Bleus - Equipe de France - Wissam Ben Yedder et le syndrome de la doublure

Pour trouver trace d'une doublure efficace en équipe de France, il faut faire travailler sa mémoire, remonter le temps. Loin, très loin. Pour finalement se rendre compte que la doublure n'en était pas vraiment une. Le dernier remplaçant efficace au poste d'avant-centre en équipe de France n'est autre… qu'Olivier Giroud. A l'époque où Karim Benzema avait encore les faveurs du sélectionneur, le deuxième meilleur buteur de l'histoire des Bleus sortait du banc avec efficacité et se présentait comme un recours fiable face à la disette de 1222 minutes sans marquer de l'attaquant du Real Madrid entre 2012 et 2013.

Un statut qu'il a conforté au Mondial 2014. Même remplaçant, la plupart du temps, il marquait ou délivrait des passes décisives. Depuis qu'il est devenu numéro 1 et que Karim Benzema ne fréquente plus Clairefontaine, Didier Deschamps a bien du mal à installer un deuxième homme derrière lui. Les candidats n'ont pas manqué, les déceptions non plus. Alexandre Lacazette, André-Pierre Gignac, Kevin Gameiro, Alassane Pléa et Wissam Ben Yedder ont tous tenté leur chance à court, moyen ou long terme. Personne ne s'est installé durablement pour offrir un recours viable.

En 53 sélections avec Didier Deschamps, ces cinq hommes n'ont marqué que dix buts et aucun d'entre eux n'a dépassé les trois unités. Aucun en grand tournoi international. Voilà aussi pourquoi Giroud enchaîne. Wissam Ben Yedder semblait avoir un temps d'avance et il est l'heureux élu depuis la Coupe du monde russe. Mais hormis deux buts contre Andorre en 2019 et deux passes décisives contre l'Ukraine en octobre, il n'a pas laissé de grands souvenirs après 11 sélections.

Il a encore laissé passer sa chance mercredi face à la Finlande (0-2) en livrant une prestation très terne. Le Monégasque manque d’impact en sélection. Il peut rendre service entre les lignes mais le costume international est encore beaucoup trop grand pour lui. La patience de Didier Deschamps a des limites et il n'est pas certain que WBY conserve sa place dans le groupe en mars prochain. Ben Yedder bénéficie, lui aussi, du manque de concurrence mais il pourrait connaître le même sort que Lacazette privé de sélection pour n'avoir pas su apporter les garanties nécessaires après 16 capes. La nouvelle génération incarnée par Moussa Dembélé ou Odsonne Edouard tarde à atteindre le niveau international.

Si certains postes (défense centrale, milieu de terrain) croulent sous les candidatures, celui d'avant-centre manque d'options. Une carence qui explique l’absence de doublure attitrée d’Olivier Giroud parmi les 23 champions du monde. Le passage en 4-4-2 que teste Deschamps depuis la rentrée de septembre nécessite pourtant d'avoir sous la main au moins quatre attaquants axiaux. Giroud et Mbappé sont les seuls incontournables.

Anthony Martial a longtemps occupé l'aile gauche, notamment lors d’un Euro 2016 raté, avant de profiter du changement de système pour, comme à Manchester, se recentrer. S'il a plutôt convaincu depuis septembre, ses statistiques (un but en 24 sélections) témoignent autant de la confiance retrouvée de Deschamps que de sa difficulté à changer le destin des Bleus quand on fait appel à lui.

A moyen terme, l’absence d’une doublure fiable à Giroud est un problème. A long terme, ce pourrait être une vraie angoisse. A 34 ans, l’homme aux 103 sélections n'est pas éternel et l'Euro pourrait bien marquer la fin de sa carrière internationale. Même si l'avenir de Mbappé passe désormais par l'axe, le Parisien pourrait se sentir bien seul. Comme Giroud avant lui.