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La Premier League se dirige-t-elle vers une reprise ou une rébellion ?

Philippe Auclair

Mis à jour 21/05/2020 à 14:48 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Alors que les instances de la première division anglaise poussent pour la reprise et que les entraînements ont redémarré avec des protocoles bien spécifiques, de nombreux acteurs ont donné de la voix pour avouer leur scepticisme.

La Premier Legaue va-t-elle repartir ?

Crédit: Getty Images

L'entraînement a donc repris ce mardi dans plusieurs des vingt clubs de Premier League, dont Liverpool et Tottenham. Les autres suivent le mouvement ce mercredi, après avoir enfin trouvé un terrain d'entente après des semaines de tergiversations et de chamailleries. Entendons-nous sur ce ce que sont ces "entraînements" : des séances en petits groupes de cinq joueurs au maximum, aucun de ces joueurs ne pouvant y prendre part pour une durée excédant 75 minutes. Aucun contact n'est évidemment permis, et des protocoles sanitaires des plus stricts entourent toutes les activités des joueurs, de leur arrivée au centre à leur départ.
Nous sommes donc encore très loin des entraînements collectifs dont le reprise marquerait le début de la "pré-saison" indispensable au conditionnement physique des footballeurs avant de reprendre la compétition, comme l'a rappelé Raheem Sterling. Et si l'on devait prendre l'exemple allemand comme référence, si tout se passait sans anicroches - un "si" qui est tout sauf une précaution rhétorique dans le contexte de la situation sanitaire en Angleterre, bien plus problématique qu'en Allemagne -, on pourrait donc envisager une "vraie" reprise de la PL vers la fin du mois de juin, soit deux semaines plus tard que la date originellement envisagée par le football anglais.

Les divisions inférieures et les féminines pas concernées par la reprise

Quand l'on dit "le football anglais", précisons tout de suite qu'il est plus que probable que seule la Premier League soit concernée, et pas les soixante-douze autres clubs de la English Football League, qui se dirigent tout droit vers arrêt définitif de leurs saisons. Une lettre de Hull City FC au président de l'EFL Rick Parry, dans laquelle il lui est demandé d'annuler purement et simplement la saison en cours, en est un nouveau signe.
Quant aux féminines, bien oubliées dans toute l'affaire, elles aussi se dirigent vers un "stop" (et pas encore), comme le laisse entendre la dernière communication en date de la FA sur le sujet. L'Ecosse, elle, a tranché. La SPL a rejoint les championnats de France, des Pays-Bas et de Belgique et décrété que la saison 2019-20 n'était plus, avec à la clé un titre de plus pour le Celtic et une relégation qui fera très, très mal à Heart of Midlothian.
Mais revenons à la Premier League, où tout est loin d'être aussi simple qu'il y parait. La faute n'en est plus - pour l'instant - à des clubs songeant avant tout, voire seulement, à leurs propres intérêts, mais aux acteurs du jeu eux-mêmes, joueurs et entraîneurs, parmi lesquels la perspective de reprendre le chemin de stades vides ne fait pas l'unanimité.
Il est vrai qu'on ne leur a pas trop demandé leur avis jusque-là, pas plus qu'on n'a procédé à quelque consultation que ce soit des supporters, encore qu'on ait beaucoup parlé en leur nom, qu'il s'agisse du gouvernement de Boris Johnson, de la Premier League et de nombreux commentateurs favorables à une reprise aussi rapide que possible.

Lampard et Guardiola émettent des réserves

Il ne s'agit pas encore d'une rebellion organisée, laquelle devrait passer par la Professional Footballers Association (PFA) ou la League Managers Association, mais de déclarations faites à titre individuel par des "noms" qui comptent dans le football anglais. Frank Lampard, par exemple, a émis des réserves qui sont partagées par plusieurs de ses confrères, dont Nigel Pearson et Pep Guardiola, lequel déteste l'idée de devoir jouer à huis clos, et dont la mère mourut du Covid-19 au début du mois d'avril.
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Pep Guardiola

Crédit: Getty Images

Si l'attaquant de Chelsea Willian a pu dire que la "'majorité" des joueurs étaient "mal à l'aise" à l'idée de rejouer avant d'avoir la garantie de pouvoir le faire en toute sécurité, Troy Deeney, le capitaine emblématique de Watford, est allé plus loin que quiconque. Tout comme ses homologues de Norwich Grant Hanley et de West Ham Mark Noble, Il avait critiqué la volonté de reprendre à tout prix; il a maintenant refusé de prendre part au premier "entraînement" de son club. N'Golo Kanté a suivi son exemple, mais sans s'exprimer publiquement sur la question. Les raisons de Deeney?
Les noirs, les Asiatiques et les personnes issues des minorités ethniques ont quatre fois plus de chances d'attraper la maladie [que les autres], et deux fois plus de chances que cette maladie soit durable, a-t-il expliqué. On a prévu des dépistages supplémentaires ? Des investigations cardiaques pour voir si quelqu'un a un problème ? Je ne peux pas me faire couper les cheveux avant la mi-juillet, mais je peux me retrouver dans une surface de réparation avec dix-neuf autres et sauter pour faire une tête ? Je ne sais pas comment ça marche. Personne n'a pu répondre à mes questions - pas parce qu'ils ne pouvaient pas, [mais] parce qu'ils n'avaient pas les informations.
Deeney ne pensait pas qu'aux risques encourus personnellement, mais surtout, en fait, à ceux qu'il ferait courir à son dernier enfant, lequel a cinq mois et souffre de problèmes respiratoires. Et, à en juger par les premières réactions dans le milieu du football, il ne manquera pas d'appuis. Il y a un peu plus d'une semaine, le manager de Manchester United Ole-Gunnar Solskjaer avait pu dire qu'aucun de ses joueurs ne serait contraint de reprendre contre sa volonté, et que si l'un d'entre eux ne souhaitait pas le faire, il ne lui en serait pas tenu rigueur.
Alors, oui, l'entraînement a repris en Premier League, une certaine forme d'entraînement en tout cas. Un premier pas a été fait vers la reprise, mais avec réticence. Que le moindre obstacle apparaisse, et cette réticence pourrait se transformer en refus, les réserves en rebellion. Or on a appris que six des 748 joueurs et membres de leur encadrement qui avaient été testés dans le cadre du programme de reprise de la PL avaient rendu des résultats positifs, dont le défenseur de Watford Adrian Mariappa et Ian Woan, l'adjoint de Sean Dyche à Burnley. Tous devront rester en quarantaine une semaine, conformément au protocole de la santé publique en Grande-Bretagne. La route du retour sera longue, et ardue.
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