PREMIER LEAGUE - A Liverpool, Oxlade-Chamberlain a découvert le sens des responsabilités

En Premier League, qu'est-ce qu'une recrue à 38 millions d'euros aujourd'hui ? Probablement rien de plus qu'un faire-valoir, qu'une tentative de relance ou, au mieux, une mise sur un potentiel. La preuve : c'est aussi la somme que Liverpool a déboursée, l'été dernier, pour s'offrir Alex Oxlade-Chamberlain, alors qu'Arsenal n'avait pas souhaité faire les efforts, en amont, pour lui offrir un nouveau contrat. A l'époque, beaucoup avaient qualifié le transfert de "Panic Buy", les Reds cherchant avant tout à se prémunir du départ programmé de Coutinho. Ils s'étaient tous trompés. D'abord parce que "The Ox" n'est pas "Phil". Ensuite parce qu'il n'est pas, non plus, l'échec inhérent à ce type d'achat.

Il avait pourtant tout pour l'être. A Arsenal, son manque d'impact sur les résultats et des statistiques peu flatteuses (20 buts et 27 passes en… 198 matches) l'avaient aligné sur la même liste que les autres ailiers anglais qui ont peu à peu sombré : Shaun Wright-Phillips, Aaron Lennon, Daniel Sturridge. Même Arsène Wenger, qui n'est jamais le premier à perdre patience avec ses poulains, avait fini par ne plus y croire. En fin d'année dernière, alors qu'Oxlade-Chamberlain était déjà passé chez l'ennemi, l'Alsacien avait vidé son sac : "Vous ne pouvez pas devenir un grand joueur en vous asseyant dans votre rocking-chair sans vous battre. Ça ne marche pas comme ça".

A Liverpool, durant de longues semaines, ça n'a pas marché non plus. Son positionnement -parfois milieu offensif, tantôt ailier droit- a donné quelques maux de tête à Jürgen Klopp. Et puis il y a eu un déclic. En plein cœur du mois de décembre, lors d'un déplacement à Bournemouth, Oxlade-Chamberlain a bouclé sa meilleure prestation avec les Reds. Sur le terrain, où il a offert un ballon de but à Salah. Et en dehors : en zone mixte, après la rencontre, l'international des Three Lions (30 sélections) a sorti Coutinho du pétrin, alors que le Brésilien croulait encore sous les questions portant sur son transfert à venir. Les supporters avaient adoré le symbole.

Il y avait pourtant, aussi, un véritable constat à en tirer : le joueur de 24 ans s'était enfin découvert un sens des responsabilités. "Ici, nous lui en donnons bien plus. A Arsenal, leurs deux joueurs décisifs étaient Mesut Özil et Alexis Sanchez, a rappelé Klopp. Avec nous, s'il est sur le terrain, il doit être impliqué dans les situations dangereuses. Je pense que sa plus grande marge de progression se situe dans sa capacité à être impliqué dans les occasions de but. C'est incroyable, mais on ne lui a pas demandé cela assez souvent par le passé". Depuis qu'il a rejoint Liverpool, Oxlade-Chamberlain a inscrit trois buts en Premier League. C'est plus que lors de ses 71 derniers matches avec les Gunners. Le progrès est encore mineur. Mais il existe.

Au cœur du jeu, "The Ox" s'est trouvé un rôle hybride, d'équilibriste, alors que le collectif du club de la Mersey penche (trop ?) vers l'attaque. Son match référence, lors de la victoire des Reds face à Manchester City, en a été la preuve. Cette saison, aucun autre joueur que lui n'a été plus souvent impliqué dans des phases offensives débouchant sur un tir. "Il a toutes les qualités, le tir, les deux pieds, la vitesse… Où est sa limite ? Je ne sais pas, s'est interrogé son manager. Mais nous savons qu'il sera encore meilleur dans le futur". C'est bien parti pour.