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OL - Eintracht Francfort - Hugo Ekitike : "Le PSG, c'est particulier et ça ne va pas forcément à tout le monde"
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Publié 12/12/2024 à 10:03 GMT+1
Quasiment un an après son arrivée en Allemagne, Hugo Ekitike s'éclate. En pleine bourre avec Francfort, il retrouvera la France et Lyon ce jeudi en Ligue Europa. L'occasion de revenir sur son parcours heurté qui l'a vu s'enterrer au PSG où, trop jeune, il n'a pas réussi à s'imposer au milieu de la constellation de stars. Explications dans une interview exclusive pour TNT Sports.
"Ekitike a digéré l'épisode PSG... et a beaucoup appris"
Video credit: Eurosport
Détendu, souriant et heureux. En pleine possession de ses moyens à Francfort où il revit (11 buts, 5 passes décisives depuis le début de saison), Hugo Ekitike s'est livré sans frein durant une petite demi-heure. Sa nouvelle vie en Allemagne, la confiance retrouvée, l'expérience parisienne, les Bleus : l'attaquant de Bundesliga, qui retrouvera la France et Lyon ce jeudi en Ligue Europa, revient sur sa carrière mouvementée pour TNT Sports.
Vous êtes à Francfort depuis février, votre première année en Allemagne est presque terminée. Diriez-vous que cela valait la peine de venir ici ?
Ça valait le coup de venir, parce que ça se passe vraiment bien. Mais je m'en doutais. Tout le monde ne l'a pas forcément vu du même œil, mais moi, j'étais assez confiant. J'avais beaucoup parlé avec les gens ici avant de venir et je savais que j'allais être dans un bon cadre pour pouvoir évoluer. Les résultats montrent que c'est un bon choix.
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Hugo Ekitike, l'attaquant de l'Eintracht Francfort.
Crédit: Getty Images
Vous attendiez-vous à performer si vite alors que vous restiez sur une année et demie très difficile à Paris ?
Quand je suis arrivé, j'étais sur le banc. Physiquement, c'était difficile, je ne vais pas mentir. La compétition, ça n'a rien à voir avec les entraînements. J'ai tout de suite compris que, techniquement, j'étais au niveau pour jouer ici mais que j'avais aussi le paramètre physique à améliorer. À partir du moment où j'ai trouvé de la stabilité, le coach m'a fait confiance et je dirais que les choses deviennent plus faciles. Je sais que je peux encore faire beaucoup plus.
Est-ce que c'est plus facile de briller en Bundesliga pour un attaquant qu'en France ?
Je dirais que c'est un championnat différent, basé sur l'attaque. Peu importe le match, il y a toujours du spectacle. Les 15 dernières minutes sont toujours assez folles quand les résultats sont serrés. Peu importe contre qui tu joues. Par exemple, on bat Bochum 7-2 et la semaine d'après, ils font match nul contre Leverkusen. Tu te demandes comment c'est possible. C'est ça qui rend pour moi ce football si attrayant. L'an dernier, l'Allemagne place deux finalistes en coupes d'Europe avec Leverkusen et Dortmund. Ce n'est pas anodin. Après, je dirais que pour un attaquant, il y a plus d'espace. Forcément, ça aide. Mais mettre des buts, c'est difficile. C'est pour ça que tout le monde ne le fait pas non plus.
Vous êtes actuellement deuxièmes à 6 points du Bayern. Leverkusen, l'an dernier, a signé un miracle en devenant champion. Est-ce que c'est au tour de Francfort cette année ?
Non. On n'est pas Leverkusen. On n'est pas Leipzig. On est Francfort. Je pense qu'on est tous contents de ce qu'on fait. Une saison, c'est long. Il faut avoir de la constance et de la rigueur. Mais ça donne juste envie de poursuivre. Parce que tu te demandes jusqu'où on peut aller.
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Hugo Ekitike cartonne à l'Eintracht Francfort
Crédit: Getty Images
Avec Omar Marmoush, vous formez l'un des meilleurs duos offensifs en Europe. Pourquoi ça marche entre vous deux ?
Et encore, je pense que potentiellement, on est encore peut-être à 50% de ce qu'on pourrait faire si on travaillait encore mieux ensemble. Les autres joueurs nous font confiance, le coach aussi. Donc forcément, on a envie de leur rendre. Et leur rendre, c'est performer. C'est top de pouvoir jouer avec un joueur comme ça aussi.
Vous avez retrouvé votre niveau aujourd'hui. À Paris, vous n'avez jamais douté de vos qualités à force de ne plus jouer ?
Je suis un être humain. Je me remets toujours en question quand ça ne va pas. Mais je pense que j'ai bien été construit. J'ai des bonnes personnes autour de moi qui m'accompagnent. J'ai gardé le taux de confiance nécessaire pour pouvoir repartir, même quand j'étais au plus bas, même quand j'avais l'impression de ne plus exister. Je me suis reconcentré sur ce que je devais faire. Et je suis reparti déterminé pour montrer que j'existe.
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17 buts en 19 matches : Marmoush, la sensation de Francfort
Video credit: Eurosport
Réussir après votre échec à Paris, est-ce que c'est aujourd'hui votre plus grande fierté ?
Mais ce n'était pas la première fois où je me retrouvais dos au mur. Je suis parti au Danemark à 18 ans. Au départ, je ne jouais pas là-bas. Et il a fallu que je prouve mes qualités. Pareil à Reims, quand je reviens, je ne suis pas l'attaquant titulaire en début de saison. Je me fais confiance même quand personne ne me fait confiance.
Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur votre cas. On a parlé de dépression, de burn-out à Paris. Est-ce que c'est vrai ?
Non, il s'est passé beaucoup de choses. Après, moi, je vois les choses de manière très sage. Je me dis que chaque chose arrive pour une bonne raison. Je pense que j'ai tiré ce que je devais tirer de mon passage à Paris. Et ça va me servir aujourd'hui, demain et partout où je serai.
Et qu'en avez-vous tiré alors ?
La patience, la résilience. Savoir encaisser. Apprendre à gérer la critique. Ce que je n'avais pas connu avant de jouer pour Paris. C'est une formation dans ma vie d'homme.
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Hugo Ekitike (PSG).
Crédit: Getty Images
A 22 ans, vous avez déjà été un des plus gros espoirs de L1, avant-centre du meilleur club français, mis au placard puis un de ces Français qui explosent à l'étranger…
(Il coupe) Quand je pars de Reims, je suis monté à une vitesse… Mais je suis redescendu aussi à la même vitesse. Tout va vite dans le football. T'es là (main tout en haut) puis t'es là (main tout en bas) très vite. Ce que je cherche à montrer aujourd'hui, c'est que je suis en constante progression, que c'est linéaire et que je continue de grimper. J'étais jeune, je suis monté vite alors que j'avais des choses à apprendre, à emmagasiner mais ça s'est fait comme ça. Tout le monde n'a pas vécu ça et je ne souhaite à personne de le vivre, ce n'est pas facile. Mais voilà, je suis toujours là. Je pense que ma tête est bien faite et je continue de travailler pour être le meilleur possible.
Généralement, les meilleurs espoirs de L1 partent pour l'Allemagne puis vont dans un grand club européen. Vous n'avez pas fait les choses dans le même ordre. Est-ce qu'avec du recul, vous ne vous dites pas que vous êtes parti trop tôt à Paris ?
Non, j'avais fait une bonne saison à Reims alors que je n'avais même pas beaucoup joué. Je me suis retrouvé avec des choix à faire. Franchement, je n'ai aucun regret. Aucun regret. Je comprends les gens qui pensent qu'il faut une étape intermédiaire. C'est assez logique. C'est normal. Mais il y a aussi des joueurs qui s'imposent directement. Pourquoi pas moi ? Ça ne s'est pas fait. C'est comme ça.
Qu'est-ce que vous gardez de votre passage à Paris ? Vous étiez attaquant au milieu des Neymar, Messi, Mbappé. C'est une richesse incroyable.
Justement, c'est ça le truc. A ce moment-là, je ne voyais pas les choses comme ça parce que je voulais jouer. Mais c'est maintenant, après avoir passé beaucoup de temps chez moi à devoir réfléchir sur ce qui s'est passé que j'ai compris que j'ai eu la chance d'être à un endroit où personne n'a été. Je suis toujours en quête d'apprentissage. J'ai la soif d'apprendre. Je me suis rendu compte qu'au final, j'avais peut-être passé un an et demi à observer, à voir les meilleurs joueurs du monde faire leurs gammes à l'entraînement et même en match. Parfois de près, parfois d'un peu plus loin.
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Hugo Ekitike et Kylian Mbappé, à l'entraînement avec le PSG - 13 septembre 2022
Crédit: Getty Images
Donc le PSG a fait de vous un meilleur joueur malgré tout.
Évidemment.
Le but que vous mettez avec les Espoirs à l'entraînement, cette talonnade dans la lucarne, c'est Messi, Neymar ou Mbappé qui vous l'a apprise ?
Non, c'était moi. C'était bien moi. Et c'est plus du Zlatan, ça (rires). Une inspiration…
C'est aussi de la confiance sans doute. Parfois, on vous voyait rentrer en jeu avec le PSG et vous n'étiez pas dans votre assiette… Aujourd'hui, vous n'êtes plus le même. Quelle part à la confiance dans les performances d'un joueur ?
Après, il n'y a pas que la confiance. Il y a aussi le bien-être, bien sûr. Le bien-être mental. Il y a trop de paramètres qui font que tu joues mieux au foot. C'est dur à expliquer. La confiance, c'est un truc que tu as, et je pense que c'est aussi un truc que tu dois aller chercher. Elle se mérite, elle ne vient pas toute seule.
Vous êtes très bon à Francfort après avoir connu des difficultés à Paris. Randal Kolo Muani connaît l'expérience inverse. Le foot, ce n'est pas qu'une affaire de niveau mais aussi de contexte.
(Léger silence) Forcément. Quand je vois la situation dans laquelle il est… Jouer au PSG, c'est particulier. Ce club est particulier et ça ne va pas forcément à tout le monde. Personne n'est à sa place. Personne ne sait ce qu'il vit. Personne ne sait ce qu'il traverse. Mais bien sûr, on a déjà vu qu'il était un très bon joueur.
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Randal Kolo Muani
Crédit: Getty Images
Jeudi, vous retrouvez la France puisque vous rencontrez l'OL à Décines. Est-ce que, dans un coin de votre tête, il y a cette envie de montrer au public français que vous êtes un nouveau joueur ?
Je suis content d'être de retour en France. Mais je ne suis pas dans un état d'esprit revanchard. J'ai envie de gagner, c'est normal. Bien sûr, je veux aussi montrer qu'on a une bonne équipe et mes qualités. Je veux montrer que j'ai grandi. La première fois que j'ai joué Lyon, j'avais 18 ou 19 ans. Je vais les rejouer à 22 ans. Dans un match de Coupe d'Europe en plus. C'est magnifique.
Aujourd'hui, vous explosez en Allemagne comme Diaby, Coman, Pavard, Upamecano et tant d'autres. Vous avez été plutôt bon avec les Espoirs. Est-ce que l'équipe de France est dans un coin de votre tête ?
Randal (ndlr : Kolo Muani) a montré la voie. Forcément, c'est dans un coin de ma tête. Je me dis pourquoi pas. Je sais que je dois faire mes preuves mais que c'est quelque chose qui doit se mériter. Il est permis d'avoir des objectifs et des grands objectifs.
Quand vous étiez ensemble à Paris, vous sembliez assez proche du capitaine des Bleus, Kylian Mbappé. Êtes-vous toujours aussi proche ?
Il est parti de Paris, je suis parti de Paris. Je pense qu'actuellement, il a ses propres choses à fixer dans son club. Kylian a toujours été un modèle, un exemple pour moi. Je le regarde de loin et j'espère qu'un de ces quatre, on pourra être sur le terrain ensemble pour rejouer avec lui. Je regarde toujours ce qu'il fait, mais on n'est plus en contact comme avant. Chacun fait sa carrière, sa vie.
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