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Liverpool - Vous avez aimé le "Fergie Time" ? Vous allez détester le "Kloppage Time"
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Publié 06/12/2019 à 19:06 GMT+1
PREMIER LEAGUE - Un temps la marque de fabrique de Manchester United, qui parvenait à renverser bien des situations dans les dernières secondes de match sous la houlette de Sir Alex Ferguson, les buts en fin de match sont devenus une spécialité de l’ennemi Liverpool. De quoi renforcer un peu plus l’impression que, cette saison, ils ont une vraie tête de champion.
Le "Kloppage Time" par Quentin Guichard
Crédit: Eurosport
Ils sont rouges. Diaboliques aussi, au fond. Quel plus terrible châtiment que celui d’être puni lorsque l’on se croit sorti d’affaire ? Manchester United et Liverpool ont beau être les pires ennemis du Royaume, ils partagent beaucoup de choses. La couleurs du maillot, évidemment. Mais surtout cette faculté incroyable à renverser un match quand tout semble joué.
Il y a quelques années, à peine, cela portait un nom très précis. "Le Fergie Time". Ce moment où une force surnaturelle, crainte d’avance par ses adversaires, prenait le contrôle de la troupe mancunienne pour aller arracher des résultats inespérés lorsque le chrono, et la montre de l’Ecossais par la même occasion, s’approchaient du terme. Demandez au Bayern Munich l’effet que cela fait…
Maintenant, allez demander à Leicester, Manchester United, Tottenham, Aston Villa ou Crystal Palace ce qu’ils ont ressenti en subissant le "Kloppage Time". A priori, rien d’agréable. L’Allemand a pris la relève de l’Ecossais pour transmettre à ces hommes cette capacité à se sublimer lorsque le money-time arrive.
Un meilleur ratio que Ferguson
Cette saison, plus d’un quart des buts des Reds ont été inscrits après la 70e minute (11 sur 37, soit près de 30%). Mieux, c’est parfois à la toute fin du match, voir carrément à l’issue d’un temps additionnel incroyable, que les Scousers sont allés arracher des points. Le penalty de Milner face à Leicester (2-1, 95e) ou la tête de Mané face à Aston Villa (2-1, 96e) sont les exemples les plus frappants.
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Le "Kloppage Time" par Quentin Guichard
Crédit: Eurosport
La BBC s’est même amusée à sortir la calculette. Le résultat est bluffant : les Reds sont allés chercher neuf points après la 85e minute. Sachant que Liverpool dispose de huit unités d’avance sur Leicester, son plus proche poursuivant, les calculs sont vite faits.
Une tendance qui s’est très nettement affirmée sous Jürgen Klopp. La saison passée, il y avait déjà eu des montagnes russes face à Everton avec de derby de la Merseyside remporté au bout du bout grâce à l’opportuniste Origi (1-0), ou encore ce but de Mané face à Crystal Palace à la 93e pour emporter la décision (4-3). Mais ce n’étaient pas des cas isolés.
Depuis son arrivée dans le Royaume, Klopp présente un bilan ahurissant dans ce domaine : en moyenne, l’Allemand a permis aux Reds d’empocher 3,8 points par saison après la 90e minute de jeu. Le ratio de Ferguson dans ce domaine ? 1,67 points. Les légendes sont tenaces. D’ailleurs, depuis la rénovation du championnat anglais en 1992 et la création de la Premier League, Liverpool est l’équipe qui a marqué le plus de but dans le temps additionnel (35 buts, soit dix de plus qu’Arsenal, deuxième de ce classement).
Alors, comment expliquer cette force venue de nulle part, qui pousse fort dans le dos des Reds lorsque les vents sont contraires ? "C’est comme un sixième sens, avançait le supersub Lallana après la fin de match folle contre Aston Villa. La force d’une équipe, c’est d’apporter de l’élan en étant tous ensemble, même ceux qui ne jouent pas. Même si on était pas au top en première période, ça nous a permis de se dire ‘ne jamais dire jamais'. Finalement, on a cet élan en fin de match et les équipes adverses s’inquiètent quand on approche de la fin de match".
Au fond, c’est un mélange des deux. Cette croyance que tout est possible. Cette fraîcheur souvent venue du banc. Mais aussi et surtout ce sentiment qui gagne l’adversaire à mesure que le temps avance. Ajoutez-y aussi l’appui d’un douzième homme parfois déchaîné comme à Anfield, et vous créez le momentum parfait.
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Sadio Mane après son but libérateur à Aston Villa
Crédit: Getty Images
Dans les têtes, ça trotte
Ferguson lui-même avait fini par reconnaître que peu lui importait l’aspect empirique du "Fergie Time". S’il n’existait pas forcément dans les chiffres, il se retrouvait pourtant dans les têtes de ses adversaires. Et c’est encore plus dévastateur. Liverpool et Klopp l’ont bien compris.
Certains les taxent de chanceux ? Pep Guardiola lui-même est monté au créneau pour balayer cette idée : "Si ça arrive une ou deux fois dans la vie, on peut éventuellement parler de chance. Mais quand ça arrive 12 ou 13 fois, on dit quoi ?". Rien, si ce n’est que les Reds auraient tort de s’en priver. Après tout, les titres de champions peuvent se gagner la 94e minute de la 38e journée. N’est-ce pas, Manchester City ?
(Visuels par Quentin GUICHARD)
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