L’antisèche de France-Luxembourg (0-0) : Frustrant, beaucoup trop récurrent et presque inquiétant

Cela aurait dû se terminer en festin offensif. C’était finalement un régime au pain sec. La troupe de Didier Deschamps a eu la main sur ce match, une possession monstre (75% à 25), des occasions à la pelle (34 tirs) mais n’a pas réussi à marquer ou au moins à cadrer (9 frappes cadrées). La faute aussi à la défense héroïque d’une équipe luxembourgeoise bien organisée et cohérente qui a souvent réussi à se mettre sur la trajectoire des frappes françaises.

Séduisante en première mi-temps, la France a perdu le fil en deuxième, s’obstinant à répéter des séquences de jeu inefficaces, à l'image de ces nombreux centres qui n’ont jamais trouvé preneur. Au final, ce sont des Bleus sans idée (et sans recours ?) qui ont fini le match, comme lassés par leur manque de réussite. Décevant et presque inquiétant.

Difficile de sortir des individualités d'un collectif qui a manqué de rigueur. Malgré tout, N'Golo Kanté est toujours aussi irréprochable à la récupération et Kylian Mbappé, grâce à ses géniales inspirations, a eu le mérité d'ouvrir des brèches béantes avant la pause. Pour le reste, les Bleus ont joué à l'envers à l'image d'un Paul Pogba qui a raté tout ce qu'il a entrepris.

A deux reprises, Antoine Griezmann aurait dû plier la rencontre mais ses plats du pied se sont envolés dans le ciel toulousain rejoignant les centres d'un Layvin Kurzawa complètement déréglé. Le latéral parisien n'a jamais trouvé la cible et gâché un nombre incalculable de munitions. En pointe, Olivier Giroud a erré comme une âme en peine. Si les Bleus se sont faits quelques frayeurs, Laurent Koscielny, d'une fébrilité inhabituelle, n'est pas exempt de tout reproche.

Côté luxembourgeois, le portier Joubert a signé le match de sa carrière en réussissant au moins quatre parades décisives. La rentrée de Gerson Rodrigues a apporté de la vitesse et de la percussion. Et, au milieu, Vincent Thill a orienté le jeu intelligemment.

Comme le ratio de centres réussis et tentés par le trio Kurzawa-Lemar-Sidibé. Avec, en prime, un joli 0/17 pour le latéral gauche parisien. Cela n’explique pas tout, bien sûr, mais pourquoi s’entêter dans un secteur inefficace ?

C’est un problème qui commence à devenir gênant : ces Bleus manquent de continuité. Tout ce que déteste Didier Deschamps. La troupe de DD souffle le chaud (victoires enthousiasmantes contre l’Angleterre ou les Pays-Bas) et le froid (nuls contre la Biélorussie et le Luxembourg, défaite en Suède). Pas vraiment rassurant pour un prétendu favori au sacre en Russie.

Pogba et consorts n’ont pas été mauvais mais ont perdu, en l’espace de trois jours, tous leurs attributs flamboyants. Face à des équipes plus regroupées, les Bleus n’ont pas vraiment progressé. Et quand les choses tournent mal, le plan de jeu de Didier Deschamps semble limité pour trouver les réponses. Alors, quand le coaching n’apporte pas l’effet escompté, la déception est de taille.

A l’heure où certaines nations européennes semblent avancer dans le bon sens, à l’image d’une Espagne à la partition collective parfaite samedi, les Bleus tâtonnent, ronronnent comme ce dimanche et tardent à trouver la meilleure formule. Tout n’est pas catastrophique, loin de là, mais cette équipe est encore loin du Graal mondial. Cet improbable nul est une bonne piqûre de rappel.