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L’Italie découvre aussi le dilemme des binationaux

Valentin Pauluzzi

Publié 24/03/2016 à 00:22 GMT+1

MATCHES AMICAUX - Ce qui est une habitude en France est une nouveauté de l’autre côté des Alpes puisque la fédération italienne commence à voir certains de ses jeunes choisir la sélection du pays d'origine de leurs parents et ce dès les catégories Under.

Jorginho avec l'Italie

Crédit: AFP

Thiago Motta, Jorginho et Eder, dans la dernière liste d’Antonio Conte, on ne compte pas moins de trois Brésiliens de naissance et naturalisés grâce à un ancêtre ou une longue permanence de résidence en Italie. Plus que jamais, la Squadra Azzurra doit faire recours aux oriundi pour augmenter la qualité de son réservoir de sélectionnables. Une constante dans son histoire car trois de ses quatre Coupes du Monde ont été remportées avec au moins un naturalisé dans ses rangs. Les rôles s'inversant, la situation ressemble à celle de l’arroseur arrosé.
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Marco Verratti au premier plan, Alessio Cerci et Mario Balotelli (avec Thiago Motta entre eux) derrière lui

Crédit: Panoramic

Une législation enfin revue

Immigration et émigration ont influé sur l’histoire d’à peu près tous les états du monde, à la seule différence que chacun vit ces flux à un rythme différent. En deux siècles, la France a connu l’immigration de l’Europe latine, de l’Est puis de l’Afrique. Pour cette dernière, beaucoup plus récente, les footballeurs possédant le passeport français et celui du pays de naissance de leurs parents est monnaie courante, tout comme les éléments choisissant le maillot bleu jusqu’en U-21 avant d’opter pour une autre sélection à partir des A. Les raisons sont multiples, attachement aux racines, (dés)amour du maillot, carriérisme, opportunisme. L’histoire différente des deux pays mais aussi la législation plus restrictive font que l'Italie vient à peine d'être confrontée à cette problématique.
II a fallu attendre le mois dernier pour que les immigrés âgés d’au moins dix ans puissent participer à des compétitions régionales et nationales dans toutes les disciplines sportives. Cette loi appelée "ius soli sportivo" a mis fin à des situations grotesques mais aussi une certaine forme de discrimination. Et encore, ces gamins qui bénéficieront de cette nouveauté n’ont pas encore la nationalité italienne contrairement aux joueurs sud-américains à qui un passeport italien est délivré en un temps record grâce à un arrière-grand-père et dans le seul but de contourner la réglementation sur les extracommunautaires. Mais on s’écarte du sujet, d’autant que la situation des binationaux concernent des personnes nées et résidant en Italie depuis leur plus tendre enfance.

L’Italie choisit la tolérance zéro

"C’est déjà le quatrième cas, nous sommes attristés que certains joueurs ne choisissent pas le maillot azzurro juste pour des calculs personnels. Nous sommes une grande famille, donc si on refuse le maillot de l’U18, il n’y a pas de place non plus dans les autres sélections." Maurizio Viscidi, vice-coordinateur des équipes de jeunes italiennes, n’avait pas caché sa colère en janvier dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport. Un coup de gueule qui faisait suite au refus de Mattia El Hilali de répondre à une convocation. Quelques mois plus tôt, le pensionnaire des U19 du Milan avait pourtant participé à l’Euro U17 en tant que titulaire.
De père marocain et de mère italienne, son choix s’est porté sur les Lions de l’Atlas qui lui auraient promis une place avec les U21 marocains. Un retournement de situation que Viscidi ne digère pas : "Il est compréhensible qu’un joueur demande à un club d’être vendu. Toutefois, une sélection ne peut pas faire l’objet d’une négociation. Nous investissons des années de travail pour préparer et améliorer les garçons, s’ils changent de maillot, cela veut dire qu’on a bossé pour une autre nation." De son point de vue, le raisonnement ne fait pas un pli, surtout que les cas se multiplient, déjà quatre selon lui alors que les El Shaarawy, Balotelli et Okaka n'avaient jamais pris en considération les avances de l'Egypte, du Ghana et du Nigéria.
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Stephan El Shaarawy avec l'Italie - 2015

Crédit: AFP

Mastour avait ouvert la voie

Souvenez-vous d’Hachim Mastour dont les exploits avec le maillot rossonero et azzurro ont envahi Youtube et créé le buzz fut un temps. Un numéro dix très technique annoncé comme un futur grand de la Squadra Azzurra. Trop tôt sous les projecteurs, le garçon a eu du mal à gérer cette surmédiatisation et s’est perdu mentalement et physiquement. Prêté pour deux ans avec Malaga où il brille par sa discrétion, il a décidé de faire une croix sur l’équipe d’Italie dès juin dernier. Fils de marocains, Mastour a carrément fait ses débuts avec l’équipe A trois jours avant ses 17 ans. Selon les rumeurs, il s’agirait d’une petite vengeance envers le sélectionneur des U16 italiens coupable de ne pas l’utiliser à son vrai poste.
Bon, le futur doré du joueur a été remis en questions depuis longtemps, mais la précocité du choix de sa sélection A inquiète les instances italiennes, aussi parce que d’autres pourraient emboîter le pas, ils s’appellent Michael Ronaldo Mboe Ntube en U16, Zakaria Hamadi en U18 et Moise Kean en U17. Ce dernier est né en Italie de parents ivoiriens et est déjà entré dans l’écurie du puissant Mino Raiola. Attaquant redoutable avec les jeunes de la Juve, il n’a pour le moment aucun doute : "Les autres ont fait leur choix, moi je suis né et ai grandi en Italie, je veux honorer ce maillot." A voir si le discours sera identique lorsque la concurrence à son poste mettra en péril un éventuel avenir avec la Nazionale. Rendez-vous donc dans quelques années pour voir si le réservoir de sélectionnables, déjà historiquement bas, continue de se vider.
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