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Jack Grealish (Aston Villa), garant d'une identité et plus si affinités

Joffrey Pointlane

Mis à jour 12/01/2020 à 13:42 GMT+1

PREMIER LEAGUE - Capitaine et leader technique d’Aston Villa, Jack Grealish, l’enfant prodigue de Birmingham, continue de faire la fierté des siens. Il se pose en porte-étendard d’une espèce vouée à disparaître : celle des n°10 à l’ancienne, tant dans la gestuelle que dans le comportement. De là à représenter un casse-tête pour Gareth Southgate, à cinq mois de l'Euro ?

Jack Grealish (Aston Villa)

Crédit: Getty Images

Remontée de balle. Fixation. Décalage. Les choses simples. Même si sa passe fut déviée par Caglar Söyüncü, le défenseur de Leicester City, avant que l’action ne se poursuive jusqu’à la conclusion de Frédéric Guilbert pour l’ouverture du score des Villans, elle dit tout de l'efficacité et des qualités de percussion de Jack Grealish. Aston Villa a concédé le nul sur la pelouse du King Power Stadium des Foxes, en demi-finale aller de League Cup mercredi soir (1-1), mais les louanges sont allées une nouvelle fois vers le même joueur côté "claret and blue".
Florilège : "Ses qualités techniques m’ont encore bluffé même si ce fut un match compliqué pour Villa. Il a une capacité à toujours choisir la meilleure solution sans en faire trop", dixit Gary Neville, sur Sky Sports. "Villa a été en difficulté mais c’est son activité sans ballon qui a été incroyable alors que l’équipe a beaucoup subi. Surtout, il n’a pas arrêté de communiquer avec ses coéquipiers afin de ne pas lâcher. C’est un vrai leader, au-delà de tout ce qu’il peut faire que nous sachons déjà avec le ballon", selon Peter Crouch, sur BT Sport. Jack Grealish n’en est pas à ses premiers éloges. Mais ceux-ci se succèdent depuis que son équipe a fait son retour dans l’élite du football anglais, sans que quiconque ne trouve à y redire.

Le joueur anglais le plus décisif

Chaque week-end ou presque, le natif de Birmingham, qui a grandi à Solihull, bourgade située dans la périphérie de la deuxième ville d’Angleterre, illumine les pelouses de Premier League par la grâce de son touché de balle, ses dribbles chaloupés ou encore sa capacité infinie à sentir le jeu. Mais sa panoplie ne s’arrête pas là, et David De Gea, le gardien de Manchester United, ne pourra qu’acquiescer. Début décembre, en à peine dix minutes de jeu seulement, Grealish a fait parler ses qualités de fixation face à Andreas Pereira avant d’enrouler un amour de ballon dans la lucarne gauche du portier espagnol, le tout devant la célèbre Stretford End d’Old Trafford, restée bouche bée.
Une action de classe qui fera dire à Jamie Carragher sur Sky Sports après la rencontre : "Lorsqu’il reçoit le ballon, le match s’arrête. Les gens attendent de voir ce qu’il va faire. Les défenseurs ont peur de l’attaquer et d’aller vers lui. Ils attendent une passe astucieuse, un mouvement du corps." Rebelote un mois plus tard, le 1er janvier à Turf Moor, où il décoche un missile à l’entrée de la surface pour souhaiter une bonne année à Nick Pope, le dernier rempart de Burnley, aux supporters des Clarets et aux siens par la même occasion. Sa merveilleuse frappe de balle ne vient que s’ajouter aux multiples facettes que Grealish possède balle au pied, en plus d’un volume de jeu retravaillé début août.
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Jack Grealish (Aston Villa) face à Leicester

Crédit: Getty Images

Dépositaire du jeu des Villans, impliqué dans plus de 40% des buts de son équipe (27) depuis sa remontée dans l’élite cette saison, le milieu de 24 ans travaille également sa polyvalence par l’intermédiaire de son manager Dean Smith. Après avoir débuté au poste de relayeur gauche en début de saison, voilà Grealish évoluant un cran plus haut dans le 4-3-3 des Villans en position d’ailier gauche, histoire de faire étalage de toute sa palette technique afin de fluidifier le jeu et entraîner les joueurs adverses hors de position.
Si le club éprouve des difficultés à enchaîner au niveau des résultats et devra lutter pour sa survie jusqu’au bout (Villa est 17e après 21 journées), ce changement de position sur le pré s’est avéré bénéfique pour Grealish qui continue à faire des différences : il est le joueur anglais créant le plus d’occasions de but en Premier League (46) - le deuxième en tout derrière Kevin De Bruyne (52) - et celui qui subit le plus de fautes (88) - loin devant Wilfried Zaha (76), son plus proche poursuivant dans ce classement. Des statistiques personnelles qui résultent d’une facilité déroutante à servir ses coéquipiers dans des conditions optimales et à éliminer ses adversaires balle au pied. Le jour du Boxing Day, face à Norwich, sa passe décisive pour Conor Hourihane lui a permis de rentrer dans un cercle très fermé au sein du club des West Midlands : il est le premier à compiler 5 buts et 5 passes décisives en Premier League depuis Gabriel Agbonlahor (2011-2012).

Le 10 à l’ancienne

Une manière de plus d’affirmer que Grealish est absolument indispensable au sein du dispositif de Dean Smith, alors que le coach de 48 ans doit faire face aux blessures longue durée de Wesley et Tom Heaton (rupture des ligaments croisés pour les deux, out pour la saison) et John McGinn (fracture à la cheville gauche, deux mois minimum). Qualités de meneur de jeu, statistiques de meneur de jeu, il n’en restait plus qu’à en adopter le comportement. A l’heure où le monde du ballon rond fait la part belle à l’évolution des postes pour le simple goût de la modernité ou répondre à certaines exigences technico-tactiques, Grealish fait partie des rescapés qui tentent de résister à cette mutation, pour l’amour du jeu. Quitte à user de certaines superstitions pour se révéler authentique dans un football en perpétuel changement.
A l’instar d’un Rui Costa ou d’un Francesco Totti, le meneur de Villa joue chaussettes baissées dans une volonté de casser les codes et revenir à une vision plus traditionnelle du ballon rond. La saison dernière, à son retour de blessure en mars, il avait décidé de porter la même paire de chaussure pour porter chance à Villa dans sa quête de montée en Premier League. Résultat : dix victoires de suite qui ont amené le club à finir cinquième et disputer les play-offs et la finale d’accession du Championship pour valider l’objectif.
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Jack Grealish (Aston Villa)

Crédit: Getty Images

Fidélité

Grealish voulait re-goûter à la Premier League, mais pas n'importe où. Avec son club de toujours. Celui qu’il a rejoint à l’âge de six ans et qu’il n’a jamais quitté, en dépit d’un prêt à Notts County (League One à l’époque) en 2013-2014 pour emmagasiner de l’expérience et du temps de jeu, avant de faire ses débuts en équipe première à la fin de cette même saison, face à l’ogre Citizen (0-4). Un triste baptême du feu avant de prendre confiance en lui, en ses qualités, pour engranger les titularisations les saisons suivantes. Et ainsi répandre un peu partout son amour invétéré pour des couleurs qu’il chérit tant depuis tout petit.
Malgré la saison catastrophique des Villans en 2015-2016 qui a vu le club descendre en Championship pour la première fois depuis 1988, pas question d’abandonner le navire, malgré les yeux doux de clubs plus huppés qui ont tenté de mettre le grappin dessus. Non, Jack Grealish aime Villa et Villa le lui rend bien. Et ce n’est pas ce transfert avorté chez les Spurs lors du mercato 2018, qui y changera quelque chose. Les nouveaux propriétaires Nassef Sawiris et Wes Edens ne pouvaient se permettre de laisser le gamin du club aux mains de mastodontes de l’élite alors que son authenticité prime sur les cash-flows d’un transfert. Ils le savent trop important pour le futur à court et moyen terme de Villa, même si le gamin du coin aux pieds d’or collectionne les facéties et autres déboires extra-sportifs.

Provocateur et victime

En avril 2015, le Sun dévoilait des images de Grealish inhalant du protoxyde d’azote (gaz hilarant) pendant son temps libre, ce qui avait fait bondir de colère Tim Sherwood, alors manager de Villa. Les suivants furent aussi victimes des excès du milieu : Rémi Garde lui ordonne de s’entraîner avec la réserve après une virée nocturne en novembre de la même année du côté de Liverpool faisant suite à une défaite de Villa à Everton (4-0), alors que le club avait ouvert une enquête disciplinaire à son encontre à la suite d’une énième sortie en septembre 2016 dans un palace de Birmingham sous le mandat de Roberto Di Matteo. Un mois plus tard, Grealish se faisait remarquer sur les terrains en adoptant une conduite violente envers le défenseur de Wolverhampton Conor Coady.
Un événement à l’issue duquel est intervenu publiquement Tony Xia, propriétaire d’alors de Villa pour calmer les obsessions plus ou moins contrôlées des tabloïds. Un soutien de poids de la part du club qu’il va retrouver trois ans plus tard, lors d’un Second City derby électrique, quand il fut attaqué lâchement par derrière par un supporter de Birmingham City qui avait pénétré sur la pelouse de Saint-Andrews. Sa réponse ? La meilleure possible : une frappe du gauche imparable pour ramener les trois points et mettre son club sur le trône de la ville. Dean Smith, l’actuel manager des Villans, a également sa part de responsabilité dans la rédemption de l’enfant du pays, en lui confiant pleinement les clés du jeu et le brassard de capitaine depuis sa nomination sur le banc en octobre 2018. Et de lui faire comprendre l’essentiel : le peuple "claret and blue" compte plus que tout sur celui en qui il se reconnaît, en qui il veut voir un leader plein d’ambitions.

Casse-tête pour Southagte ?

Cela tombe bien, Jack Grealish en a à revendre. Et s’il sait qu’il passera la fin de l’exercice en cours à batailler pour sauver Aston Villa parmi l’élite. Le milieu offensif de 24 ans a un autre objectif bien précis pour 2020 : figurer dans les petits papiers de Gareth Southgate en vue de l’Euro en juin prochain. Nul besoin pour l’actuel sélectionneur des Three Lions de s’attaquer au cas Grealish, puisque c’est lui qui l’a fait débuter chez les Espoirs anglais en avril 2016 - après avoir joué pour les sélections de jeunes d’Irlande (d’où sont originaires ses grands-parents) et opter par la suite pour l’Angleterre -, remportant sous ses ordres le festival international espoirs de Toulon quelques mois plus tard.
Face aux brillantes performances répétées chaque semaine par le natif de Birmingham, et malgré la forte concurrence au poste de meneur/relayeur (voire ailier) parmi les nouvelles pépites de sa majesté (James Maddison, Mason Mount, Callum Hudson-Odoi …), nombreux sont ceux à affirmer que Southgate ne pourrait se passer de lui lors du prochain rassemblement de mars des Three Lions, le dernier avant la liste définitive pour le tournoi continental. Ses capacités à libérer de l’espace, à éliminer ses adversaires et à distiller les ballons dans le bon tempo permettraient au sélectionneur de disposer d’une nouvelle corde à son arc dans son panel offensif déjà impressionnant. Et à Jack Grealish de faire honneur à ses ascendants : son arrière-grand-père, Billy Garraty, fut sélectionné en équipe d’Angleterre au début du siècle dernier, avant de devenir une légende… d’Aston Villa.
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Gareth Southgate (sélectionneur des Three Lions)

Crédit: Getty Images

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