Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Avant son premier match de la saison en Premier League à Burnley - Manchester City : Comme un doute ?

Philippe Auclair

Mis à jour 11/08/2023 à 10:35 GMT+2

Champion d’Europe et d’Angleterre en titre, Manchester City lancera sa saison de Premier League à Burnley, ce vendredi. Les Skyblues ont connu plusieurs départs majeurs pendant l’intersaison (Ilkay Gündogan, Riyad Mahrez), tandis que d’autres sont peut-être encore à venir. Ce qui laisse poindre l’ombre d’un doute quant à la capacité du club mancunien à satisfaire ses immenses ambitions.

Bernardo Silva, Walker... Guardiola a-t-il raison de s'accrocher autant ?

Moyennant 90 millions d'euros, le jeune défenseur central du RB Leipzig Josko Gvardiol a donc rejoint Manchester City. C’est à la fois beaucoup pour un joueur de 21 ans et normal au vu de son potentiel et des clubs qui auraient souhaité qu'il les rejoigne, parmi lesquels figuraient toutes les grosses cylindrées du football européen.
Que le Croate ait choisi le champion d'Angleterre et d'Europe en titre n'a surpris personne. C'était juste la confirmation, une de plus, du rang de City. C'était aussi dans la droite ligne du modus operandi du club le plus riche du monde, un groupe parvenu à maturité se renouvelle en douceur et s'enrichit au rythme d'une à deux arrivées potentiellement transformatrices tous les douze mois, pas plus : à Riyad Mahrez en 2018, Rodri et Joao Cancelo en 2019, Ruben Dias en 2020, Jack Grealish (quand ç'aurait pu être Kane) en 2021 et Erling Haaland en 2022 succède donc Gvardiol en 2023.

Le temps des folles dépenses est révolu

Le temps des folles dépenses est passé à Manchester City depuis plusieurs saisons déjà. L'an dernier, le transfert d'Haaland avait pu faire les grands titres, mais sans que les finances de son nouveau club basculent dans le rouge pour autant. City, qui avait aussi ajouté Manuel Akanji et Kalvin Phillips à son effectif, avait équilibré ses comptes en vendant Raheem Sterling, Gabriel Jesus et Oleksandr Zinchenko, pour finir le mercato estival avec un bilan positif de presque 10 millions d'euros, bien loin des 400 millions - nets - investis en nouveaux joueurs entre 2017 et 2019, quand l'objectif était de monter un squad spécifiquement adapté aux exigences de Pep Guardiola. City, depuis, s'est tenu à une politique de recrutement beaucoup plus sage, mettant l'accent sur la continuité technique chère à son manager. Rien n'a changé, donc ?
picture

Arsenal's William Saliba and Manchester City's Erling Haaland during The FA Community Shield match at Wembley Stadium on August 6, 2023 in London, England. (Photo by Rob Newell - CameraSport via Getty Images)

Crédit: Getty Images

Ce ne sont pas les arrivées de Mateo Kovacic et de Josko Gvardiol qui posent question. Ce sont les départs actés - ceux de Riyad Mahrez pour le championnat saoudien et d'Ilkay Gündogan pour la Liga - ou encore possibles - de Kyle Walker, qui est entré dans la dernière année de son contrat, et qu'on dit convoité par le Bayern, de Joao Cancelo, de retour de prêt, mais dont la relation avec Guardiola n'est pas des plus faciles, et surtout de Bernardo Silva, une cible prioritaire pour le Barcelone de Xavi, sans oublier la situation d'Aymeric Laporte, qui a besoin de temps de jeu s'il entend prendre part au prochain Euro - un temps de jeu que Guardiola a été des plus réticents à lui donner lors des douze derniers mois.

Mahrez et Gündogan, tout sauf des joueurs "périphériques"

Or, même si Walker, Cancelo et Silva devaient demeurer à City, ni Mahrez ni Gündogan n'ont été remplacés, deux joueurs qui ne pourraient certainement pas être qualifiés de "périphériques" dans l'histoire récente du champion d'Angleterre à répétition.
Mahrez a pu paraître sur le recul l'an passé, en raison de sa présence en filigrane dans le money time de la Ligue des champions. Cela ne l'avait pas empêché de disputer 46 matches de compétition avec son club, dont 22 comme titulaire en Premier League, marquant 15 buts et exécutant 13 passes décisives, ce qui constituait le deuxième meilleur bilan de ses cinq saisons au City of Manchester Stadium. L'Algérien, de plus, n'est pas de ces attaquants dont l'impact se mesure seulement avec une calculatrice. D'un coup de génie, de deux touches de sa patte gauche, il pouvait renverser une rencontre mal engagée ou enlisée dans un stérile attaque-défense.
picture

Ilkay Gündogan

Crédit: Getty Images

Gundogan, quant à lui, sortait d'une saison dans laquelle il avait disputé plus de rencontres - 51 - que pour quelque club que ce soit dans une carrière professionnelle longue de quatorze ans. Elu capitaine par ses coéquipiers après le départ de Fernandinho, il avait assumé son rôle sur le terrain à des moments-clé de la saison du triplé - les deux doublés en Premier League, contre Leeds et Everton, quand City passa le bout du museau devant Arsenal, plus celui contre Manchester United en finale de la FA Cup. A la différence des cimetières, les vestiaires ne sont pas si pleins que cela de ce genre d'irremplaçables. Guardiola le saura mieux que quiconque, lui dont Gundogan avait été la première recrue à Manchester.

City snobé par Rice

City a aussi essuyé un échec inhabituel pendant cette intersaison. Tout comme Virgil van Dijk avait choisi Liverpool en 2018, Declan Rice, en qui voir un successeur à Gundogan n'était pas si farfelu que cela, a ignoré les approches de City pour s'engager avec Arsenal. Ceci laisse Guardiola à la tête d'un effectif qui, au vu des exigences à venir, quand City entend être présent sur tous les fronts, parait plus mince que d'ordinaire, alors que le calendrier, lui, est plus dense que jamais. "Ça empire tous les ans, a pesté le manager avant le Community Shield, et ça va encore empirer. Le problème est [dans la tête]. Ils sont épuisés. Nous devons nous adapter [...], mais ce n'est pas normal".
picture

Declan Rice sous ses nouvelles couleurs d'Arsenal.

Crédit: Getty Images

L'un des secrets, si c'en est un, de la réussite exceptionnelle de City en 2022-23 avait été l'identification par son entraîneur d'un “onze de départ” qu'il avait aligné de match en match depuis le printemps, sans autres changements que ceux imposés par les blessures, particulièrement en Ligue des champions. Mais ce qui valait pour une fin de saison dans laquelle trois titres étaient en jeu, ce qui justifiait une certaine prise de risques, n'est pas ce qui est requis au départ d'un marathon. Guardiola devra faire tourner, et avec un réservoir moins profond dans lequel puiser.

Une opportunité à saisir

Ce peut être une opportunité à saisir pour certains de ses éléments, comme Kalvin Phillips, qui sort d'une saison qui serait à oublier si elle avait produit quoi que ce soit dont on puisse se souvenir. Phil Foden a lui aussi du chemin à refaire, lui qu'on pensait lancé pour de bon en 2021-22, mais qui avait marqué le pas ensuite. Julian Alvarez peut s'épanouir dans bien d'autres rôles que celui de doublure d'Erling Haaland. Il se peut aussi qu'un ou deux des produits de l'académie de City - Rico Lewis ? Cole Palmer ? - profitent de l'occasion.
picture

BRIGHTON, ENGLAND - MAY 24: Phil Foden of Manchester City celebrates after scoring the team's first goal during the Premier League match between Brighton & Hove Albion and Manchester City at American Express Community Stadium on May 24, 2023 in Brighton,

Crédit: Eurosport

Il faudrait être bien téméraire pour ne pas faire de City le candidat le mieux armé à sa propre succession, à tout le moins en Angleterre. Quelque équipe qui peut se reposer sur une épine dorsale Ederson-Dias-Rodri-De Bruyne-Haaland, avec, à sa tête, un entraîneur qui n'a pas d'égal pour faire découvrir des horizons plus larges à ses joueurs, demeure celle à battre, quels que soit la progression à attendre de Manchester United et d'Arsenal (tous deux bien plus actifs que City sur le marché des transferts), et si l'on doit s'attendre à ce que Liverpool retrouve de sa superbe, si tant est qu'il y ait encore des lits libres dans son infirmerie au mois d'octobre.
Tout cela, ce n'est que l'ombre d'un doute, une ombre dont personne ne sait si elle s'allongera ou pas dans les semaines à venir. Elle n'est pas moins réelle pour cela.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Plus de détails
Publicité
Publicité