Nouvelle Coupe du monde des clubs : La FIFA invente les saisons sans fin

Il parait qu'il est déconseillé de communiquer le dimanche. Les professionnels vous le diront : si vous voulez faire du bruit, sortez le mégaphone les autres jours de la semaine. Pas le dernier. Pour plein de raisons, aisées à imaginer. Le dimanche, les clairons et le tocsin sonnent moins fort. Ce qui, soit dit en passant, peut se révéler utile si vous avez quelque chose à "cacher" ou une annonce à faire passer en catimini.

On peut aussi penser que c'est une manière symbolique de dire au monde que la planète n'arrête pas de tourner, même le dimanche. Et qu'il faut s'habituer au mouvement perpétuel. Jusqu'à la nausée.

Dimanche, donc, la FIFA a dévoilé le visage de son nouveau bébé. Un bambin bien portant qui s'appelle "Coupe du monde des clubs" et qui est, grosso modo, le pendant pour les clubs de la prestigieuse compétition jusqu'ici réservée aux équipes nationales. Le Mondial des clubs est destiné à compléter l'offre (déjà) pléthorique de la FIFA.

Trente-deux équipes, huit groupes de quatre, des huitièmes de finale, des quarts, etc., le tout disputé sur un mois aux Etats-Unis et tous les quatre ans :ça, c’est le format de la Coupe du monde des clubs. La grande première est prévue pour l'été 2025, du 15 juin au 13 juillet. Soit le calque du Mondial (celui des équipes nationales, avant 2026 et l’expansion à 48).

Après 2025, les années sans Coupe du monde des clubs, on aura le droit à la Coupe Intercontinentale qui reprendra le format de… l’actuelle Coupe du monde des clubs, à ceci près que le représentant européen sera qualifié d'office en finale. Ce n’est pas clair ? Pas grave. Pas très équitable ? La fédération internationale n’en a cure.

La planète football n'a jamais trop su sur quel pied danser avec ses Coupes du monde de clubs. La Coupe Intercontinentale d'antan, rendez-vous unique et symbolique qui mettait aux prises le champion d'Europe et le champion d'Amérique du Sud, excluait trop de monde pour prétendre à l'universalité. Le Mondial des clubs, l'actuel, est lui trop alambiqué et n'intéresse personne. Pour preuve, vous avez sans doute oublié que la finale est programmée vendredi.

Bref, ces formules, qu'elles furent imaginées et organisées par l'UEFA, la Comnebol ou la FIFA, n'ont jamais passionné les foules et encore moins rempli les fouilles de quiconque. Gianni Infantino a-t-il finalement trouvé la formule magique ? Il est permis d'en douter mais l'avenir le dira.

A la question "Trop de foot finira-t-il par tuer le foot ?", nul n'a la réponse. A la question "Trop de foot tuera-t-il les footballeurs ?", il est permis d'avoir un avis bien plus clair.

Prenez, au hasard, Kylian Mbappé. Si tout va bien pour lui, il pourrait terminer la présente saison début juin et enchainer sur l'Euro 2024, jusqu'à la finale du 14 juillet. Une fois le Championnat d'Europe dans le rétro, Mbappé devrait enquiller avec les JO, puis démarrer la saison 2024/2025 qui se terminerait donc, potentiellement, le 13 juillet. L'attaquant aurait ensuite probablement droit, royal, à trois semaines de vacances, avant de se lancer sur la route de 2026 et de la première Coupe du monde de l'histoire à 48 équipes.

Si Kylian Mbappé n'est pas un footballeur lambda et que l'immense majorité de ses confrères ne sont pas soumis aux mêmes cadences que lui, les autres têtes d'affiche le sont. Et ce sont elles qui vont finir sur la jante à force de tirer sur la corde et d’exposer les clubs, toujours les mêmes, toujours un peu plus. Toujours un peu trop.

Avec quels joueurs le PSG, le Real Madrid ou Manchester City reprendront la saison 2025/2026 s‘ils doivent laisser souffler leurs forces vives trois semaines après une finale de Coupe du monde des clubs ? En doublant leur effectif, en asséchant un peu plus la concurrence ou tout autre idée saugrenue qui tarirait encore un peu plus l'intérêt des compétitions locales, déjà déséquilibrées au possible ?

La FIFPRO est déjà montée au créneau, regrettant d'ores et déjà un "manque de considération pour la santé mentale et physique des joueurs, de même qu’un mépris pour leur vie personnelle et de famille". Des joueurs, comme Raphaël Varane - footballeur épuisé à 30 ans - essaient de propager la bonne parole. Mais leur voix porte peu. Bien moins en tout cas que le froissement des billets de banque.