Liverpool - Toulouse (Ligue Europa) I Chez les Reds, le style a changé mais pas les idées

C'était l'une des grandes questions à l'aube de la saison. Savoir si Liverpool pouvait repartir vers les sommets, après avoir échoué dans la quête d'une qualification pour la Ligue des champions pour la première fois depuis 2016. Seulement cinquièmes de Premier League au printemps dernier, un an après avoir caressé le rêve d'un quadruplé historique, les Reds semblaient avoir besoin d'un second souffle. Une idée matérialisée par le lifting opéré lors du mercato estival, avec les départs de nombreux joueurs au milieu : Jordan Henderson, Fabinho, James Milner, Naby Keïta ou Alex Oxlade-Chamberlain.

Deux mois plus tard, il y a déjà quelques éléments de réponse. Plutôt encourageants au regard des résultats. L'équipe de Jürgen Klopp n'a concédé qu'une défaite toutes compétitions confondues. C'était face à Tottenham, l'actuel leader de Premier League, dans une rencontre marquée par une polémique autour de l'arbitrage (2-1). Elle pointe à la quatrième place du classement en championnat, à trois longueurs des Spurs, et a remporté ses deux premiers matches de Ligue Europa avant de recevoir Toulouse ce jeudi à Anfield. Discrètement, les Reds se sont remis dans le bon sens.

Ce n'était pas évident. Au-delà de la phase d'adaptation nécessaire pour les recrues, c'est aussi le style de jeu des Reds qui posait question. L'entrejeu a été totalement modifié avec des profils différents. "L'équipe a beaucoup changé, reconnaissait le gardien Alisson avant le derby remporté face à Everton (2-0). Quand je suis arrivé ici (2018), au cours des trois premières saisons, l'équipe était à peu près la même. Peu de joueurs sont arrivés, mais après la première saison, certains joueurs ont commencé à partir. Cela n'a pas trop affecté notre façon de jouer, mais les choses ont changé davantage après la saison dernière."

Une évolution incarnée notamment par Dominik Szoboszlai. Le Hongrois, arrivé cet été pour 70 millions d'euros en provenance du RB Leipzig, s'affirme comme le dépositaire du jeu de Liverpool. Et le symbole d'une équipe dont l'animation offensive repose davantage sur ses hommes du milieu de terrain. Avec les deux autres recrues phares dans ce secteur, Ryan Gravenberch et Alexis Mac Allister, les Reds ont des éléments qui apprécient davantage d'avoir le ballon dans les pieds pour orienter les phases d'attaque dans le trio de l'entrejeu mis en place par Jürgen Klopp.

La montée en puissance des jeunes milieux formés au club, Curtis Jones et Harvey Eliott, va également dans ce sens. Ils contribuent à donner un nouveau visage à l'entrejeu des Reds, plus tourné vers la création et la finition. "Plus de joueurs ont quitté le club et plus de joueurs sont arrivés, et je pense que cela a un peu changé notre façon de jouer, explique Alisson. Aujourd'hui, nous ressemblons davantage à une équipe qui aime garder le ballon, une équipe de possession, mais avec des attaquants rapides, des transitions rapides."

Les choix de Klopp y contribuent, même s'ils sont également forcés. Liverpool a échoué dans la quête de ses cibles prioritaires au poste de milieu défensif l'été dernier (Moises Caicedo et Romeo Lavia) pour combler le vide laissé devant la défense par le départ de Fabinho. Malgré l'arrivée du Japonais Wataru Endo, l'entraîneur des Reds mise plus souvent sur Mac Allister pour tenir ce rôle crucial. Avec les avantages et les inconvénients que cela implique pour l'Argentin, plus à l'aise dans un registre de relayeur. "Si on défend bien, il peut jouer en 6, affirme Klopp. Parce que nous sommes plus compacts que la saison passée, les espaces sont réduits et il voit très bien ce type de situations."

Le style de Liverpool a ainsi évolué. Sans qu'il s'agisse pour autant d'une révolution fondamentale. Le jeu se concentre un peu plus dans l'axe et les longs ballons sont moins fréquents. Mais la philosophie de Klopp reste la même, avec une volonté de faire mal dans les transitions et dans le contre-pressing. "Parfois, nous pouvons très bien jouer en contre-attaque et nous aimons toujours presser haut, résume Alisson. Nous avons donc changé, mais en même temps, la force que nous avions dans le passé est dans l'idée du manager. Il l'a gardée et essaie de l'apporter à cette équipe reconstruite."

Le processus est en effet très loin d'être achevé. Mais les signes du renouveau sont déjà perceptibles dans le jeu comme dans les résultats de Liverpool. C'est encourageant pour les Reds, même si l'ensemble reste logiquement perfectible. "Je ne sais pas si cette phase de transition est mon plus grand défi, mais c'est un défi, reconnaissait Klopp dans le podcast Football People. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai signé un nouveau contrat parce que c'était nécessaire. Cela ne se fera pas du jour au lendemain." Mais l'entraîneur des Reds semble avoir pris le bon chemin.