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Mexès, l'après-Thuram
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Publié 20/08/2008 à 00:00 GMT+2
Jusque là, Philippe Mexès est passé à côté de sa carrière en Bleu. Mais le départ de Lilian Thuram et une conversation avec Raymond Domenech à Tignes ont peut-être tout changer. Le sélectionneur va d'ailleurs lui donner sa chance en Suède, ce soir. A lui
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Crédit: Eurosport
A 26 ans, Philippe Mexès aurait dû être un cadre de l'équipe de France. Un guide pour accueillir la nouvelle génération qui pointe son nez avec les Gourcuff, Lloris, Clichy ou Fanni. Lors de sa première apparition sous le maillot tricolore en 2002 face à Malte, on lui prédisait un avenir doré. Mais l'ancien Auxerrois s'est égaré sur le chemin. Car, curieusement, il ne compte que huit sélections en six ans en équipe de France. Un chiffre qui étonne, surtout en Italie où Mexès s'est imposé à l'AS Rome comme l'un des défenseurs les plus respectés de Serie A. De l'autre coté des Alpes, on ne comprend pas son absence au Mondial 2006 ou à l'Euro 2008. Son nom a d'ailleurs régulièrement avancé cet été pour expliquer le naufrage des Bleus en Suisse et en Autriche.
Mais voilà, depuis les Espoirs, Philippe Mexès et Raymond Domenech étaient brouillés. Ça n'est pas un hasard si le Romain n'a été appelé qu'à deux reprises (face à l'Autriche et la Slovaquie en 2007) sous l'ère de l'actuel sélectionneur. Les deux hommes ne s'en sont d'ailleurs jamais caché. En décembre 2006, Mexès avait ainsi fustigé le manque de communication de Domenech, estimant "dommage qu'on aille voir des matches à Wigan avant la Coupe du monde et qu'on ne vienne même pas (l)'observer lors de la finale de la Coupe d'Italie". Sa non-sélection pour le Mondial-2006, déjà surprenante, lui avait laissé un goût amer. Un an plus tard, il avait qualifié le patron des Bleus d'"antipathique" , affirmant que celui-ci "se trompe toujours", après les propos polémiques de Domenech concernant l'Italie et les matches achetés. "Moins j'en entends parler, mieux c'est" , avait-il même ajouté.
Le déclic à Tignes
Depuis, la donne a changé. Une conversation à Tignes, le jour de son exclusion de la liste des 23 avant l'Euro 2008, a été salutaire. Pour la première fois, le joueur et le sélectionneur se sont parlé entre quatre yeux et ont mis les choses au point. "Je crois qu'elle nous a fait du bien à tous les deux. Je voulais savoir comment il me voyait vraiment, de quelle façon il me considérait. Je voulais savoir s'il avait des a priori sur moi, sur mon comportement. Je voulais savoir quelles images il avait de l'homme, du joueur, et si elles étaient négatives, explique Mexès dans France Football. On a parlé entre hommes, ou plutôt entre sélectionneur et joueur. On a mis les choses à plat. C'est la première vraie discussion que j'avais avec lui. Il est simplement dommage qu'elle se soit déroulée dans ces circonstances. Je voulais qu'il sache ce que je ressentais depuis quelques années. Avec Raymond Domenech, on a donc crevé l'abcès et levé les préjugés qu'il pouvait avoir sur moi. On a remis les compteurs à zéro".
Et le départ de Lilian Thuram peut aujourd'hui lui ouvrir grand les portes de l'équipe de France. Il a d'ailleurs reçu l'adoubement du recordman des sélections lui-même. "Il m'a dit que rien n'était fini mais que je devais davantage montrer mon implication en équipe de France. Il m'a confirmé aussi l'image que Raymond Domenech pouvait avoir de moi, celle que je pouvais également refléter. ''Tutu'' m'a demandé de m'investir davantage dans le futur, de montrer que j'étais plus concerné par les Bleus. Il m'a fait comprendre que mon tour viendrait après son départ" , avoue Mexès. William Gallas, avec qui il pourrait former la future charnière centrale des Bleus, il en est lui aussi convaincu : "J'ai déjà joué un peu avec lui. Tout le monde connaît Philippe, il a beaucoup de qualités, il a pu le démontrer déjà à Auxerre. Maintenant il est un peu plus âgé. L'année dernière à la Roma il a fait une très bonne saison. C'est un autre joueur qui va mettre la pression, cela sera bien pour le groupe."
"J'espère avoir ma chance"
Cette place, Philippe Mexès est bien décidé à la conquérir. "Humblement, je pense que je n'ai rien à envier à Jean-Alain (Boumsong), Sébastien (Squillaci) ou Julien (Escudé). Maintenant, j'espère avoir ma chance", affirme-t-il. Car, aujourd'hui, le défenseur veut rattraper le temps perdu. "Il y a tellement de trains qui sont déjà passés sous mon nez que je ne veux plus rater le bon wagon. J'ai presque dix saisons en pro derrière moi et, donc, plus de temps à perdre", prévient-il. Mercredi, Raymond Domenech va lui donner sa chance en Suède. Avant de passer aux choses sérieuses avec les matches de qualification, Mexès n'aura pas le droit à l'erreur...
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