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Premier League : Watford, le nouveau Leicester ?

Bruno Constant

Mis à jour 15/09/2018 à 17:36 GMT+2

PREMIER LEAGUE - C’est son entraineur, Javi Gracia, qui le dit après le parcours sans faute de son équipe, co-leader du championnat d’Angleterre après quatre journées. On vous rassure, personne n’y croit. Mais attention quand même à cette équipe, tombeuse des "gros" à Vicarage Road, avant la visite de Manchester United.

Le coach de Watford, Javi Gracia

Crédit: Getty Images

Beaucoup imaginaient Wolverhampton, et son projet très ambitieux, ou encore Fulham, et sa gourmandise sur le marché des transferts, mais la surprise du début saison anglais se nomme Watford. Avec quatre succès en autant de journées - dont trois tout de même à domicile -, les Hornets sont, aujourd’hui, les seuls à suivre le rythme infernal imposé par Liverpool et Chelsea au point de faire danser de joie dans les tribunes un certain Elton John, ancien président du club, comme aux plus belles heures de sa carrière.
Cela ne durera sans doute pas - je parle évidemment de Watford - mais cela n’a pas empêché un bookmaker anglais d’oser la comparaison avec le Leicester de Claudio Ranieri, sacré champion en 2016 à la surprise générale : "Are Watford the new Leicester ?", lança-t-il tout en offrant la cote de 500 contre 1 aux Londoniens pour réaliser l’impossible. Bien loin, néanmoins, des 5000 contre 1 qui avait précédé le "miracle de 2016".

L’étrange statistique qui précéda le sacre des Foxes

"Nous avons tellement bien commencé la saison que nous pouvons être considérés comme le nouveau Leicester", a admis son entraîneur, l’Espagnol Javi Gracia, au moment de recevoir son trophée de "manager du mois d’août" de Premier League. Il faut dire qu’une étrange statistique circule à propos des deux formations. La saison précédant leur incroyable épopée, les Foxes avaient terminé quatorzièmes avec 11 victoires, 8 nuls et 19 défaites. Et devinez quoi ? L’an passé, Watford a fini la saison à la… quatorzième place avec un bilan de 11 succès, 8 nuls et… 19 défaites ! Drôle de coïncidence, non ?
Evidemment, personne n’y croit outre-Manche. Parce qu’il est beaucoup trop tôt dans la saison et que certains ont peut-être oublié la très belle entame de Watford, coutumier du fait, l’an passé (4e après 4 journées derrière les deux Manchester et Chelsea) avant de dégringoler en seconde partie de tableau. Et puis surtout parce que les miracles n’arrivent jamais deux fois et rarement à Watford, un club davantage habitué à faire le yoyo entre les différentes divisions professionnelles et qui compte, au-delà de sa place de finaliste de la Cup en 1984, une seule petite ligne à son palmarès : un titre de champion de… D4 anglaise, remporté deux fois, en 1969 et 1998.
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Craig Cathcart of Watford (L) celebrates after scoring his team's second goal with Troy Deeney of Watford during the Premier League match between Watford FC and Tottenham Hotspur at Vicarage Road on September 2, 2018 in Watford, United Kingdom

Crédit: Getty Images

Le moins glorieux des clubs londoniens

Situé dans le nord-ouest de Londres, le Watford FC est le club le moins glorieux et le moins connu de la capitale, loin derrière Arsenal, Chelsea, Tottenham, West Ham, Fulham, Crystal Palace ou encore Wimbledon et Millwall. Une formation dont le dernier grand fait d’armes est un match d’anthologie face à Leicester, justement, en demi-finale retour des barrages d’accession à la Premier League en 2013.
Menant 2-1 à Vicarage Road et 2-2 sur l’ensemble des deux matches, les supporters avaient cru voir leurs espoirs s’envoler lorsque le Français Anthony Knockaert avait obtenu un penalty à la septième minute du temps additionnel en faveur des Foxes. Mais le tir de ce dernier avait été repoussé par Almunia avant que Watford n’inscrivît le but de la qualification pour Wembley sur la contre-attaque conclue par Deeney ! Une montée d’adrénaline et d’émotion qui illustre l’immense succès des play-offs du football anglais, copiés depuis.

Neuf managers en six ans !

Cette année-là, pourtant, les Hornets n’étaient pas montés, battus en finale par une autre formation londonienne : Crystal Palace. C’est même Leicester qui filera en Premier League avant eux, dès 2014, soit un an avant Watford. De cette équipe, seul Troy Deeney, son capitaine et buteur aux mille vies, est sorti indemne, en dehors de Chalobah, en prêt à l’époque et de retour en 2017. Symbole du temps qui passe mais aussi et surtout de l’instabilité qui secoue le club depuis maintenant six ans et la reprise en main de la famille Pozzo.
Outre les va-et-vient de joueurs à travers les deux autres clubs qu’ils détiennent (Udinese en Italie et Grenade en Espagne), les propriétaires italiens usent et abusent des managers : neuf en l’espace de six ans ! Et le plus souvent sans ménagement. Gianfranco Zola a été remercié six mois après avoir fait vibrer les supporters lors du fameux play-off de 2013 et Slavisa Jokanovic renvoyé après avoir ramené le club au sein de l’élite en 2015.
Mais là où d’autres prônent la stabilité comme gage de succès, le club cher à Elton John s’est ancré quelque part grâce à l’instabilité et la remise en question perpétuelle. Watford, qui ne fait rien comme tout le monde, enchaîne ainsi sa quatrième saison consécutive au sein de l’élite pour la première fois en trente ans. Et, pour la première fois en quatre ans, l’entraîneur qui débute la saison est le même qui a achevé la précédente. Arrivé sur la pointe des pieds avec son anglais hésitant, Javi Gracia fait du bon boulot malgré la vente de son meilleur joueur cet été, le Brésilien Richarlison à Everton.
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Le coach de Watford, Javi Gracia

Crédit: Getty Images

Quelques similitudes quand même

Reste à savoir si Watford a réellement une chance d’imiter Leicester ? Quand on y regarde de plus près, on pourrait voir des similitudes avec cette formation de Watford, notamment dans les joueurs qui la composent. Dans le but, un gardien expérimenté qui n’a pas su s’imposer à Manchester (Foster pour Schmeichel). Derrière, une défense musclée et solide autour du Belge Christian Kabasele, vraie révélation. Au milieu, Watford n’a pas N’Golo Kanté mais une doublette de Français avec Etienne Capoue et Abdoulaye Doucouré dont l’entente est un rouage essentiel des Hornets. A l’instar de Mahrez à Leicester, les Londoniens peuvent compter sur la créativité de l’Argentin Roberto Pereyra dont le talent, prometteur, semble également se révéler sur le tard. Enfin, devant, Deeney a remplacé un autre charognard anglais au parcours tourmenté (Vardy).
Toutefois, au-delà de l’effet de surprise, Leicester avait, en son temps, profité de l’apathie des clubs du Big Four. Chelsea traversait de plein fouet le syndrome de la troisième saison de Mourinho (débarqué en janvier). Se remettant à peine de la retraite de Ferguson, Manchester United vivait des jours agités sous Van Gaal. A Manchester City, Pellegrini était condamné à diriger un bateau qui n’était déjà plus vraiment le sien (Guardiola avait déjà son mot à dire sur le recrutement) tandis qu’Arsenal et Wenger furent, une fois de plus, incapables de saisir l’aubaine qui se présentaient à eux. Or, au lendemain de la saison de tous les records du Manchester City de Guardiola et de l’apogée, peut-être, du Liverpool version Klopp, on a du mal à imaginer un nouveau séisme en Premier League.
Mais, gare à cette équipe de Watford, qui aime faire tomber les "gros" à Vicarage Road - Arsenal et Chelsea l’an passé, Tottenham cette saison. Manchester United et Jose Mourinho, prochains visiteurs, sont prévenus.
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Roberto Pereyra of Watford celebrates after scoring his team's first goal

Crédit: Getty Images

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