PREMIER LEAGUE - Anthony Martial, chronique d'un Ballon d'Or avorté

Il fut un temps où certains le voyaient finir Ballon d'Or. Monaco avait même mis une clause lors de son transfert à Manchester United pour activer un bonus si Anthony Martial remportait un jour le trophée individuel le plus prestigieux. Mais ça, c'était en 2015. Un autre temps. Aujourd'hui, l'ancien Lyonnais semble avoir laissé passer sa chance et mis de côté ses ambitions de grandeur. Et pourtant, il n'a que 28 ans. Mais des années de frustrations derrière lui.

Le Ballon d'Or, Martial en rêvait bien. "Tant qu'il y aura ces deux extraterrestres-là (Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, ndlr) ce sera difficile pour un autre joueur d'y penser. Quand j'aurai passé un cap, j'y penserai peut-être", avait-il avoué en août 2016 dans L'Equipe quelques mois après avoir reçu le prix du Golden Boy 2015 qui récompense le meilleur joueur de moins de 21 ans en Europe. Mais voilà, il n'a jamais passé ce fameux cap. Au point que Manchester United ne compte aujourd'hui pas le garder, quitte à le laisser partir libre en juin prochain à la fin de son contrat selon les médias anglais.

Si cela se confirme, son passage à Manchester laissera un goût amer dans la bouche de plus d'un fan mancunien. Il y a bien sûr eu des hauts, à l'image de son premier but quelques minutes après son entrée enjeu pour son premier match de Premier League contre Liverpool (-1). Sa première saison dans le Nord de l'Angleterre avait aussi laissé nourrir quelques promesses (11 buts en PL, 18 ttc). Mais ensuite, il n'a jamais trouvé une régularité digne de ce nom.

Baladé entre l'aile et parfois l'axe pour évoluer en tant que neuf, Anthony Martial n'est pas devenu le joueur dont les Red Devils rêvaient. Ils y ont un peu cru quand Ole Gunnar Solskjær a choisi de lui faire confiance en pointe en 2019-2020. Le Français a alors séduit en signant sa meilleure saison avec 17 buts en 32 matchs de Premier League. Mais entre les blessures, les histoires extra-sportives ou une attitude pas toujours irréprochable sur le terrain, il est vite retombé dans ses travers de l'inconstance.

Envoyé sous forme de prêt à Séville en 2022 pour essayer de lui redonner un nouveau souffle, le natif de Massy n'a là aussi pas su saisir l'occasion, échouant à trouver le chemin du but en neuf sorties de Liga avant de se faire huer par une partie du public andalou en avril et finir la saison sur le banc. Depuis, il ne cesse de frustrer dans le Nord de l'Angleterre entre ses absences pour blessures et ses prestations parfois agaçantes. En 19 matches toutes compétitions confondues cette saison, il n'a ainsi marqué que deux fois…Au point d'exaspérer.

Si Erik ten Hag a essayé de lui redonner un peu sa chance récemment après une prestation remarquée contre Everton (un but et une passe), Martial est à nouveau dans l'œil du cyclone. En plus de sa faible efficacité, son manque d’investissement sur les prés reste dans le viseur des critiques. Le weekend dernier, Gary Neville a ainsi jugé "bizarre" sur Sky Sport le fait que Ten Hag continue de l'aligner devant. Et l'ancien défenseur mancunien est assez gentil par rapport à d'autres consultants anglais.

Ces dernières semaines, ils ont été nombreux chez les "pundits" à se lâcher gaiment avec l'international tricolore. Roy Keane ne l'a notamment pas épargné : "Nous pardonnons à Martial de marquer un but tous les 14 ans, avait lancé sur Sky l'ancien milieu de United. Mais si nous sommes menés 1-0 par Newcastle et que vous avez le ballon dans la surface, vous feriez mieux de vous en emparer et de nous donner un peu d'air. Mais il ne fait que le toucher et de le rendre bêtement. Je me disais : ‘Tu ferais mieux de descendre en division inférieure’. (…) Si vous ne pouvez pas vous mettre au niveau, vous n'êtes peut-être pas un joueur fait pour ce club".

Et si l'ancien défenseur des Red Devils Paul Parker lui a aussi taillé un costume sur SpilXperten ("Le gardien de but remplaçant ferait un meilleur travail que Martial en tant qu’attaquant"), Jamie Carragher avait lui également lancé une pique virulente envers Martial alors qu'il critiquait Marcus Rashford. "Marcus Rashford ressemble désormais à Antony Martial. A un joueur étranger qui n'a pas fait ses preuves et qui s'en moque", avait expliqué l'ancien défenseur de Liverpool dans des propos repris par The Mirror. Dans l’œil du cyclone, Martial semble ainsi avoir fait son temps à Manchester. Mais à 28 ans, il garde une certaine cote sur le marché malgré ses déboires actuels. Et certains se tiennent même prêts à sauter sur l'occasion cet hiver ou l'été prochain pour essayer de le relancer encore et toujours. Même si cette fois, personne n'ira sûrement mettre une clause au Ballon d'Or dans son futur contrat.