Premier League - Orgie de buts, bataille tactique, Citizens malmenés : et si Chelsea-City était le match de l'année ?

Dans la foulée d'un match tendu, Mauricio Pochettino a prolongé les débats en ignorant la poignée de main de son homologue Pep Guardiola pour aller s'en prendre aux arbitres. Conclusion furieuse de 90 minutes intenses, frénétiques, magnifiques.

Dimanche, à Stamford Bridge, Chelsea et Manchester City se sont affrontés dans un match à la vie à la mort, pour le compte de la 12e journée de Premier League. Une rencontre qui s'est achevée sur un score de parité, le plus spectaculaire en Premier League depuis quatorze ans (4-4, déjà, lors de Liverpool-Arsenal en avril 2009).

Au coup de sifflet final, les visages étaient forcément marqués. "Pour être honnête, nous sortons du match épuisés par le rythme", a lâché Rodri, buteur du 4-3 pour City à la 86e minute. Le championnat anglais a fait étalage de tout ce qu'il a de meilleur à offrir : une prestation folle et indécise, de l'intensité et des buts en pagaille. Et, surtout, deux entraîneurs très offensifs qui visent la victoire et seulement la victoire.

Pour Chelsea, ce résultat positif s'inscrit dans la continuité du succès décroché face à Tottenham, lundi soir. En une semaine, les Blues ont engrangé 4 points contre deux membres du Top 4. Englués dans le ventre mou du classement (10es) et capables de perdre à domicile contre Brentford et Nottingham Forest, ils se subliment lors des grandes affiches. Contre City, Chelsea a ainsi confirmé son statut d'enquiquineur en chef, Liverpool et Arsenal ayant également perdu 2 points à Stamford Bridge cette saison.

Cette nouvelle prestation de choix est à mettre au crédit de Pochettino. Le technicien argentin, certes à la tête d'une équipe qui vaut des centaines de millions d'euros, a trouvé la bonne carburation pour ballotter comme très rarement les joueurs de Guardiola. En 882 matches comme entraîneur, l'Espagnol n'avait jamais marqué et concédé quatre buts en 90 minutes. "Ce type de match nous donne la capacité d'y croire, a assuré Pochettino. Si nous voulons construire quelque chose de spécial, c'est de cette manière que nous devons jouer. C'était encore un match incroyable avec quatre buts marqués contre la meilleure équipe du monde."

Dimanche, le danger est venu de partout. De l'arrière car Thiago Silva est rentré dans l'histoire en devenant le quatrième joueur à marquer en Premier League à l'âge de 39 ans. De l'avant, aussi. Raheem Sterling a trompé son ancienne équipe puis Cole Palmer, Mancunien de naissance, a ajouté un peu de drama au match en égalisant sur penalty dans le temps additionnel contre son club formateur.

Consultant pour Sky Sports, Jamie Carragher a pris le contre-pied des éloges adressées à Chelsea. L'ancien défenseur de Liverpool voit dans ce résultat une nouvelle preuve de la puissance de Manchester City : "Je ne pense pas que City a évolué à son meilleur niveau. Chelsea a été fantastique, mais le match s'est quand même terminé sur un score de 4-4. Cela montre le fossé qui sépare les deux équipes."

S'il a concédé des erreurs qui ont engendré un tel déchaînement sur le terrain, Guardiola a expliqué ce résultat par le niveau et les progrès adverses : "Si les gens s'attendent à ce que nous venions gagner 7-0 ici, ils se trompent. Chelsea entre dans une nouvelle ère. Ils ont une équipe de grande qualité. (...) Ils ont le physique, le talent, la vitesse, le banc... Ils construisent pour les prochaines années."

Emmenés par Erling Haaland, auteur d'un doublé, ses joueurs pensaient tenir le bon bout lorsque Rodri a redonné par deux fois l'avantage à City en fin de match. Puis Ruben Dias concéda un penalty sur Armando Broja à la 90e+2... "Huit minutes de temps additionnel, c'est beaucoup de temps, pestait Guardiola. A 2-3, nous avons eu des moments forts. Derrière, nous avons pris de bonnes décisions pour eux et de mauvaises pour nous. Je pense que c'est un résultat juste."

"Ça aurait pu être mieux, ça aurait pu être pire. C'est une bonne publicité pour la Premier League", a relativisé l'entraîneur de Manchester City, rejoint par son homologue : "C'est pourquoi nous disons tous que la Premier League est le meilleur championnat du monde." Un championnat où, en 90 minutes, deux équipes, l'une mal inspirée et l'autre encore en rodage, nous ont offerts autant de buts que le multiplex de Ligue 1 du jour et ses quatre affiches.