Après France-Suède : Hugo Lloris, l'erreur qui ne doit pas faire débat
ParCyril Morin
Publié 10/06/2017 à 19:21 GMT+2
QUALIFICATIONS MONDIAL 2018 - "Responsable" de la défaite en Suède selon ses propres dires, Hugo Lloris a vécu une 89e cape cauchemardesque. De quoi remettre en cause son statut avec les Bleus ? C’est oublier beaucoup trop vite son apport à cette équipe de France.
Il est toujours plus facile de frapper un homme à terre. Les réseaux sociaux l’ont bien compris. Et les amateurs de bons mots ne s’embarrassent pas de nuances, surtout en 140 signes, pour asséner leurs avis, souvent définitifs, comme des coups de pied sur une personne sans défense. Ce samedi, la victime s’appelait Hugo Lloris.
Pas la peine de montrer ou nommer certains propos. Un petit tour sur Twitter ou même, dans vos commentaires, suffit pour transformer le capitaine des Bleus en pire gardien de l’histoire. Ou presque. Sa boulette monumentale mérite bien les adjectifs les plus péjoratifs. Sa carrière, en revanche, se situe plus dans le registre laudatif.
Services rendus à la nation
Oui, il s’agit bien de la pire action d’Hugo Lloris en carrière internationale. Celle qui a le plus de conséquences directes sur le destin des Bleus. Jusqu’ici, les incriminations en équipe de France du gardien formé à Nice se comptaient sur les doigts d’une main. Ce fameux penalty discutable face à la Serbie en 2009 sanctionné d’un carton rouge. Ces deux buts casquette face à la Biélorussie au sortir d’une gastro. Et après ? Pas grand-chose si ce n’est quelques sorties aériennes ratées et une finale de l'Euro où, touché à la jambe, il n'a pu allé chercher la frappe d'Eder.
En 89 capes, le capitaine des Bleus n’a jamais fait défaut aux Bleus. C’est même tout l’inverse. La main de Thierry Henry aurait pu ne servir à rien en 2010 si Lloris n’avait pas enfilé sa cape de Superman à plusieurs reprises face aux Irlandais. Et que dire de son brillant Euro 2016. Évidemment, ses succès sont plus discrets que ses boulettes. C’est le lot de tout gardien de but.
Après la bévue, le capitaine du Titanic France ne s’est pas défaussé. Simple, précis, il a assumé sa faute sans fioriture : "Le match se dirigeait vers (un match nul), malheureusement, il y a eu un coup du sort dans les dernières secondes. J'en suis le responsable et j'assume pleinement cette erreur". Des paroles censées, à l’image du bonhomme.
Quelle place dans la hiérarchie mondiale ?
Évidemment, tous ses coéquipiers ont volé à son secours. Et c’est finalement le plus jeune d’entre eux, Kylian Mbappé qui a eu les mots les plus justes : "Je pense que c’est quelqu’un qui a rendu d’énormes services à la sélection. Faire 89 sélections dans une sélection comme la France, ce n’est pas anodin donc on ne va pas l’accabler".
Ce n’est pas anodin, c’est sûr. Au final, le procès intenté à Lloris est le même depuis plusieurs années et ce but casquette n’y change rien. Après le passage mythique de Fabien Barthez dans le but bleu, on attend d’un gardien de but qu’il ait une personnalité différente, marquée, affirmée. Souvent, on considère celle-ci à l’aune des déclarations derrière les micros et non dans le vestiaire. Hors, si Lloris est resté capitaine sous Laurent Blanc et Didier Deschamps, c’est aussi parce que sa personnalité n’était pas si lisse qu’on aime à le laisser penser.
Enfin, c’est sa place dans la hiérarchie mondiale qui est souvent discutée. Après tout, il n’est "que" le gardien de Tottenham. Disons-le de suite, Lloris n’est pas le meilleur gardien au monde. Cela serait faire injure aux monstres sacrés que sont Manuel Neuer ou Gianluigi Buffon. En revanche, c’est bien l’un des tous meilleurs à son poste. Il n’est peut-être pas aussi spectaculaire que David de Gea, aussi félin que Keylor Navas ou aérien que Petr Cech. En revanche, il est bien l’un des plus réguliers et des plus décisifs. C’est là la force des grands gardiens. Hugo Lloris en est un. Même après son geste malheureux.
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