être le dernier duel physique entre les deux milieux de terrain les plus influents de leur génération. "Ce match retour sera tout aussi ouvert que l’aller, pense Mendilibar. United monte constamment en puissance, le Barça joue à fond cette Ligue Europa. Nous assisterons à une très belle rencontre, et Busquets peut donner au Barça une confiance supplémentaire pour éliminer United."
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Casemiro au duel avec Sergio Busquets .

Crédit: Getty Images

Dès lors, faut-il mieux compter sur Busquets ou Casemiro dans son équipe ? "Choisir entre Busquets et Casemiro, c’est choisir entre deux façons de jouer au foot, tranche Mendilibar. Casemiro a tout gagné au Real, Busquets a tout gagné au Barça. Les deux se valent, mais il faut comprendre que si tous les deux sont aussi forts, c’est qu’ils sont dans une équipe en adéquation avec leurs idées. Si Busquets jouait à United et Casemiro au Barça, je ne crois pas que cela leur conviendrait autant. Personnellement, je m’identifie plus à Casemiro, mais cela ne veut pas dire qu’il est meilleur que Busquets."
Reste une dernière constatation : ni Casemiro ni Busquets ne possèdent la Ligue Europa dans leurs palmarès. Et cette fois-ci, il n'y aura de la place que pour un seul vainqueur.
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