Séance de tirs au but - Didier Deschamps remonté contre le DTN : "Déplacé" et "irrespectueux"

Hubert Fournier appréciera. Le directeur technique national (DTN) avait révélé lors d'une interview accordée à RMC le mois dernier que la FFF allait revoir "tout le processus" au sujet des séances de tirs au but avec comme objectif d'améliorer les performances des sélections tricolores. "Il faudra préparer, au même titre que celle pour le match, une vraie stratégie en lien avec cette spécificité qu’est le tir au but", avait lancé le DTN en évoquant les sélectionneurs. Et le moins que l'on puisse c'est que Didier Deschamps n'a pas gouté cette sortie remarquée.

Si en un an, la France a vu différentes sélections se faire sortir de quatre compétitions internationales à l'issue d'une séance de tirs au but, le sélectionneur des Bleus a tenu à mettre les points sur les i. "Ce qui me gêne et ce que trouve déplacé, c'est la sortie médiatique du DTN, a lancé DD. Je la trouve même irrespectueuse par rapport à tous les entraîneurs nationaux, les gardiens de but et les analystes vidéo. Ce sont des gens compétents et qui préparent ces séances… Les féminines l'ont travaillé par exemple et ce n'est pas pour autant que, malheureusement, ça a amené à une victoire lors du quart de finale de Coupe du monde".

Remonté, Deschamps reconnait bien sûr qu'il est logique de se pencher sur cette question alors que Griezmann, Mbappé and co ont notamment vu leurs rêves de sacres s'envoler à l'Euro 2021 et au Mondial 2022, à l'issue d'une telle séance. "Très bien qu'il y ait des études faites là-dessus, ça ne me pose aucun problème", estime-t-il. Mais si certains experts s'acharnent à expliquer que "ce n'est pas une loterie", le sélectionneur tricolore tient lui à rappeler le contexte de cet exercice si singulier : "Ma position, ce n'est pas que je considère que ça ne se travaille pas. (…) Ce dont je suis convaincu, c'est qu'il est impossible de recréer la même situation sur un plan psychologique et pour les conditions athlétiques dans une séance d'entraînement par rapport à un match avec une prolongation".

S'il a annoncé que cette question ne serait pas abordée avec le DTN lors du prochain rassemblement, Deschamps a cependant tenu à insister sur ce côté psychologique si singulier. "J'en ai parlé avec (Thierry) Henry avant, mais tirer un penalty à l'entraînement, pendant le match ou au bout aux tirs au but ce n'est pas pareil. (…) Évidemment que ça se prépare, les analystes vidéo, les entraîneurs des gardiens analysent tout, qui tire où, mais tu peux changer ta façon de tirer aussi. (…) C'est un rapport de force entre le tireur et le gardien de but", a encore ajouté DD avant de rappeler qu'il est très compliqué de prévoir une stratégie alors que les tirs au but arrivent après de longues minutes de bataille sur le rectangle vert. "La dernière fois, c'était après 143 minutes de jeu… (ndlr : lors de la finale de la Coupe du monde face à l'Argentine), a rappelé l'ancien milieu de l'OM. On peut prévoir, mais sur les cinq tireurs, vu les changements faits en finale, les cinq au bout ne sont pas ceux prévus".

Quelques minutes après, Thierry Henry, son homologue des Espoirs, lui a d’ailleurs apporté son soutien sur cette question au micro de L'Equipe. "Il y a des choses que tu ne peux pas maîtriser quand tu vas tirer un penalty. (…) Si tu n'as pas tiré de penalty dans ta vie à ce niveau-là, tu ne peux pas savoir ce qui se passe. Si tu regardes dans l'histoire, c'est souvent les plus grands qui ratent alors qu'ils semblent les plus aptes à être préparés".

Si ces sorties vont encore une fois relancer le débat sur ces séances, elles devraient refroidir aussi un peu l'ambiance dans les locaux de la FFF. Surtout que Deschamps, visiblement très agacé, a lancé en plus un petit pavé dans la mare quand il a été relancé sur cette question. "Il y a d'autres sujets qui m'intéressent. Je vous en donne un par exemple : pourquoi a-t-on du mal, en France, à avoir des arrières latéraux ? (…) Qui peut y répondre ? Je ne sais pas. Le DTN ? Peut-être", a-t-il glissé avant de placer une petite pique : "Si je me suis senti attaqué ? Non, ce n'est pas moi. Il n'y a pas de problème. Je fais en sorte de comprendre, d'être corporate, je m'appuie énormément sur la DTN. (…) Après, qu'il y ait peut-être de mauvaises intentions, et je ne vise pas spécialement le DTN, de certaines personnes..., c'est de notoriété publique, mais ce n'est pas gênant. Je suis ouvert aux nouvelles expériences, mais il faut un vécu aussi. Etre sur le banc, gérer, c'est important. Tous les entraîneurs nationaux des équipes de jeunes y sont. Ils bossent. Et j'ai du respect pour eux."