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Avant le choc contre Arsenal I "L'impression qu'ils sont 12" : comment l'improbable Stones a sublimé Manchester City

Vincent Bregevin

Mis à jour 26/04/2023 à 16:09 GMT+2

Manchester City, qui affronte Arsenal mercredi dans le choc au sommet de la Premier League (21h), a encore haussé le niveau ces dernières semaines. Une forme étincelante qui doit beaucoup au repositionnement de John Stones au milieu de terrain. Le défenseur international anglais de 28 ans rayonne dans un rôle hybride qui sublime le collectif de Josep Guardiola et libère ses individualités.

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Il est loin d'être celui qui attire la lumière à City. Il n'enchaîne pas les buts comme Erling Haaland, ou les passes décisives comme Kevin de Bruyne. Pourtant, si le champion d'Angleterre a retrouvé tout son éclat depuis quelques semaines, c'est en grande partie à lui qu'il le doit. John Stones a transformé l'équipe de Josep Guardiola. Repositionné au milieu de terrain par le technicien catalan, le défenseur central anglais a donné une nouvelle dimension à la supériorité collective du club mancunien. Et incarne lui aussi, de façon assez improbable, ses ambitions de triplé avant le duel au sommet face à Arsenal.
Il est de plus en plus question de joueurs "hybrides" dans le football. Guardiola n'y est pas pour rien. Et João Cancelo en était le parfait exemple, parmi d'autres. Le latéral portugais avait cette faculté à se recentrer et offrir une supériorité numérique dans l'entrejeu à City avant son départ au Bayern Munich l'hiver dernier. Il n'y avait pas grand-monde pour imaginer Stones tenir un rôle comparable à celui de Cancelo, dans un registre et un positionnement totalement différent. Sauf Guardiola. "Pep" a vu dans les qualités de l'un de ses cadres historiques, au club depuis 2016, celles d'un élément taillé pour faire rayonner son jeu de position.

Des qualités d'organisateur insoupçonnées

Sur le papier, Stones est positionné dans un duo de récupérateurs aux côtés de Rodri au milieu, devant une défense à trois, généralement formée par Manuel Akanji, Ruben Dias et Nathan Aké, de droite à gauche. Sur le terrain, c'est une autre histoire. "Lorsque City défend, il est normalement intégré dans un dispositif traditionnel de défense à deux, à côté de Ruben Dias, décrit Pete Sharland, journaliste pour la rédaction anglaise d'Eurosport. Mais lorsque City a le ballon, il peut monter très haut dans le milieu et parfois même plus loin. Ce qui est intéressant, c'est que parfois, c'est Stones qui reste dans l'axe et Rodri qui descend plus bas. Et d'autres fois, Stones s'écarte à droite et laisse Akanji dans l'axe."
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La définition même du rôle hybride. Stones, 28 ans, le tient à merveille. Il sait autant équilibrer le collectif par une science assez remarquable de la compensation, que le bonifier avec des qualités d'organisateur reculé que l'on pouvait difficilement soupçonner. Il allie efficacité et simplicité. Des passes courtes et des petits pas de déplacement qui font une très grande différence, car elles permettent à City de dominer numériquement l'adversaire sur le terrain. "Il crée un tel niveau de flexibilité positionnelle que City semble avoir un joueur supplémentaire dans toutes les zones du terrain, résume Pete Sharland. Ces dernières semaines, on a souvent eu l'impression que City jouait à 12 !"

"Des joueurs ont la vision à 360°, pas moi"

C'est le plus étonnant dans la réussite du positionnement de Stones. Sa polyvalence de défenseur ne faisait aucun doute et sa faculté à se recentrer ou à glisser sur le côté droit selon les exigences de la phase de jeu dans cette configuration en est une nouvelle preuve. Mais qu'il soit aussi capable d'imprimer un tempo et de se muer en organisateur, un peu à l'image de Sergio Busquets dans le Barça de Guardiola, bluffe tous les observateurs. "Tout le monde a pensé pendant un certain temps que Stones pourrait être un joueur de ballon plus avancé, mais parfois il est presque le principal meneur de jeu de l'équipe et je ne m'attendais certainement pas à cela", reconnaît Pete Sharland.
Les atouts requis pour tenir ce rôle sont différents. "Il faut être plus concentré qu'à un poste de défenseur central, expliquait Guardiola au début du mois. Voir le jeu de l'arrière et au milieu, ce sont deux choses totalement différentes. Au milieu, vous êtes très entourés. Certains mouvements et certains schémas sont plus difficiles et c'est pourquoi j'apprécie particulièrement ce qu'il fait." Stones s'attache à le faire en fonction de ses qualités et de ses défauts. "J'essaie de ne pas en rajouter, a-t-il expliqué. Certains joueurs ont une vision à 360°, moi ce n'est pas encore le cas. Si je peux me retourner je le fais, sinon j'essaie de rester simple. Il s'agit de créer des espaces pour les autres."

Le symbole Grealish

C'est justement l'une des grandes plus-values apportées par Stones dans ce milieu hybride. Il bonifie un collectif tout entier en libérant ses individualités. Le cas de Jack Grealish, étincelant ces derniers temps sur l'aile gauche mancunienne, en est le parfait symbole. "Sa grande forme avait déjà commencé avant ce changement tactique, mais c'est encore plus criant désormais, explique Pete Sharland. Les déplacements de Stones vers l'intérieur permettent à des joueurs comme Rodri ou Ilkay Gündogan de s'écarter vers les côtés. Avec deux conséquences. Non seulement Grealish a moins de pression défensive sur lui, mais il bénéficie aussi d'un joueur avec lequel combiner pour créer des situations de supériorités numériques."
City était déjà très compétitif avant le repositionnement de Stones au milieu de terrain. Mais cette évolution tactique donne l'impression que l'équipe de Guardiola est carrément devenue injouable. Symboliquement, cette progression est incarnée par un joueur inattendu, qui a connu beaucoup de moments difficiles depuis qu'il a rejoint le club. Et qui est devenu la clé des succès de son équipe cette saison. "City joue beaucoup mieux actuellement, et s'ils venaient à gagner la Premier League ou la Ligue des champions, ou les deux, alors ce changement tactique aura été essentiel, avance Pete Sharland. Il leur a donné un niveau d'équilibre qui leur manquait cruellement." Stones en est le garant. Et il n'y avait que Guardiola pour rendre cela possible.
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