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National 2 - À Nancy, le sauvetage miracle de l'ASNL : "Nous revenons de l'enfer..."

Guillaume Maillard-Pacini

Mis à jour 25/07/2023 à 16:01 GMT+2

Il est l'un des grands artisans du sauvetage de l'AS Nancy-Lorraine. Dans un entretien accordé à Eurosport, Sébastien Janodet, nommé président du club lorrain en mai dernier, se livre sur ses dernières semaines de stress et d'angoisse, qui ont finalement abouti sur un repêchage in extremis en N1 après une brève relégation administrative en N3. Inespéré.

La marche funéraire des supporters de l'ASNL, le 22 avril 2022

Crédit: Imago

Le rendez-vous est pris pour 20h dans les coins de la magnifique Place Stanislas. Après des jours et des nuits de travail acharné, Sébastien Janodet a accepté de faire une pause. "Cela va faire du bien", souffle celui qui a accepté de prendre la présidence de l'AS Nancy-Lorraine en mai dernier. Depuis, il a à peu près tout connu : une descente sportive, puis une autre administrative, pour finir en N3 pendant une bonne quinzaine de jours entre deux décisions de la DNCG.
"Cela vous donne une certaine idée de l'enfer", nous raconte-t-il. Mais l'ancien directeur des partenariats et des opérations de la LFP (2007-2015) n'a jamais rien lâché, allant jusqu'à travailler, avec son équipe, "jusqu'à 18 heures par jour" pour sauver "son" club, qu'il avait fréquenté une première fois au cœur des années 2000, d'abord en tant que bénévole, puis ensuite via un sponsor. Le 11 juillet, après son passage en appel devant la DNCG, Janodet comprend vite que la partie est gagnée. Le virement des deux investisseurs américains (environ 4 millions d'euros) est arrivé sur les comptes du club lorrain, avec d'autres garanties qui finissent par convaincre définitivement le gendarme financier. Réintégrée en N2, l'ASNL retrouve peu après la N1, profitant de la défaillance d'un autre club historique comme Sedan. Le pire est évité. Mais le travail est loin d'être terminé.
En l'espace d'un mois, votre club est passé de la N2 à la N3, avant finalement d'être rempêché en National. Comme avez-vous vécu cette période ?
Sébastien Janodet : C'était beaucoup de travail. On était un petit groupe, avec notamment Nathalie Tonnaire, directrice financière, qui a été très importante. Il y a eu parfois du stress, de la peur, c'est certain. Mais comme nous étions le nez dans le guidon, travaillant parfois jusqu'à 18 heures par jour, nous n'avions pas vraiment le temps de réfléchir. Il y a eu une période où ce travail durait jour et nuit, c'était dur.
Le 27 juin, la DNCG décide de vous rétrograder en N3. Que s'est-il passé depuis ?
S.J : La première fois, on se doutait que le verdict ne serait pas bon. Personne ne nous dit rien, mais une tendance se dégage toujours. Et c'était légitime, il y avait des choses que nous n'avions pas apportées devant la DNCG. Mais nous sommes rapidement repartis au combat. La première chose capitale, c'est que nos actionnaires ont apporté des garanties financières. Juste avant le premier passage, l'un d'entre eux avait décidé de lâcher l'affaire. Et cela a mis en danger ce qui était prévu. Nous avons su remobiliser les deux principaux (Krishen Sud et Chien Lee, ndlr), qui ont remis l'argent nécessaire. On a également retravaillé notre budget, que cela soit pour la N2 ou la N1, en cas de défaillance d'un club. Il y avait plusieurs plans sur la table. En gros, ce que la DNCG ne veut pas, c'est qu'un club soit en danger en cours de la saison. Elle demande à tous les clubs un préfinancement de la saison, ce qui signifie qu'il faut garantir toutes les recettes qui sont incertaines. D'une manière ou d'une autre.
La vente de Neil El Aynaoui à Lens (pour 1,5 million d'euros, ndlr) a-t-elle été décisive pour le passage devant la DNCG ?
S.J : Oui. On l'a vendu à un certain prix le week-end qui précédait le premier passage. Mais il n'avait pas encore signé son contrat, puisque la visite médicale était encore à faire. L'instance n'a pas forcément pris en compte l'indemnité de transfert la première fois. Mais la deuxième fois, oui. Cela n'a pas tout changé, mais il est certain que cela a aidé. Dans ce dossier, Lens a été très correct et très chouette. Le joueur aussi.
Avez-vous eu peur de voir le club disparaître ?
S.J : Il y a eu des périodes de doute, forcément. Mais nous n'avons jamais lâché notre combat. Je tiens également à remercier Mathieu Klein, le maire, et Hervé Féron, vice-président du Grand Nancy chargé des sports. Ils se sont impliqués dès les premiers instants et ont joué un rôle important pour notre passage devant la DNCG.
Krishen Sud et Chien Lee, vos actionnaires, ont assuré qu'ils avaient "appris de leurs erreurs" après avoir investi plus de 18 millions d'euros. Les croyez-vous ?
S.J : Au vu de l'argent investi, je pense qu'ils ont envie de réparer certaines choses et de faire mieux. Dans le cas inverse, ils auraient probablement arrêté.
Nous avons tous eu peur, moi le premier
Une vente du club est-elle donc catégoriquement exclue ?
S.J : Les deux investisseurs s'impliquent beaucoup au quotidien, notamment Krishen Sud. Je pense donc qu'ils n'ont pas envie de vendre.
Pour revenir sur le terrain, combien de joueurs comptent l'ASNL à ce jour (l'entretien a été réalisé le 18 juillet) ?
S.J : Il doit y avoir une quinzaine de joueurs sous contrat professionnel.
Quelle est la stratégie mise en place à court et moyen terme ?
S.J : Il faut d'abord repartir du sportif. Nous devons construire une équipe compétitive et la plus performante possible. Dans ce sens, Benoît Pedretti, l'entraîneur, sera la cheville ouvrière de notre projet. Pour la première fois, il va pouvoir bâtir son effectif dès le début de saison. Même si des contraintes budgétaires existent, il va pouvoir choisir ses joueurs et son effectif. On compte beaucoup sur lui. Hors terrain, Nancy a toujours été un club familial avec plusieurs composantes : le club, la métropole, la ville, les supporters, les sponsors... Je pense que l'ASNL a perdu ce côté convivial ces dernières années. Il faut une reconnexion. Le puzzle doit se reformer, chaque pièce est importante. Nous voulons redonner une dynamique positive.
Visez-vous une montée en Ligue 2 dès cette saison ?
S.J : C'est encore trop tôt pour le dire, on revient tout juste de l'enfer... Nous avons tous eu peur, moi le premier. Tout le monde a pensé que l'ASNL pouvait disparaître. J'espère que les personnes ne vont pas se dire que le plus dur est fait. Il faut continuer sur cet engouement populaire, on l'a vu lors des deux dernières journées à domicile, qui étaient à guichets fermés.
Benoît Pedretti a été conforté dans sa position par vos dirigeants et par vous-même. Dans quel état d'esprit est-il après une saison aussi éprouvante ?
S.J : C'est l'homme clé du club, on veut bâtir autour de lui. Il est très motivé.
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Benoît Pedretti (Nancy)

Crédit: Imago

Vous occupez ce poste depuis mai dernier et votre travail fait l'unanimité. Comptez-vous rester à l'ASNL ?
S.J : Il y a encore tellement de boulot que j'ai du mal à me projeter aussi loin. La DNCG, puis maintenant le mercato, la reprise, la saison qui arrive... Très sincèrement, à titre personnel, je vis au jour le jour.
N'est-ce pas trop difficile d'être un président-supporter ?
S.J : D'un côté, cela vous donne plus de force. Mais de l'autre, cela fait également plus de peine quand les choses se passent mal. Je suis arrivé dans un moment particulier de l'histoire du club, puisque l'ASNL n'avait jamais été en National 2. C'était plus difficile que je l'imaginais. Il y a un encore gros chantier, c'est vrai, mais si chaque composante vient se greffer... Cela peut vraiment faire quelque chose de très chouette si cela repart bien. Il y a un centre de formation, des supporters exceptionnels, un stade à la hauteur, une culture foot, des anciens prestigieux... Nancy, c'est une ville sportive. Il y a beaucoup de personnes au football, au basket... Le tissu économique est également intéressant. Si tout le monde se fédère autour de l'ASNL, cela peut repartir.
Jacques Rousselot, le président historique, pourrait-il avoir un rôle dans ce nouveau départ ?
S.J : Lui aussi est passé par tous les sentiments. Il a été triste et inquiet, comme tout le monde. Mais il a été d'un grand soutien, et il n'a pas hésité à nous aider pour notre passage devant la DNCG. J'espère qu'il fera justement partie de cette reconnexion dont je parlais, même si je ne sais pas dans quel rôle. Il ne faut pas tirer un trait avec le passé. Jacques est toujours en contact les actionnaires.
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rousselot nancy

Crédit: Eurosport

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