Premier League : Tottenham, les paradoxes de l'arbitre idéal du duel City-Liverpool

Sur le papier, la Premier League offre le scénario du parfait thriller. Liverpool et Manchester City sont au coude à coude pour aborder une fin de championnat passionnante et indécise. Derrière ce duo, Tottenham a quasiment abdiqué avec 13 points de retard sur la formation de Josep Guardiola et 15 sur celle de Jürgen Klopp, qui a disputé un match de plus que ses deux poursuivants. Mais les Spurs auront quand même leur rôle déterminant à jouer dans cette course au titre.

Le hasard du calendrier a fait que le troisième du classement arbitrera ce duel entre les deux prétendants. Après avoir affronté les Reds dimanche à Anfield, les hommes de Mauricio Pochettino seront en déplacement à l'Etihad dans trois semaines pour défier City. Ils affichent le deuxième meilleur bilan à l'extérieur de la Premier League avec 33 points pris loin de leur base cette saison. Tottenham n'a pas quitté le podium depuis la 15e journée et disputera les quarts de finale de la Ligue des champions. Cela fait-il de lui l'arbitre idéal pour la lutte finale ? En apparence seulement. Derrière, il y a quelques raisons de penser le contraire.

Les Spurs avaient pourtant fait forte impression pour leur premier choc de la saison face à un membre du Top 6. Si le Manchester United de José Mourinho n'avait pas grand-chose à voir avec celui d'Ole Gunnar Solskjaer, les Londoniens n'en avaient pas moins signé un succès éclatant à Old Trafford (0-3). Mais depuis, ils n'ont pas confirmé face aux autres cadors de la Premier League. Au contraire, Tottenham a affiché des difficultés récurrentes à faire bonne figure dans les grands rendez-vous.

En huit confrontations face au membre du Top 6, il n'a pris que 7 points sur 21 possibles. Sur ces huit matches, les Spurs n'ont signé que deux victoires : face à Manchester United et contre Chelsea (3-1). Ils ont surtout concédé pas moins de cinq défaites. Dont trois à domicile, face aux Red Devils (0-1), Liverpool (1-2) et Manchester City (0-1). Les deux équipes de tête ont ainsi déjà imposé leur loi aux hommes de Pochettino cette saison avant les retrouvailles dans ce sprint final. Le technicien argentin a d'autres raisons de ne pas les aborder avec optimisme.

Jürgen Klopp et Josep Guardiola réussissent rarement à l'entraîneur de Tottenham. En huit confrontations face à l'Allemand, Pochettino n'a récolté qu'une victoire, pour quatre nuls et trois défaites. Même si Tottenham était resté invaincu face à Liverpool la saison passée, avec une large victoire à domicile (4-1) et un nul à Anfield (2-2), l'Argentin affiche un bilan famélique face au coach des Reds avec une moyenne de… 0,88 point pris par match.

C'est encore pire face à Josep Guardiola avec seulement deux victoires, quatre nuls et huit défaites en 14 duels. Soit une moyenne de 0,71 point par match contre l'entraîneur de Manchester City. Pochettino a quand même signé des coups d'éclats face à Pep. Notamment en 2009, quand il dirigeait l'Espanyol, une victoire retentissante dans le derby au Camp Nou (1-2) contre un Barça en route pour le triplé. Ou en infligeant au Catalan sa première défaite sur le banc de City en 2016 (2-0). Mais à part ça, les rendez-vous avec Guardiola ont surtout viré au cauchemar pour l'Argentin.

Au moment d'aborder la trêve internationale, Tottenham sort d'un mois paradoxal. Les Spurs ont brillé sur la scène européenne avec deux victoires face au Borussia Dortmund (3-0, 0-1) et une qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions. Une première depuis 2011 pour le club londonien, qui affrontera… Manchester City pour tenter de décrocher un billet pour le dernier carré de la compétition. Ce serait historique pour les Spurs. Mais cette épopée européenne n'a pas été sans conséquence.

Ce n'est peut-être qu'une coïncidence. Mais pendant qu'il brillait en Europe, Tottenham a connu une très nette baisse de régime en championnat. L'équipe de Mauricio Pochettino a enregistré trois défaites et un nul lors de ses quatre dernières sorties en Premier League. Une série qui, en plus de relancer la course au podium, a vraisemblablement mis un terme à ses derniers espoirs de rivaliser avec Manchester City et Liverpool pour le titre. Et condamné les Spurs à jouer un simple rôle d'arbitre dans ce duel pour le sacre de champion d'Angleterre. Mais un rôle capital.