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Football - Premier League : Cristiano Ronaldo, l'absent dont on ne peut s'empêcher de parler

Philippe Auclair

Mis à jour 27/10/2022 à 16:53 GMT+2

PREMIER LEAGUE - Désormais persona non grata à Manchester United sous les ordres d'Erik Ten Hag, qui ne l'a autorisé à jouer que 340 petites minutes depuis le début de la saison, l'avenir de Cristiano Ronaldo semble s'obscurcir de jour en jour. Pourtant, on parle toujours autant de lui. Et peut-être qu'une porte de sortie existe encore : du côté de Chelsea.

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A un interviewer, peut-être bien le cinéaste américain Peter Bogdanovich, qui lui faisait remarquer qu'il n'apparaissait que quinze minutes à l'écran dans son rôle le plus fameux, celui de Harry Lime dans Le Troisième Homme de Carol Reed, Orson Welles rétorqua que cela n'avait qu'une importance très relative, car les autres personnages du film n'avaient cessé de parler de lui avant qu'il entre en jeu. Le film tout entier était fondé sur une attente - celle de son apparition.
Je paraphrase, mais Welles dit quelque chose de la sorte : "C'est comme une pièce de théâtre dans laquelle tous les acteurs se référeraient sans cesse à un empereur ou à un souverain de ce type, en disant combien il est terrible, ou cruel, ou magnifique. Vous ne le verriez sur scène que quelques instants, à la toute fin de l'histoire. Il n'aurait même pas besoin de dire un mot. Tous les spectateurs quitteraient la salle en disant 'ah, l'empereur, il était extraordinaire', parce que tout ce qui avait précédé son entrée avait gravité autour de lui".

Boudé par Erik ten Hag

Comme tout gravite encore autour de Cristiano Ronaldo, quintuple Ballon d'Or, 38 ans le 5 février prochain et persona non grata - pour le moment - au sein du groupe de Erik ten Hag, mais dont on a rarement autant parlé depuis son retour à Manchester United il y a plus d'un an de cela. Depuis qu'il n'est plus vraiment là, et parce que Ronaldo reste Ronaldo, le personnage en tout cas, si ce n'est le footballeur.
On ne va pas revenir sur les circonstances de sa mise à l'écart. Refus d'entrer en jeu, départ du stade avant le reste de son équipe, tout cela a déjà été raconté par le menu, comme tout ce qui touche au joueur aux 104 millions d'abonnés sur Twitter, soit trente-quatre fois plus que ce que compte Erling Haaland en termes de followers. De ce point de vue, CR7 habite bien toujours sur une autre planète.
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Ten Hag, Ronaldo, Manchester : Qui est responsable de la crise à United ?

On comprendrait mieux que des médias en quête constante de 'narratifs' mordent à l'hameçon et en fassent des tonnes sur la disgrâce de la plus grande star du football moderne, si ce n'était que la 'disgrâce' en question est déjà de l'histoire ancienne. Erik ten Hag s'est passé de son attaquant portugais plus souvent qu'à son tour en Premier League en 2022-23, comme en témoigne un temps de jeu piteux de 340 minutes en championnat, étalées sur huit rencontres (dont il ne débuta que deux, dont le naufrage 0-4 contre Brentford). Erik ten Hag n'est même pas le premier entraîneur de Manchester United à laisser son numéro 7 sur le banc : Ole-Gunnar Solskjaer et Ralf Rangnick l'avaient fait avant lui.

CR7, un happy end à venir ?

Qu'importe. Qu'importe le constat, désormais unanimement accepté, que United joue mieux sans CR7 - ce que tout les observateurs non inféodés à Jorge Mendes avaient prédit aussitôt que United commit le péché d'hubris de faire revenir Ronaldo. Ce retour n'avait pas le moindre sens dans le contexte d'une 'réinvention' des Red Devils. Ce goal scorer hors du commun continuerait de marquer (cela aussi, tout le monde l'avait prédit), mais pas davantage que Bruno Fernandes l'avait fait la saison précédente (quatre buts de moins, en fait, 24 contre 28) ou Romelu Lukaku en 2017-18 (27). Tout le reste était écrit. La réticence à presser, le volume physique en déclin, les gestes boudeurs. De ce point de vue, Cristiano Ronaldo et son club restèrent fidèles au script, au mot ou à la ligne près.
Et cependant, presque personne ne semble disposé à en écrire le dernier chapitre, alors que la conclusion à venir est connue de tous, et qu'elle ressemble de moins en moins à un happy end. Au sortir d'une belle démonstration contre Tottenham (2-0) et d'un match nul à Chelsea (1-1) qui avaient confirmé les progrès accomplis, et la mise en place d'un ordre nouveau à Old Trafford, Erik ten Hag dut d'abord répondre à une énième question sur la situation d'un joueur qui n'avait pas joué le moindre rôle dans ces deux rencontres.
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"Ça ne surprend personne que MU joue mieux sans Cristiano Ronaldo"

Et maintenant que le sort de CR7 semble scellé, malgré un mea culpa du bout des lèvres publié sur son compte Instagram (491 millions d'abonnés), le fameux 'narratif' concerne désormais le club où Ronaldo pourrait 'rebondir' si Manchester United trouvait un client susceptible de prendre à son compte le salaire de la superstar : 30 millions d'euros annuels, à un ou deux près.

Une porte de sortie nommée Chelsea

Todd Boehly, le co-propriétaire - à hauteur de 20%, pas plus - des Blues, auto-promu directeur sportif du club après que Marina Granovskaya, Petr Cech et d'autres s'étaient vu montrer la porte, serait un fan de Ronaldo, et se serait rapproché de son agent Jorge Mendes depuis l'été, quand Thomas Tuchel dit 'non' au possible recrutement du client numéro 1 de l'agence Gestifute. Pourquoi Graham Potter, dont la vision du football est, depuis toujours, un contrepied au star system, aurait-il un a priori plus favorable, personne ne semble pouvoir l'expliquer. La rumeur s'amplifie néanmoins, au fur et à mesure qu'il devient de plus en plus improbable que Cristiano Ronaldo trouve une scène digne de ses adieux.
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Graham Potter (Chelsea)

Crédit: Getty Images

C'est, d'une certaine façon, on ne peut plus logique. En l'absence du dernier acte rêvé, un retour en fanfare au Sporting, par exemple, le 'narratif' exige qu'on fasse fi du réel pour se projeter vers un générique de fin idéal. Pourquoi pas Chelsea, alors, quand toutes les autres destinations possibles sont autant de culs-de-sac ?
Le plus extraordinaire dans l'histoire est qu'il n'est pas totalement impossible que Cristiano Ronaldo, au sortir d'un Mondial réussi, par exemple, dont il est parfaitement capable, fasse un ultime tour de piste à Stamford Bridge. Ce serait alors la preuve que le football du 21e siècle est bien passé de l'autre côté du miroir, un miroir dans lequel un Ronaldo ayant trouvé le secret de l'éternelle jeunesse, et pas encore seul, pourra se contempler à loisir, en entendant, de loin, la foule prononcer son nom. Et tant qu'on parlera de lui, il vivra.
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